V.
Ne lisons-nous pas dans l'épître aux Ephésiens : « C'est pourquoi vous souvenant qu'étant gentils par votre origine, et du nombre de ceux qu'on appelle incirconcis, pour les distinguer de ceux qu'on appelle circoncis selon la chair, à cause d'une circoncision faite par la main des hommes, vous n'aviez point alors de part en Jésus-Christ, vous étiez et entièrement séparés de la société d'Israël, vous étiez étrangers à l'égard des alliances divines, vous n'aviez pas l'espérance des biens promis, et vous étiez sans Dieu en ce monde. Mais maintenant que vous êtes en Jésus-Christ, vous qui étiez autrefois éloignés a de Dieu, vous êtes devenus proches de lui par le sang de Jésus-Christ. Car c'est lui qui est notre paix; c'est lui qui des deux peuples n'en a fait qu'un ; c'est lui qui a détruit en sa chair le mur de séparation, cette inimitié qui les divisait. C'est lui qui, par sa doctrine, a aboli la loi de Moïse chargée de tant de préceptes, afin de former en lui-même, de ces deux peuples, un seul homme nouveau, en mettant la paix entre eux. Il a ainsi réuni ces deux peuples en un seul corps, afin de les réconcilier avec Dieu par sa croix, après avoir détruit en lui-même leur mutuelle inimitié. Etant donc venu, il a annoncé la paix tant à vous qui étiez éloignés de Dieu, qu'à ceux qui en étaient proches. Car c'est par lui que, les uns et les autres, nous avons accès auprès du Père, dans un même esprit. Vous n'êtes donc plus des étrangers hors de leur pays et de leur maison ; mais vous êtes citoyens de la même Cité que les saints, et vous appartenez à la maison de Dieu. Car vous êtes édifiés sur le fondement des Apôtres et des Prophètes, et unis en Jésus-Christ qui est la pierre principale de l'angle1 ». Que ce blasphémateur nous explique donc comment l'Apôtre a pu dire que les Israélites étaient proches de Dieu, tandis que les Gentils en étaient éloignés, quoique le démon servi par les Juifs eût été plus pervers que les démons. auxquels les Gentils prodiguaient leurs adorations. Comment peut-il affirmer que les Gentils étaient exclus de la société judaïque et étrangers aux alliances et aux promesses divines; qu'ils étaient sans espérance et sans Dieu dans ce monde, si Israël lui-même n'était pas le peuple de Dieu? Se peut-il que Paul, cet oracle éclatant de la vérité divine, trouve un injurieux contradicteur dans cet insensé qui pousse la témérité jusqu'à dire que l'Apôtre ne spécifie les cinq classes d'auditeurs auxquels il s'adresse, que pour mieux tromper les uns et les autres, en se faisant passer pour ce qu'il n'est pas? Comment donc ne voit-il pas que c'est le même Dieu, la même loi, les mêmes Prophètes, les mêmes Testaments qu'il prêche à ces Gentils, dont il dit qu'ils étaient éloignés du Dieu d'Israël? Quel est celui qui le premier a parlé de la pierre angulaire? N'est-ce pas un Prophète tout rempli de l'Esprit de Dieu, et que notre adversaire maudit comme la peste ? Voici les paroles d'Isaïe : « Je place en Sion la pierre angulaire, choisie, précieuse ; celui qui croira en elle ne sera pas confondu2 ». Ce passage a été cité de nouveau par l'Apôtre saint Pierre3. Plus haut encore, dans un psaume qui assurément faisait partie des livres sacrés de l'ancien peuple, nous lisons : « La pierre qu'ils ont rejetée de leurs constructions, est devenue la pierre angulaire4 ». C'est donc après s'être inspiré de cette doctrine, que Paul a pu dire de Jésus-Christ qu'il est la pierre principale, angulaire ». Le Sauveur, pour convaincre les Juifs d'aveuglement et pour les confondre, leur disait : « N'avez-vous pas lu dans l'Ecriture que la pierre qu'ils ont rejetée de leurs constructions est devenue la pierre angulaire ; c'est là l'oeuvre de Dieu, et elle frappe nos yeux d'admiration5». Si maintenant nous en croyons les blasphèmes de notre adversaire, Jésus-Christ et les Apôtres, quand ils citaient ces passages de la loi et des Prophètes, usaient évidemment de mensonges, puisque les Juifs, à raison de leur faiblesse, étaient réellement incapables de percevoir ces sublimes enseignements. Ainsi donc, dans son profond aveuglement il ne voit aucune différence entre nourrir des enfants et tromper les hommes crédules, entre nourrir pour développer la vie, et agir pour donner la mort. Sa haine contre le Dieu de la loi et des Prophètes, va jusqu'au point de soutenir que quand les Apôtres prêchaient aux croyants ce Dieu de la loi et des Prophètes, et affirmaient l'autorité des Ecritures anciennes, ce n'était pas du lait qu'ils donnaient à boire aux petits, mais un véritable poison. Avoir une telle idée de ces Ecritures, c'est faire preuve de folie, de vanité et d'un orgueil insensé.