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De la trinité
CHAPITRE VIII.
PASSAGES DE L’ÉCRITURE RELATIFS A L’INFÉRIORITÉ DU FILS.
- Il est vrai que l’Apôtre dit dans sa première épître aux Corinthiens, que « lorsque toutes choses auront été assujetties au Fils, alors le Fils sera lui-même assujetti à Celui qui lui aura assujetti toutes choses (I Cor., XV, 28 ) ». Mais ces paroles signifient seulement , qu’alors même l’humanité que le Fils de Dieu a prise en se faisant homme, ne sera point absorbée par la divinité, ou, pour parler plus exactement, par l’Etre divin. Car cet Etre n’est point créature, et il n’est autre que la Trinité, une en nature, incorporelle et immuable, et dont les personnes sont entre elles consubstantielles et coéternelles. Voulez-vous même, avec quelques-uns, interpréter ces paroles : « Et le Fils sera lui-même assujetti à Celui qui lui aura assujetti toutes choses », dans le sens que cet assujettissement s’opérera par le changement et la transformation de la nature humaine en la nature et l’essence divine, en sorte que l’homme disparaîtra en Jésus-Christ, et qu’il ne restera plus que le Dieu? du moins, vous ne pouvez pas ne point accepter ce fait irrécusable, a savoir que cette transformation n’avait point eu lieu quand Jésus-Christ disait : « Mon Père est plus grand que moi ». Car il a prononcé cette parole bien avant son Ascension, et même avant sa mort et sa résurrection.
D’autres au contraire croient qu’un jour cette transformation de la nature humaine en la nature divine aura lieu, et ils expliquent ces mots : « Alors le Fils sera lui-même assujetti à Celui qui lui aura assujetti toutes « choses » , comme si l’Apôtre disait qu’au jour du jugement général, et après qu’il aura remis son royaume entre les mains de son Père, le Verbe de Dieu lui-même et la nature humaine qu’il a prise, seront perdus et abîmés en l’essence de Dieu le Père, qui a soumis toutes choses à son Fils. Mais ici encore, et même dans cette seconde hypothèse, le Fils est inférieur au Père, en tant qu’il a pris dans le sein d’une Vierge la forme d’esclave. Enfin se présente un troisième ordre d’adversaires. Ils affirment qu’en Jésus-Christ l’humanité a été dès le principe absorbée par la divinité: et toutefois ils ne peuvent nier que l’homme subsistait encore dans le Christ, lorsqu’il disait avant sa passion : « Le Père est plus grand que moi ». Il est donc véritablement impossible de ne pas interpréter cette parole dans ce sens que le Fils de Dieu, égal à son Père comme Dieu, lui est inférieur comme homme.
Il est vrai que l’Apôtre en disant « que tout est assujetti au Fils », excepte manifestement « Celui qui lui a assujetti toutes choses ». Mais ce serait une erreur d’en conclure que le Père seul doit agir en cette circonstance, et que le Fils n’a point concouru à s’assujettir toutes choses. Au reste saint Paul explique lui-même sa pensée dans ce passage de l’épître aux Philippiens : « Nous vivons déjà dans le ciel; et c’est de là aussi que nous attendons le Sauveur, Notre Seigneur Jésus-Christ, qui changera notre corps misérable en le rendant conforme à son corps glorieux par cette vertu efficace qui peut lui assujettir toutes choses ( Philipp., III, 20, 21 ) ». Le Père et le Fils agissent donc inséparablement : toutefois ce n’est pas le Père qui s’assujettit toutes choses, mais c’est le Fils qui lui soumet toutes choses, qui lui remet son royaume, et qui anéantit tout empire, toute domination et toute puissance. C’est en effet (354) au Fils seul que se rapportent ces paroles de l’Apôtre: « Lorsqu’il aura remis son royaume à Dieu son Père, et qu’il aura anéanti tout empire, toute domination et toute puissance ( Cor., XV, 24.) ». Le Fils soumet donc toutes choses à son Père dès là qu’il anéantit tout empire et toute puissance.
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Cependant il ne faut pas croire que le Fils s’ôte à lui-même son royaume parce qu’il le remet à son Père. Car quelques-uns ont poussé jusqu’à ce point l’aberration du langage. Il n’en est rien, et en remettant le royaume à Dieu le Père, Jésus-Christ n’abdique point sa royauté, puisqu’il est avec le Père un seul et même Dieu. Mais ce qui trompe ici ces esprits qui n’étudient que légèrement nos saintes Ecritures, et qui se passionnent pour de vaines disputes, est la conjonction jusqu’à ce que. L’Apôtre dit en effet : « Il faut que le Christ règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds (Ibid., XV, 25 ) ». Et de là nos adversaires concluent qu’alors il ne règnera plus. Ils ne comprennent donc point qu’on doit attacher ici au mot jusqu’à ce que le même sens que dans ce verset du psaume cent onzième : « Son coeur est affermi, et il ne se troublera point jusqu’à ce qu’il voie la ruine de ses ennemis (Ps., CXI, 8 ) »; c’est-à-dire qu’il ne sera plus sujet au trouble ni à la crainte, parce qu’il aura vu la ruine de ses ennemis. Eh quoi! encore cette parole: « Lorsque le Christ aura remis le royaume à Dieu le Père », signifie-t-elle que jusqu’à ce moment Dieu le Père n’aura point régné? Non sans doute : mais Jésus-Christ, qui est vrai Dieu et vrai homme, qui s’est fait médiateur entre Dieu et les hommes, et qui règne aujourd’hui par la foi sur les justes, les introduira alors dans cette vision intuitive, que l’Apôtre appelle « une vision face à face (I Cor., XIII, 12 ) ». C’est pourquoi cette parole : « Lorsque le Christ aura remis le royaume à Dieu le Père », doit être entendue dans ce sens : lorsque le Christ aura conduit les vrais croyants à la vision claire et parfaite de Dieu le Père. Il a dit en effet lui-même: « Toutes choses m’ont été données par mon Père; et nul ne connaît le Fils, si ce n’est le Père ; et nul ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le révéler ( Matt., XI, 27) ». C’est donc alors que le Fils révélera pleinement le Père aux yeux des élus, parce qu’il détruira tout empire, toute domination et toute puissance. Mais il opérera lui-même cette destruction, et il n’y emploiera point le secours des esprits célestes, les trônes, les vertus et les principautés. Aussi peut-on appliquer au juste sur la terre ce passage du Cantique des cantiques où l’Epoux dit à l’épouse: « Je te donnerai un miroir d’or entrelacé d’argent, tandis que le Roi repose sur sa couche ( Cant., I, 11 ) ». Or, ce roi est le Christ dont la vie est cachée en Dieu, selon cette parole de l’Apôtre : « Votre vie est cachée en Dieu avec Jésus-Christ; et lorsque Jésus-Christ, qui est votre vie, paraîtra, vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire ( Coloss., III, 4 ) ». Mais en attendant cet heureux jour, « nous ne voyons Dieu que comme dans un miroir et sous des images « obscures, mais alors nous le verrons face à face ( Cor., XIII, 12 )».
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C’est cette vision intuitive qui nous est montrée comme le but de toutes nos actions
et la perfection de notre bonheur. Car « nous sommes les enfants de Dieu, mais ce que nous serons un jour ne paraît pas encore. Nous savons seulement que, quand il viendra dans sa gloire, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est ( Exod., III, 14 ) ». Le Seigneur disait autrefois à Moïse, son serviteur : « Je suis celui qui est, et vous direz aux enfants d’Israël: Celui qui est m’a envoyé vers vous ( Exod., III, 14 ) ». Eh bien la contemplation de cet Etre suprême est réservée pour l’éternité. Le Sauveur dit en effet: « La vie éternelle, ô mon Père, est de vous connaître, vous le seul Dieu véritable, et Jésus-Christ que vous avez envoyé ( Jean XVII, 3 )». Or ce mystère ne nous sera pleinement révélé, que « lorsque le Seigneur viendra, et qu’il éclairera ce qui est caché dans les ténèbres (I Co., IV, 5) ». Car alors nous dépouillerons, pour ne plus les reprendre, les grossières enveloppes de la corruption et de la mortalité; et nous verrons luire cette aurore céleste dont le psalmiste a dit: « Dès l’aurore je me présenterai devant vous, et je vous contemplerai ( Ps., V, 5) » Je rapporte donc à cette ineffable contemplation ces paroles de l’Apôtre : « Lorsque le Fils aura remis son royaume à Dieu le Père » , c’est-à-dire, lorsque Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme, et médiateur entre Dieu et les hommes, aura conduit à la vision ( 355) claire et parfaite de Dieu le Père, les justes en qui il vit aujourd’hui par la foi.
Si je me trompe dans cette interprétation, j’en accepte d’avance une plus heureuse. Mais pour le moment je n’en vois pas d’autre. Eh! que pourrons-nous chercher encore, quand nous aurons été admis à la contemplation de l’essence divine ? Sur la terre cette: jouissance nous est refusée, et: toute notre joie est l’espérance d’y parvenir. « Or l’espérance qui verrait, ne serait plus de l’espérance, car comment espérer ce qu’on voit déjà? Nous espérons donc ce que nous ne voyons, pas encore, et nous l’attendons par la patience, tandis que le Roi repose. sur sa couche ». Car alors se vérifiera pour nous. cette parole du psalmiste: « La vue de votre visage me remplira de joie ( Rom., VIII, 24, 25, ; Cant., I, 11 ; Ps., XV, 11). Mais cette joie sera si abondante qu’elle rassasiera tous nos désirs, et que nous ne saurions rien demander de plus. Et en effet, nous verrons Dieu le Père; et cela ne nous suffira-t-il pas? L’apôtre Philippe le comprenait bien quand il disait à Jésus-Christ : « Montrez-nous le Père, et cela nous suffira ». Toutefois il n’en avait pas une intelligence pleine et parfaite, car il eût pu dire également: Seigneur, montrez-vous à nous, et cela nous suffira. C’est ce que le Sauveur se proposa de lui faire entendre par cette réponse: « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas? Philippe, celui qui me voit, voit aussi mon Père». Mais parce que Jésus-Christ voulait qu’avant d’obtenir la vision intuitive du Père, cet apôtre vécût d’une vie de foi, il ajouta: « Ne croyez-vous pas que je suis en mon Père, et que mon Père est en moi? (Jean, XIV, 9,10 )»
Et en effet, « pendant que nous habitons dans ce corps, nous marchons hors du Seigneur, car nous n’allons à lui que par la foi, et « nous ne le voyons pas encore à découvert ( II Cor., V, 6, 7 )». Or la vision intuitive. sera la récompense de notre foi; et c’est cette foi qui purifie nos coeurs, selon cette parole du livre des Actes: « Le Seigneur purifie les coeurs par la foi (Act., XV, 9 ) ». Une autre preuve de cette vérité, et preuve bien convaincante , est la sixième béatitude qui est ainsi conçue: « Bienheureux ceux qui ont le coeur pur, parce qu’ils verront Dieu ( Matt., V, 8 ) ». D’un autre côté le Psalmiste nous rappelle que cette jouissance de la vision intuitive est réservée pour l’éternité, quand il met ces paroles dans la bouche de Dieu: « Je le rassasierai de la longueur du jour, et je lui ferai voir le Sauveur que j’ai promis (Ps., XC, 16) ». Il est donc indifférent de dire: montrez-nous le Fils, ou montrez-nous le Père; car l’un ne peut être vu sans l’autre, puisqu’ils sont un, selon cette parole de Jésus-Christ : « Le Père et moi nous sommes un ( Jean, X, 30) ». -C’est à cause de cette inviolable unité que souvent nous nommons le Père seuil, ou le Fils seul, comme devant nous remplir de joie par la vue de son visage.
- Mais ici encore on ne sépare point du Père ni du Fils l’Esprit-Saint, qui est l’Esprit de l’un et de l’autre. Il est, en effet, « cet Esprit de vérité que Je monde ne peut recevoir (Jean, XIV, 17 ) ». Ainsi notre joie sera véritablement pleine et parfaite par la vision intuitive de la sainte Trinité, à l’image de laquelle nous avons été formés. Aussi disons-nous quelquefois que le Saint-Esprit seul suffira à notre béatitude ; et cette manière de parler est vraie, parce que l’Esprit-Saint ne peut être séparé du Père ni du Fils. Il en est de même et du Père, parce qu’il est inséparablement uni au Fils et au Saint-Esprit, et du Fils, parce qu’il est inséparablement uni au Père et au Saint-Esprit. C’est ce qu’exprime formellement ce passage de l’Evangile: « Si vous m’aimez, dit Jésus-Christ, gardez mes commandements, et je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Consolateur, pour qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir » : c’est-à-dire ceux qui aiment le monde, car « l’homme animal ne perçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu (Jean, XIV, 15, 17 ; I Cor., II, 14) ».
Peut-être aussi voudrez-vous expliquer cette parole : « Je prierai mon Père, et il vous enverra un autre Consolateur », dans ce sens que le Fils seul ne suffit pas à notre bonheur éternel? Eh bien! voici un passage où le dogme contraire est expressément énoncé. « Lorsque l’Esprit de vérité, dit Jésus-Christ, sera venu, il vous enseignera toute vérité (Jean, VI, 13 ) ». Est-ce qu’ici le Fils est séparé de L’Esprit-Saint, comme s’il ne pouvait lui-même enseigner toute vérité, et comme si l’Esprit-Saint devait suppléer à l’imperfection de son enseignement? Ajoutez donc, si cela vous plaît, que l’Esprit-Saint est plus grand que le Fils, (356) quoique plus communément vous disiez qu’il lui est inférieur. Est-ce encore parce que le texte évangélique ne dit -pas : lui seul, ou nul autre que lui ne vous enseignera toute vérité, que vous nous permettez du moins de croire que le Fils enseigne conjointement avec l’Esprit-Saint? Mais l’Apôtre a donc exclu le Fils de la science des choses de Dieu, quand il a dit:
« Personne ne connaît ce qui est en Dieu, « sinon l’Esprit de Dieu ( I Cor., II, 11 )? » Ainsi ces hommes pervers pourront conclure de ce passage que l’Esprit-Saint révèle au Fils lui-même les choses de Dieu, et qu’il l’en instruit comme un supérieur instruit son inférieur. Et cependant le Fils n’accorde à l’Esprit que d’annoncer ce qu’il aura reçu de lui. « Parce que je vous ai parlé de la sorte, dit Jésus-Christ à ses apôtres, votre coeur est rempli de tristesse. Mais je vous dis la vérité : il vous est bon que je m’en aille, car si je ne m’en vais point, le Consolateur ne viendra point à vous ( Jean, XVI, 6, 7) ».
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The Fifteen Books of Aurelius Augustinus, Bishop of Hippo, on the Trinity
Chapter 8.--The Texts of Scripture Explained Respecting the Subjection of the Son to the Father, Which Have Been Misunderstood. Christ Will Not So Give Up the Kingdom to the Father, as to Take It Away from Himself. The Beholding Him is the Promised End of All Actions. The Holy Spirit is Sufficient to Our Blessedness Equally with the Father.
15. As for that which the apostle says, "And when all things shall be subdued unto Him, then shall the Son also Himself be subject unto Him that put all things under Him:" either the text has been so turned, lest any one should think that the "fashion" 1 of Christ, which He took according to the human creature, was to be transformed hereafter into the Divinity, or (to express it more precisely) the Godhead itself, who is not a creature, but is the unity of the Trinity,--a nature incorporeal, and unchangeable, and consubstantial, and co-eternal with itself; or if any one contends, as some have thought, that the text, "Then shall the Son also Himself be subject unto Him that put all things under Him," is so turned in order that one may believe that very "subjection" to be a change and conversion hereafter of the creature into the substance or essence itself of the Creator, that is, that that which had been the substance of a creature shall become the substance of the Creator;--such an one at any rate admits this, of which in truth there is no possible doubt, that this had not yet taken place, when the Lord said, "My Father is greater than I." For He said this not only before He ascended into heaven, but also before He had suffered, and had risen from the dead. But they who think that the human nature in Him is to be changed and converted into the substance of the Godhead, and that it was so said, "Then shall the Son also Himself be subject unto Him that put all things under Him,"--as if to say, Then also the Son of man Himself, and the human nature taken by the Word of God, shall be changed into the nature of Him who put all things under Him,--must also think that this will then take place, when, after the day of judgment, "He shall have delivered up the kingdom to God, even the Father." And hence even still, according to this opinion, the Father is greater than that form of a servant which was taken of the Virgin. But if some affirm even further, that the man Christ Jesus has already been changed into the substance of God, at least they cannot deny that the human nature still remained, when He said before His passion, "For my Father is greater than I;" whence there is no question that it was said in this sense, that the Father is greater than the form of a servant, to whom in the form of God the Son is equal. Nor let any one, hearing what the apostle says, "But when He saith all things are put under Him, it is manifest that He is excepted which did put all things under Him," 2 think the words, that He hath put all things under the Son, to be so understood of the Father, as that He should not think that the Son Himself put all things under Himself. For this the apostle plainly declares, when he says to the Philippians, "For our conversation is in heaven; from whence also we look for the Saviour, the Lord Jesus Christ: who shall change our vile body, that it may be fashioned like unto His glorious body, according to the working whereby He is able even to subdue 3 all things unto Himself." 4 For the working of the Father and of the Son is indivisible. Otherwise, neither hath the Father Himself put all things under Himself, but the Son hath put all things under Him, who delivers the kingdom to Him, and puts down all rule and all authority and power. For these words are spoken of the Son: "When He shall have delivered up," says the apostle, "the kingdom to God, even the Father; when He shall have put down 5 all rule, and all authority, and all power." For the same that puts down, also makes subject.
16. Neither may we think that Christ shall so give up the kingdom to God, even the Father, as that He shall take it away from Himself. For some vain talkers have thought even this. For when it is said, "He shall have delivered up the kingdom to God, even the Father," He Himself is not excluded; because He is one God together with the Father. But that word "until" deceives those who are careless readers of the divine Scriptures, but eager for controversies. For the text continues, "For He must reign, until He hath put all enemies under His feet;" 6 as though, when He had so put them, He would no more reign. Neither do they perceive that this is said in the same way as that other text, "His heart is established: He shall not be afraid, until He see His desire upon His enemies." 7 For He will not then be afraid when He has seen it. What then means, "When He shall have delivered up the kingdom to God, even the Father," as though God and the Father has not the kingdom now? But because He is hereafter to bring all the just, over whom now, living by faith, the Mediator between God and men, the man Christ Jesus, reigns, to that sight which the same apostle calls "face to face;" 8 therefore the words, "When He shall have delivered up the kingdom to God, even the Father," are as much as to say, When He shall have brought believers to the contemplation of God, even the Father. For He says, "All things are delivered unto me of my Father: and no man knoweth the Son, but the Father; neither knoweth any man the Father, save the Son, and he to whomsoever the Son will reveal Him." 9 The Father will then be revealed by the Son, "when He shall have put down all rule, and all authority, and all power;" that is, in such wise that there shall be no more need of any economy of similitudes, by means of angelic rulers, and authorities, and powers. Of whom that is not unfitly understood, which is said in the Song of Songs to the bride, "We will make thee borders 10 of gold, with studs of silver, while the King sitteth at His table;" 11 that is, as long as Christ is in His secret place: since "your life is hid with Christ in God; when Christ, who is our 12 life, shall appear, then shall ye also appear with Him in glory." 13 Before which time, "we see now through a glass, in an enigma," that is, in similitudes, "but then face to face." 14
17. For this contemplation is held forth to us as the end of all actions, and the everlasting fullness of joy. For "we are the sons of God; and it doth not yet appear what we shall be: but we know that, when He shall appear, we shall be like Him; for we shall see Him as He is." 15 For that which He said to His servant Moses, "I am that I am; thus shalt thou say to the children of Israel, I Am hath sent me to you;" 16 this it is which we shall contemplate when we shall live in eternity. For so it is said, "And this is life eternal, that they might know Thee, the only true God, and Jesus Christ, whom Thou hast sent." 17 This shall be when the Lord shall have come, and "shall have brought to light the hidden things of darkness;" 18 when the darkness of this present mortality and corruption shall have passed away. Then will be our morning, which is spoken of in the Psalm, "In the morning will I direct my prayer unto Thee, and will contemplate Thee." 19 Of this contemplation I understand it to be said, "When He shall have delivered up the kingdom to God, even the Father;" that is, when He shall have brought the just, over whom now, living by faith, the Mediator between God and man, the man Christ Jesus, reigns, to the contemplation of God, even the Father. If herein I am foolish, let him who knows better correct me; to me at least the case seems as I have said. 20 For we shall not seek anything else, when we shall have come to the contemplation of Him. But that contemplation is not yet, so long as our joy is in hope. For "hope that is seen is not hope: for what a man seeth, why doth he yet hope for? But if we hope for that we see not, then do we with patience wait for it," 21 viz. "as long as the King sitteth at His table." 22 Then will take place that which is written, "In Thy presence is fullness of joy." 23 Nothing more than that joy will be required; because there will be nothing more than can be required. For the Father will be manifested to us, and that will suffice for us. And this much Philip had well understood, so that he said to the Lord, "Show us the Father, and it sufficeth us." But he had not yet understood that he himself was able to say this very same thing in this way also: Lord, show Thyself to us, and it sufficeth us. For, that he might understand this, the Lord replied to him, "Have I been so long time with you, and yet hast thou not known me, Philip? he that hath seen me hath seen the Father." But because He intended him, before he could see this, to live by faith, He went on to say, "Believest thou not that I am in the Father, and the Father in me?" 24 For "while we are at home in the body, we are absent from the Lord: for we walk by faith, not by sight." 25 For contemplation is the recompense of faith, for which recompense our hearts are purified by faith; as it is written, "Purifying their hearts by faith." 26 And that our hearts are to be purified for this contemplation, is proved above all by this text, "Blessed are the pure in heart, for they shall see God." 27 And that this is life eternal, God says in the Psalm, "With long life will I satisfy him, and show him my salvation." 28 Whether, therefore, we hear, Show us the Son; or whether we hear, Show us the Father; it is even all one, since neither can be manifested without the other. For they are one, as He also Himself says, "My Father and I are one." 29 Finally, on account of this very indivisibility, it suffices that sometimes the Father alone, or the Son alone, should be named, as hereafter to fill us with the joy of His countenance.
18. Neither is the Spirit of either thence excluded, that is, the Spirit of the Father and of the Son; which Holy Spirit is specially called "the Spirit of truth, whom the world cannot receive." 30 For to have the fruition of God the Trinity, after whose image we are made, is indeed the fullness of our joy, than which there is no greater. On this account the Holy Spirit is sometimes spoken of as if He alone sufficed to our blessedness: and He does alone so suffice, because He cannot be divided from the Father and the Son; as the Father alone is sufficient, because He cannot be divided from the Son and the Holy Spirit; and the Son alone is sufficient because He cannot be divided from the Father and the Holy Spirit. For what does He mean by saying, "If ye love me, keep my commandments; and I will pray the Father, and He shall give you another Comforter, that He may abide with you for ever; even the Spirit of truth, whom the world cannot receive," 31 that is, the lovers of the world? For "the natural man receiveth not the things of the Spirit of God." 32 But it may perhaps seem, further, as if the words, "And I will pray the Father, and He shall give you another Comforter," were so said as if the Son alone were not sufficient. And that place so speaks of the Spirit, as if He alone were altogether sufficient: "When He, the Spirit of truth, is come, He will guide you into all truth." 33 Pray, therefore, is the Son here excluded, as if He did not teach all truth, or as if the Holy Spirit were to fill up that which the Son could not fully teach? Let them say then, if it pleases them, that the Holy Spirit is greater than the Son, whom they are wont to call less. Or is it, forsooth, because it is not said, He alone,--or, No one else except Himself--will guide you into all truth, that they allow that the Son also may be believed to teach together with Him? In that case the apostle has excluded the Son from knowing those things which are of God, where he says, "Even so the things of God knoweth no one, but the Spirit of God:" 34 so that these perverse men might, upon this ground, go on to say that none but the Holy Spirit teaches even the Son the things of God, as the greater teaches the less; to whom the Son Himself ascribes so much as to say, "But because I have said these things unto you, sorrow hath filled your heart. Nevertheless I tell you the truth; it is expedient for you that I go away: for if I go not away, the Comforter will not come unto you." 35
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Habitum ↩
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1 Cor. xv. 28, 24, 27 ↩
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Subjicere ↩
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Phil. iii. 20, 21 ↩
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Evacuaverit ↩
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1 Cor. xv. 24, 25 ↩
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Ps. cxii. 8 ↩
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1 Cor. xiii. 12 ↩
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Matt. xi. 27 ↩
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Similitudines ↩
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In recubitu Cant. i. 11; see LXX. ↩
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Vestra ↩
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Col. iii. 3, 4 ↩
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1 Cor. xiii. 12 ↩
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1 John iii. 2 ↩
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Ex. iii 14 ↩
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John xvii. 3 ↩
-
1 Cor. iv. 5 ↩
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Ps. v. 5 ↩
-
[The common explanation is better, which regards the "kingdom" that is to be delivered up, to be the mediatorial commission. When Christ shall have finished his work of redeeming men, he no longer discharges the office of a mediator. It seems incongruous to denominate the beatific vision of God by the redeemed, a surrender of a kingdom. In I. x. 21, Augustin says that when the Redeemer brings the redeemed from faith to sight, "He is said to deliver up the kingdom to God, even the Father.' "--W.G.T.S.] ↩
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Rom. viii. 24, 25 ↩
-
Cant. i. 12 ↩
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Ps. xvi. 11 ↩
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John xiv. 8, 10 ↩
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2 Cor. v. 6, 7 ↩
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Acts xv. 9 ↩
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Matt. v. 8 ↩
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Ps. xci. 16 ↩
-
John x. 30 ↩
-
John xiv. 17 ↩
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John xiv. 15-17 ↩
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1 Cor. ii. 14 ↩
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John xvi. 13 ↩
-
1 Cor. ii. 11 ↩
-
John xvi. 6, 7 ↩