IV.
Au sujet du libre arbitre, voulez-vous entendre le Seigneur lui-même ? Rappelez-vous la parabole des deux arbres, telle que vous l'avez citée vous-même. Voici les paroles du Sauveur : « Ou rendez bons l'arbre et son fruit, ou rendez mauvais l'arbre et son fruit[^1] ». Par ces mots : ou faites ceci, ou faites cela, le Sauveur parle de la puissance d'agir et non de la possibilité de créer une nature. En effet, Dieu seul peut faire un arbre; tandis que chaque homme a le pouvoir, par sa volonté, de choisir le bien et de devenir un arbre bon; ou de choisir le mal et de devenir un arbre mauvais. Je n'entends pas par là que le mal que l'on choisit soit en lui-même une substance; je rappelle seulement que Dieu a établi différents degrés dans les choses créées, et les a distinguées par genres; ainsi nous avons les choses célestes et terrestres, les choses immortelles et mortelles ; et dans son genre chaque chose est bien. Quant à l'âme douée du libre arbitre, en lui conservant son infériorité à l'égard du Créateur, il l'a placée au-dessus de toutes les autres substances créées, de manière que si elle obéit à son supérieur,elle règne sur tout ce qui est au-dessous d'elle; tandis que si elle offense son supérieur, les choses mêmes qui devaient lui être soumises se tournent contre elle pour la punir. Par ces paroles : ou faites ceci ou faites cela, le Sauveur indique clairement que, quoi que l'homme fasse, Dieu en lui-même ne peut en recevoir aucune atteinte, tandis que si les hommes choisissent le bien, ils en recevront la récompense; et s'ils choisissent le mal, ils en subiront le châtiment. Mais dans ces récompenses et dans ces châtiments, Dieu reste toujours la Justice même.
- Matt. XII, 33.