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De la trinité
CHAPITRE VIII.
PASSAGES DE L’ÉCRITURE RELATIFS A L’INFÉRIORITÉ DU FILS.
- Il est vrai que l’Apôtre dit dans sa première épître aux Corinthiens, que « lorsque toutes choses auront été assujetties au Fils, alors le Fils sera lui-même assujetti à Celui qui lui aura assujetti toutes choses (I Cor., XV, 28 ) ». Mais ces paroles signifient seulement , qu’alors même l’humanité que le Fils de Dieu a prise en se faisant homme, ne sera point absorbée par la divinité, ou, pour parler plus exactement, par l’Etre divin. Car cet Etre n’est point créature, et il n’est autre que la Trinité, une en nature, incorporelle et immuable, et dont les personnes sont entre elles consubstantielles et coéternelles. Voulez-vous même, avec quelques-uns, interpréter ces paroles : « Et le Fils sera lui-même assujetti à Celui qui lui aura assujetti toutes choses », dans le sens que cet assujettissement s’opérera par le changement et la transformation de la nature humaine en la nature et l’essence divine, en sorte que l’homme disparaîtra en Jésus-Christ, et qu’il ne restera plus que le Dieu? du moins, vous ne pouvez pas ne point accepter ce fait irrécusable, a savoir que cette transformation n’avait point eu lieu quand Jésus-Christ disait : « Mon Père est plus grand que moi ». Car il a prononcé cette parole bien avant son Ascension, et même avant sa mort et sa résurrection.
D’autres au contraire croient qu’un jour cette transformation de la nature humaine en la nature divine aura lieu, et ils expliquent ces mots : « Alors le Fils sera lui-même assujetti à Celui qui lui aura assujetti toutes « choses » , comme si l’Apôtre disait qu’au jour du jugement général, et après qu’il aura remis son royaume entre les mains de son Père, le Verbe de Dieu lui-même et la nature humaine qu’il a prise, seront perdus et abîmés en l’essence de Dieu le Père, qui a soumis toutes choses à son Fils. Mais ici encore, et même dans cette seconde hypothèse, le Fils est inférieur au Père, en tant qu’il a pris dans le sein d’une Vierge la forme d’esclave. Enfin se présente un troisième ordre d’adversaires. Ils affirment qu’en Jésus-Christ l’humanité a été dès le principe absorbée par la divinité: et toutefois ils ne peuvent nier que l’homme subsistait encore dans le Christ, lorsqu’il disait avant sa passion : « Le Père est plus grand que moi ». Il est donc véritablement impossible de ne pas interpréter cette parole dans ce sens que le Fils de Dieu, égal à son Père comme Dieu, lui est inférieur comme homme.
Il est vrai que l’Apôtre en disant « que tout est assujetti au Fils », excepte manifestement « Celui qui lui a assujetti toutes choses ». Mais ce serait une erreur d’en conclure que le Père seul doit agir en cette circonstance, et que le Fils n’a point concouru à s’assujettir toutes choses. Au reste saint Paul explique lui-même sa pensée dans ce passage de l’épître aux Philippiens : « Nous vivons déjà dans le ciel; et c’est de là aussi que nous attendons le Sauveur, Notre Seigneur Jésus-Christ, qui changera notre corps misérable en le rendant conforme à son corps glorieux par cette vertu efficace qui peut lui assujettir toutes choses ( Philipp., III, 20, 21 ) ». Le Père et le Fils agissent donc inséparablement : toutefois ce n’est pas le Père qui s’assujettit toutes choses, mais c’est le Fils qui lui soumet toutes choses, qui lui remet son royaume, et qui anéantit tout empire, toute domination et toute puissance. C’est en effet (354) au Fils seul que se rapportent ces paroles de l’Apôtre: « Lorsqu’il aura remis son royaume à Dieu son Père, et qu’il aura anéanti tout empire, toute domination et toute puissance ( Cor., XV, 24.) ». Le Fils soumet donc toutes choses à son Père dès là qu’il anéantit tout empire et toute puissance.
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Cependant il ne faut pas croire que le Fils s’ôte à lui-même son royaume parce qu’il le remet à son Père. Car quelques-uns ont poussé jusqu’à ce point l’aberration du langage. Il n’en est rien, et en remettant le royaume à Dieu le Père, Jésus-Christ n’abdique point sa royauté, puisqu’il est avec le Père un seul et même Dieu. Mais ce qui trompe ici ces esprits qui n’étudient que légèrement nos saintes Ecritures, et qui se passionnent pour de vaines disputes, est la conjonction jusqu’à ce que. L’Apôtre dit en effet : « Il faut que le Christ règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds (Ibid., XV, 25 ) ». Et de là nos adversaires concluent qu’alors il ne règnera plus. Ils ne comprennent donc point qu’on doit attacher ici au mot jusqu’à ce que le même sens que dans ce verset du psaume cent onzième : « Son coeur est affermi, et il ne se troublera point jusqu’à ce qu’il voie la ruine de ses ennemis (Ps., CXI, 8 ) »; c’est-à-dire qu’il ne sera plus sujet au trouble ni à la crainte, parce qu’il aura vu la ruine de ses ennemis. Eh quoi! encore cette parole: « Lorsque le Christ aura remis le royaume à Dieu le Père », signifie-t-elle que jusqu’à ce moment Dieu le Père n’aura point régné? Non sans doute : mais Jésus-Christ, qui est vrai Dieu et vrai homme, qui s’est fait médiateur entre Dieu et les hommes, et qui règne aujourd’hui par la foi sur les justes, les introduira alors dans cette vision intuitive, que l’Apôtre appelle « une vision face à face (I Cor., XIII, 12 ) ». C’est pourquoi cette parole : « Lorsque le Christ aura remis le royaume à Dieu le Père », doit être entendue dans ce sens : lorsque le Christ aura conduit les vrais croyants à la vision claire et parfaite de Dieu le Père. Il a dit en effet lui-même: « Toutes choses m’ont été données par mon Père; et nul ne connaît le Fils, si ce n’est le Père ; et nul ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le révéler ( Matt., XI, 27) ». C’est donc alors que le Fils révélera pleinement le Père aux yeux des élus, parce qu’il détruira tout empire, toute domination et toute puissance. Mais il opérera lui-même cette destruction, et il n’y emploiera point le secours des esprits célestes, les trônes, les vertus et les principautés. Aussi peut-on appliquer au juste sur la terre ce passage du Cantique des cantiques où l’Epoux dit à l’épouse: « Je te donnerai un miroir d’or entrelacé d’argent, tandis que le Roi repose sur sa couche ( Cant., I, 11 ) ». Or, ce roi est le Christ dont la vie est cachée en Dieu, selon cette parole de l’Apôtre : « Votre vie est cachée en Dieu avec Jésus-Christ; et lorsque Jésus-Christ, qui est votre vie, paraîtra, vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire ( Coloss., III, 4 ) ». Mais en attendant cet heureux jour, « nous ne voyons Dieu que comme dans un miroir et sous des images « obscures, mais alors nous le verrons face à face ( Cor., XIII, 12 )».
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C’est cette vision intuitive qui nous est montrée comme le but de toutes nos actions
et la perfection de notre bonheur. Car « nous sommes les enfants de Dieu, mais ce que nous serons un jour ne paraît pas encore. Nous savons seulement que, quand il viendra dans sa gloire, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est ( Exod., III, 14 ) ». Le Seigneur disait autrefois à Moïse, son serviteur : « Je suis celui qui est, et vous direz aux enfants d’Israël: Celui qui est m’a envoyé vers vous ( Exod., III, 14 ) ». Eh bien la contemplation de cet Etre suprême est réservée pour l’éternité. Le Sauveur dit en effet: « La vie éternelle, ô mon Père, est de vous connaître, vous le seul Dieu véritable, et Jésus-Christ que vous avez envoyé ( Jean XVII, 3 )». Or ce mystère ne nous sera pleinement révélé, que « lorsque le Seigneur viendra, et qu’il éclairera ce qui est caché dans les ténèbres (I Co., IV, 5) ». Car alors nous dépouillerons, pour ne plus les reprendre, les grossières enveloppes de la corruption et de la mortalité; et nous verrons luire cette aurore céleste dont le psalmiste a dit: « Dès l’aurore je me présenterai devant vous, et je vous contemplerai ( Ps., V, 5) » Je rapporte donc à cette ineffable contemplation ces paroles de l’Apôtre : « Lorsque le Fils aura remis son royaume à Dieu le Père » , c’est-à-dire, lorsque Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme, et médiateur entre Dieu et les hommes, aura conduit à la vision ( 355) claire et parfaite de Dieu le Père, les justes en qui il vit aujourd’hui par la foi.
Si je me trompe dans cette interprétation, j’en accepte d’avance une plus heureuse. Mais pour le moment je n’en vois pas d’autre. Eh! que pourrons-nous chercher encore, quand nous aurons été admis à la contemplation de l’essence divine ? Sur la terre cette: jouissance nous est refusée, et: toute notre joie est l’espérance d’y parvenir. « Or l’espérance qui verrait, ne serait plus de l’espérance, car comment espérer ce qu’on voit déjà? Nous espérons donc ce que nous ne voyons, pas encore, et nous l’attendons par la patience, tandis que le Roi repose. sur sa couche ». Car alors se vérifiera pour nous. cette parole du psalmiste: « La vue de votre visage me remplira de joie ( Rom., VIII, 24, 25, ; Cant., I, 11 ; Ps., XV, 11). Mais cette joie sera si abondante qu’elle rassasiera tous nos désirs, et que nous ne saurions rien demander de plus. Et en effet, nous verrons Dieu le Père; et cela ne nous suffira-t-il pas? L’apôtre Philippe le comprenait bien quand il disait à Jésus-Christ : « Montrez-nous le Père, et cela nous suffira ». Toutefois il n’en avait pas une intelligence pleine et parfaite, car il eût pu dire également: Seigneur, montrez-vous à nous, et cela nous suffira. C’est ce que le Sauveur se proposa de lui faire entendre par cette réponse: « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas? Philippe, celui qui me voit, voit aussi mon Père». Mais parce que Jésus-Christ voulait qu’avant d’obtenir la vision intuitive du Père, cet apôtre vécût d’une vie de foi, il ajouta: « Ne croyez-vous pas que je suis en mon Père, et que mon Père est en moi? (Jean, XIV, 9,10 )»
Et en effet, « pendant que nous habitons dans ce corps, nous marchons hors du Seigneur, car nous n’allons à lui que par la foi, et « nous ne le voyons pas encore à découvert ( II Cor., V, 6, 7 )». Or la vision intuitive. sera la récompense de notre foi; et c’est cette foi qui purifie nos coeurs, selon cette parole du livre des Actes: « Le Seigneur purifie les coeurs par la foi (Act., XV, 9 ) ». Une autre preuve de cette vérité, et preuve bien convaincante , est la sixième béatitude qui est ainsi conçue: « Bienheureux ceux qui ont le coeur pur, parce qu’ils verront Dieu ( Matt., V, 8 ) ». D’un autre côté le Psalmiste nous rappelle que cette jouissance de la vision intuitive est réservée pour l’éternité, quand il met ces paroles dans la bouche de Dieu: « Je le rassasierai de la longueur du jour, et je lui ferai voir le Sauveur que j’ai promis (Ps., XC, 16) ». Il est donc indifférent de dire: montrez-nous le Fils, ou montrez-nous le Père; car l’un ne peut être vu sans l’autre, puisqu’ils sont un, selon cette parole de Jésus-Christ : « Le Père et moi nous sommes un ( Jean, X, 30) ». -C’est à cause de cette inviolable unité que souvent nous nommons le Père seuil, ou le Fils seul, comme devant nous remplir de joie par la vue de son visage.
- Mais ici encore on ne sépare point du Père ni du Fils l’Esprit-Saint, qui est l’Esprit de l’un et de l’autre. Il est, en effet, « cet Esprit de vérité que Je monde ne peut recevoir (Jean, XIV, 17 ) ». Ainsi notre joie sera véritablement pleine et parfaite par la vision intuitive de la sainte Trinité, à l’image de laquelle nous avons été formés. Aussi disons-nous quelquefois que le Saint-Esprit seul suffira à notre béatitude ; et cette manière de parler est vraie, parce que l’Esprit-Saint ne peut être séparé du Père ni du Fils. Il en est de même et du Père, parce qu’il est inséparablement uni au Fils et au Saint-Esprit, et du Fils, parce qu’il est inséparablement uni au Père et au Saint-Esprit. C’est ce qu’exprime formellement ce passage de l’Evangile: « Si vous m’aimez, dit Jésus-Christ, gardez mes commandements, et je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Consolateur, pour qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir » : c’est-à-dire ceux qui aiment le monde, car « l’homme animal ne perçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu (Jean, XIV, 15, 17 ; I Cor., II, 14) ».
Peut-être aussi voudrez-vous expliquer cette parole : « Je prierai mon Père, et il vous enverra un autre Consolateur », dans ce sens que le Fils seul ne suffit pas à notre bonheur éternel? Eh bien! voici un passage où le dogme contraire est expressément énoncé. « Lorsque l’Esprit de vérité, dit Jésus-Christ, sera venu, il vous enseignera toute vérité (Jean, VI, 13 ) ». Est-ce qu’ici le Fils est séparé de L’Esprit-Saint, comme s’il ne pouvait lui-même enseigner toute vérité, et comme si l’Esprit-Saint devait suppléer à l’imperfection de son enseignement? Ajoutez donc, si cela vous plaît, que l’Esprit-Saint est plus grand que le Fils, (356) quoique plus communément vous disiez qu’il lui est inférieur. Est-ce encore parce que le texte évangélique ne dit -pas : lui seul, ou nul autre que lui ne vous enseignera toute vérité, que vous nous permettez du moins de croire que le Fils enseigne conjointement avec l’Esprit-Saint? Mais l’Apôtre a donc exclu le Fils de la science des choses de Dieu, quand il a dit:
« Personne ne connaît ce qui est en Dieu, « sinon l’Esprit de Dieu ( I Cor., II, 11 )? » Ainsi ces hommes pervers pourront conclure de ce passage que l’Esprit-Saint révèle au Fils lui-même les choses de Dieu, et qu’il l’en instruit comme un supérieur instruit son inférieur. Et cependant le Fils n’accorde à l’Esprit que d’annoncer ce qu’il aura reçu de lui. « Parce que je vous ai parlé de la sorte, dit Jésus-Christ à ses apôtres, votre coeur est rempli de tristesse. Mais je vous dis la vérité : il vous est bon que je m’en aille, car si je ne m’en vais point, le Consolateur ne viendra point à vous ( Jean, XVI, 6, 7) ».
Edition
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De Trinitate
VIII.
[VIII 15] Illud autem quod ait idem apostolus: Cum autem ei omnia subiecta fuerint, tunc et ipse filius subiectus erit ei qui illi subiecit omnia, aut ideo dictum est ne quisquam putaret habitum Christi, qui ex humana creatura susceptus est, conversum iri postea in ipsam divinitatem vel, ut certius expresserim, deitatem, quae non est creatura sed est unitas trinitatis incorporea et incommutabilis, et sibimet consubstantialis et coaeterna natura. Aut si quisquam contendit, ut aliqui senserunt, ita dictum: Et ipse filius subiectus erit ei qui illi subiecit omnia, ut ipsam subiectionem, commutationem et conversionem credat futuram creaturae in ipsam substantiam vel essentiam creatoris, id est ut quae fuerat substantia creaturae fiat substantia creatoris, certe vel hoc concedit quod non habet ullam dubitationem nondum hoc fuisse factum cum dominus diceret: Pater maior me est. Dixit enim hoc non solum antequam ascendisset in caelum, verum etiam antequam passus resurrexisset a mortuis. Illi autem qui putant humanam in eo naturam in deitatis substantiam mutari atque converti, et ita dictum: Tunc et ipse filius subiectus erit ei qui illi subiecit omnia, ac si diceretur: ‚Tunc et ipse filius hominis et a verbo dei suscepta humana natura commutabitur in eius naturam qui ei subiecit omnia,‘ tunc futurum putant cum post diem iudicii tradiderit regnum deo et patri. Ac per hoc etiam secundum istam opinionem adhuc pater maior est quam servi forma quae de virgine accepta est. Quod si et aliqui hoc affirmant, quod iam fuerit in dei substantiam mutatus homo Christus Iesus, illud certe negare non possunt quod adhuc natura hominis manebat quando ante passionem dicebat: Quoniam pater maior me est. Unde nulla cunctatio est secundum hoc esse dictum quod forma servi maior est pater, cui in forma dei aequalis est filius.
Nec quisquam cum audierit quod ait apostolus: Cum autem dixerit quia omnia subiecta sunt, manifestum quia praeter eum qui subiecit illi omnia, ita existimet de patre intellegendum quod subiecerit omnia filio ut ipsum filium sibi omnia subiecisse non putet. {Quod apostolus ad Philippenses ostendit dicens: Nostra autem conversatio in caelis est; unde et salvatorem exspectamus dominum Iesum Christum, qui transfiguravit corpus humilitatis nostrae conforme ut fiat corpori gloriae suae, secundum operationem suam qua possit etiam sibi subicere omnia.} Inseparabilis enim est operatio patris et filii. Aioquin nec ipse pater sibi subiecit omnia, sed filius ei subiecit qui ei regnum tradidit et evacuat omnem principatum et omnem potestatem et virtutem. De filio quippe ista dicta sunt: Cum tradiderit, inquit, regnum deo et patri, cum evacuaverit omnem principatum et omnem potestatem et virtutem. Ipse enim subiecit qui evacuat.
[16] Nec sic arbitremur Christum traditurum regnum deo et patri ut adimat sibi. Nam et hoc quidam vaniloqui crediderunt. Cum enim dicitur: Tradiderit regnum deo et patri, non separatur ipse quia simul cum patre unus deus est. Sed divinarum scripturarum incuriosos et contentionum studiosos fallit verbum quod positum est, donec. Ita namque sequitur: Oportet enim illum regnare donec ponat omnes inimicos sub pedibus suis, tamquam cum posuerit non sit regnaturus. Nec intellegunt ita dictum sicut est illud: Confirmatum est cor eius; non commovebitur donec videat super inimicos suos. Non enim cum viderit, iam commovebitur.
Quid ergo est: Cum tradiderit regnum deo et patri, quasi modo non habeat regnum deus et pater? Sed quia omnes iustos quibus nunc regnat ex fide viventibus mediator dei et hominum homo Christus Iesus perducturus est ad speciem quam visionem dicit idem apostolus facie ad faciem, ita dictum est: Cum tradiderit regnum deo et patri, ac si diceretur: ‚Cum perduxerit credentes ad contemplationem dei et patris.‘ Sicut enim dicit: Omnia mihi tradita sunt a patre meo; et nemo novit filium nisi pater, neque patrem quis novit nisi filius et cui voluerit filius revelare; tunc revelabitur a filio pater cum evacuaverit omnem principatum et omnem postestatem et virtutem, id est ut necessaria non sit dispensatio similitudinum per angelicos principatus et potestates et virtutes. Ex quarum persona non inconvenienter intellegitur dici in cantico canticorum ad sponsam: Similitudines auri faciemus tibi cum distinctionibus argenti quoadusque rex in recubitu suo est; id est quoadusque Christus in secreto suo est, quia vita nostra abscondita est cum Christo in deo. Cum Christus, inquit, apparuerit vita vestra, tunc et vos cum ipso apparebitis in gloria. Quod antequam fiat, videmus nunc per speculum in aenigmate, hoc est in similitudinibus; tunc autem facie ad faciem.
[17] Haec enim nobis contemplatio promittitur actionum omnium finis atque aeterna perfectio gaudiorum. Filii enim dei sumus, et nondum apparuit quod erimus. Scimus quia cum apparuerit, similes ei erimus quoniam videbimus eum sicuti est. Quod enim dixit famulo suo Moysi: Ergo sum qui sum. Et dices itaque filiis Israhel: Qui est misit me ad vos; hoc contemplabimur cum vivemus in aeternum. Ita quippe ait: Haec est autem vita aeterna ut cognoscant te unum verum deum et quem misisti Iesum Christum. Hoc fiet cum venerit dominus et inluminaverit occulta tenebrarum, cum tenebrae mortalitatis huius corruptionisque transierint. Tunc erit mane nostrum de quo in psalmo dicitur: Mane adstabo tibi et contemplabor. De hac contemplatione intellego dictum: Cum tradiderit regnum deo et patri, id est cum perduxerit iustos quibus nunc ex fide viventibus regnat mediator dei et hominum homo Christus Iesus ad contemplationem dei et patris.
Si desipio hic, corrigat me qui melius sapit; mihi aliud non videtur. Neque enim quaeremus aliud cum ad illius contemplationem pervenerimus, quae nunc non est quamdiu gaudium nostrum in spe est. Spes autem quae videtur non est spes. Quod enim videt quis, quid et sperat? Si autem quod non videmus speramus, per patientiam exspectamus quoadusque rex in recubitu suo est. Tunc erit quod scriptum est: Adimplebis me laetitia cum vultu tuo. Illa laetitia nihil amplius requiretur quia nec erit quod amplius requiratur. Ostendetur enim nobis pater et sufficiet nobis. Quod bene intellexerat Philippus ut diceret: Domine, ostende nobis patrem et sufficit nobis. Sed nondum intellexerat eo quoque modo id ipsum se potuisse dicere: ‚Domine, ostende nobis te et sufficit nobis.‘ Ut enim hoc intellegeret, responsum est ei a domino: Tanto tempore vobiscum sum et non cognovistis me? Philippe, qui me vidit, vidit et patrem. Sed quia volebat eum ex fide vivere antequam illud posset videre, secutus est et ait: Non credis quia ego in patre et pater in me? Quamdiu enim sumus in corpore, peregrinamur a Domino. Per fidem enim ambulamus, non per speciem. Contemplatio quippe merces est fidei, cui mercedi per fidem corda mundantur, sicut scriptum est: Mundans fide corda eorum. Probatur autem quod illi contemplationi corda mundentur illa maxime sententia: Beati mundicordes quoniam ipsi deum videbunt. Et quia haec est vita aeterna, dicit deus in psalmis: Longitudinem dierum replebo eum, et ostendam illi salutare meum. Sive ergo audiamus: ‚Ostende nobis filium,‘ sive audiamus: Ostende nobis patrem, tantundem valet quia neuter sine altero potest ostendi. Unum quippe sunt, sicut ait: Ego et pater unum sumus. Denique propter ipsam inseparabilitatem sufficienter aliquando nominatur vel pater solus vel filius solus adimpleturus nos laetitia cum vultu suo.
[18] Nec inde separatur utriusque spiritus, id est patris et filii spiritus, qui spiritus sanctus proprie dicitur, spiritus veritatis quem hic mundus accipere non potest. Hoc est enim plenum gaudium nostrum quo amplius non est, frui trinitate deo ad cuius imaginem facti sumus. Propter hoc aliquando ita loquitur de spiritu sancto tamquam solus ipse sufficiat ad beatitudinem nostram; et ideo solus sufficit quia separari a patre et filio non potest, sicut pater solus sufficit quia separari a filio et spiritu sancto non potest, et filius ideo sufficit solus quia separari a patre et spiritu sancto non potest. Quid enim sibi vult quod ait: Si diligitis me, mandata mea servate, et ego robabo patrem, et alium advocatum dabit vobis ut vobiscum sit in aeternum, spiritum veritatis quem hic mundus accipere non potest, id est dilectores mundi? Animalis enim homo non percipit quae sunt spiritus dei.
Sed adhuc videri potest ideo dictum: Et ego rogabo patrem, et alium advocatum dabit vobis, quasi non sufficiat solus filius. Illo autem loco ita de illo dictum est tamquam solus omnino sufficiat: Cum venerit ille spiritus veritatis, docebit vos omnem veritatem. Numquid ergo separatur hinc filius tamquam ipse non doceat omnem veritatem, aut quasi hoc impleat spiritus sanctus quod minus potuit docere filius? Dicant ergo, si placet, maiorem esse filio spiritum sanctum quem minorem illo solent dicere. An quia non dictum est: ‚Ipse solus,‘ aut: ‚Nemo nisi ipse‘ vos docebit omnem veritatem, ideo permittunt ut cum illo docere credatur et filius? Apostolus ergo separavit filium ab sciendis his quae dei sunt ubi ait: Sic et quae dei sunt nemo scit nisi spiritus dei! ut iam isti perversi possint ex hoc dicere quod et filium non doceat quae dei sunt nisi spiritus sanctus, tamquam maior minorem; cui filius ipse tantum tribuit ut diceret: Quia haec locutus sum vobis, tristitia cor vestrum implevit. Sed ego veritatem dico: expedit vobis, ut ego eam; nam si non abiero, advocatus non veniet ad vos.