XXXIII.
Que notre adversaire nous dise dans laquelle des cinq catégories de personnes dont il a parlé, on doit ranger l'Apôtre pour avoir ainsi prodigué ses éloges à Abraham?
Le mettra-t-on avec ceux qui étaient sans loi, et au milieu desquels il a dû se poser comme étant lui-même sans loi; mais ces hommes ne connaissaient pas Abraham. II aurait dû leur faire plutôt le panégyrique de quelque grand personnage grec ou romain, ou de quelque philosophe; quant à Abraham, le père d'une nation étrangère, ses moeurs, ses rites, sa postérité étaient pour eux quelque chose d'entièrement inconnu. Le placer, avec les Juifs, soutenir qu'il s'est fait juif comme ceux qui étaient sous la lori, est-ce possible, quand on lui entend dire que ce n'est pas par la loi qu'ils sont les héritiers de Dieu; que la loi produit la colère; que la loi a été établie pour juger le nombre des prévarications? Des hommes qui mettaient toute leur gloire dans la loi, pouvaient-ils entendre sans frémir un semblable langage? Dira-t-on que l'Apôtre se faisait faible pour parler aux faibles, et pour mieux les tromper en semblant ne leur donner que le lait de la doctrine? Mais alors, pourquoi troubler le repos dont ils jouissaient an sein des ombres anciennes? pourquoi leur dire : « Moi, Paul, je vous déclare que si vous recevez la circoncision, Jésus-Christ ne sera pour vous d'aucun avantage1 ? » Dira-t-on qu'il appartenait à la cinquième catégorie, à celle des parfaits auxquels il enseignait la sagesse, et qui étaient les seuls qu'il s'abstenait de tromper? Mais alors, comment notre adversaire ose-t-il encore se délivrer le brevet de perfection, quand il blasphème Abraham, comblé des plus grands éloges par l'Apôtre, surtout à l'occasion de ses deux fils, celui de la servante et celui de la femme libre? S'il s'indigne devant l'Ancien Testament avec Ismaël, qu'il accorde donc toutes ses complaisances au Nouveau Testament avec Isaac.
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Gal. V, 2. ↩