CHAPITRE XXX. LE DÉSERT, LES PALMIERS, LES DOUZE SOURCES, LE SERPENT D'AIRAIN, L'AGNEAU PASCAL, LA LOI DONNÉE A MOÏSE. AVEUGLEMENT DE FAUSTE.
Le peuple est conduit à travers le désert ; tous les baptisés qui ne jouissent pas encore de la terre promise, mais qui espèrent et attendent par la patience ce qu'ils ne voient pas[^3], sont comme dans le désert. Et là, il y a de pénibles et dangereuses tentations à soutenir, pour ne pas retourner de coeur en Egypte. Cependant le Christ n'abandonne pas; car la colonne ne s'éloigne point[^4]. Le bois adoucit l'amertume des eaux; car les peuples ennemis perdent leur férocité en honorant le signe de la croix du Christ. Les douze sources, qui arrosent les soixante-dix palmiers[^5], figurent d'avance la grâce apostolique qui arrose les peuples, au nombre de sept multiplié par dix, parce que le décalogue de la loi est observé au moyen des sept dons du Saint-Esprit. L'ennemi qui essaie de barrer le passage, est vaincu par les mains de Moïse, étendues pour figurer la croix du Seigneur[^6]. Les morsures mortelles des serpents sont guéries par le simple aspect d'un serpent d'airain qu'on élève; le Seigneur en a expliqué lui-même le sens en disant : « Comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l'homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle[^1] ». Tout cela ne crie-t-il pas? Les coeurs endurcis sont-ils tellement sourds? La pâque consiste dans l'immolation d'un agneau; le Christ est mis à mort et l'Évangile dit de lui : « Voici l'agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde[^2] ». Il est défendu à ceux qui font la pâque de briser les os; on ne brise pas les os du Seigneur attaché à la croix. L'Evangéliste atteste que c'est pour cela qu'il a été dit: «Vous n'en briserez aucun os[^7] ». On arrose de sang les montants des portes, pour éloigner le fléau : les peuples sont marqués au front du signe de la croix du Seigneur, pour être assurés de leur salut. La loi est donnée le cinquantième jour après la célébration de la pâque; l'Esprit-Saint est descendu cinquante jours après la passion du Seigneur[^8]. Là, la loi est dite avoir été écrite du doigt de Dieu[^9]; ici le Seigneur dit de l'Esprit-Saint : « C'est par le doigt de Dieu que je chasse les démons[^10]». Et Fauste crie, les yeux fermés, qu'il n'a rien trouvé dans ces livres qui ait rapport au Christ ! Niais quoi d'étonnant, qu'il ait des yeux pour lire et n'ait pas l'intelligence pour comprendre, lui qui, placé devant la porte fermée du mystère divin, frappe avec l'orgueil de l'impiété, et non avec la foi de la piété ? Ainsi soit donc, ainsi soit-il : car cela est juste. Que la porte du salut soit fermée aux orgueilleux; que vienne l'homme doux de coeur, celui à qui le Seigneur enseigne ses voies[^11], et qu'il voie cela dans ces livres, et tout le reste encore, ou en totalité, ou en des parties qui lui donnent l'idée de tout.
-
Rom. VIII, 25.
-
Num. XIV, 14.
-
Ex. XV, 23-27.
-
Id. XVII.
-
Num. XXI, 9 ; Jean, III, 14.
-
Jean, I, 29.
-
Ex. XII, 46 ; Jean, XIX, 36.
-
Act. II, 1-4.
-
Ex. XXXI, 18.
-
Luc, XI, 20.
-
Ps.