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Works Augustine of Hippo (354-430) De Trinitate

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De la trinité

CHAPITRE III.

DIEU EST LE SOUVERAIN BIEN. L’ÂME NE DEVIENT BONNE QU’EN SE TOURNANT VERS DIEU.

  1. Encore une fois, vois, si tu peux. Certainement tu n’aimes que ce qui est bon : car (454) c’est bon, cette terre qui s’élève en montagnes, ou s’abaisse en collines et en plaines; ce domaine agréable et fertile; cette maison construite en ailes régulières, vaste, inondée de lumière; ces animaux, corps vivants; cette atmosphère tempérée et salubre; cette nourriture savoureuse et saine; cette santé exempte de douleur et de fatigue; cette face humaine régulière dans ses traits, portant l’empreinte de la gaieté et animée de vives couleurs; ce coeur d’ami aussi aimable dans sa condescendance que fidèle dans son attachement; c’est bon, cet homme probe et juste; ces richesses qui procurent tant d’aisance; ce ciel orné de soleil, de lune et d’étoiles; ces anges avec leur sainte docilité; ce langage plein d’une douce instruction et de sages avertissements; cette poésie au rythme si harmonieux, aux pensées si sérieuses. Que dire de plus? Oui, ceci est bon et cela encore; mais ôte ceci et cela et vois-le bien en lui-même, si tu peux, et alors tu verras Dieu, bon, non par emprunt, mais bien de tout bien. Et dans tous ces biens que j’ai énumérés, ou qui peuvent s’offrir à la vue et à la pensée, nous ne pourrions, en jugeant sainement, dire l’un supérieur à l’autre si nous n’avions, imprimée au-dedans de nous, la notion du bien lui-même, d’après lequel nous déclarons une chose bonne et préférons un bien à un autre. C’est ainsi qu’il faut aimer Dieu; non pas tel ou tel bien, mais le bien lui-même. Car il faut chercher le bien de l’âme, non un bien qu’elle effleure en passant, mais auquel elle s’attache avec amour; et quel est ce bien, sinon Dieu? L’âme n’est pas bonne, l’ange n’est pas bon, le ciel n’est pas bon; mais le bien seul est bon. Un exemple fera peut-être mieux comprendre ce que je veux dire. Quand j’entends parler d’une âme bonne, il y a là deux expressions, et à ces expressions se rattachent pour moi deux idées : elle est âme, elle est bonne. Pour être âme, l’âme elle-même n’a rien fait; car il n’y avait rien en elle qui pût faire qu’elle existât. Mais pour être âme bonne, je vois que sa volonté a dû agir. Non que le seul fait d’être âme ne soit déjà quelque chose de bon : — autrement pourquoi la dirait-on, et avec toute raison, meilleure que le corps? — mais cela ne suffit pas pour qu’on la dise âme bonne, parce qu’il lui reste à agir par la volonté, pour se rendre meilleure. Si elle n’en tire point partie, on la blâme à juste titre, et on a raison de dire qu’elle n’est point une âme bonne: car elle diffère de celle qui agit ainsi, et si celle-ci est digne d’éloges, celle qui fait autrement est nécessairement digne de blâme. Mais quand elle agit dans l’intention de devenir bonne, elle ne peut atteindre son but qu’en se dirigeant vers un objet autre qu’elle-même. Or, où se tournera-t-elle pour devenir bonne, sinon vers le bien, en l’aimant, en le désirant, en l’obtenant? Si donc elle s’en détourne de nouveau et cesse d’être bonne, par le seul fait qu’elle se détourne du bien, à moins de conserver en elle-même le bien dont elle se détourne, elle ne sait plus où se tourner, si elle veut s’amender.

  2. Il n’y aurait donc pas de biens changeants, s’il n’y avait un bien immuable. Ainsi, quand vous entendez parler de telle et telle chose qui sont bonnes, et pourraient d’ailleurs ne l’être pas; si vous pouvez, en dehors de ces choses qui ne sont bonnes que par participation au bien, entrevoir le bien même dont la participation les rend bonnes — et vous en avez l’idée, dès qu’on vous parle de telle ou telle chose bonne — si, dis-je, vous pouvez, en faisant abstraction de ces objets, entrevoir le bien en lui-même, vous aurez entrevu Dieu. Et si vous vous attachez à lui par l’amour, vous goûterez aussitôt le bonheur. Mais quelle honte de s’attacher à des objets qu’on n’aime que parce qu’ils sont bons et de ne pas aimer le bien même qui les rend bons ! Et l’âme elle-même, qui, en tant qu’âme et avant de devenir bonne en se tournant vers le bien immuable, mais simplement parce qu’elle est âme, nous plait tellement que nous la préférons même à la lumière matérielle, si nous avons le sens droit : l’âme, dis-je, ne nous plait pas en elle-même, mais dans la puissance qui l’a créée. Nous puisons notre amour pour elle dans la source même dont nous voyons qu’elle est sortie. Voilà la vérité et le bien simple, qui n’est pas autre chose que le bien même et, par conséquent, le souverain bien. Car un bien ne peut diminuer ou grandir, que quand il n’est bien que par un autre bien. Pour être bonne, l’âme se tourne donc vers ce qui l’a faite âme. C’est alors que la volonté s’unit à la nature pour perfectionner l’âme dans le bien, quand cette volonté se tourne par amour vers le bien, d’où vient le bien qui ne se perd pas même quand la volonté se détourne. En effet, en se détournant (455) du souverain bien, l’âme cesse d’être bonne, mais elle ne cesse pas d’être âme : ce qui lui donne déjà l’avantage sur le corps; la volonté perd donc ce que la volonté peut gagner. Pour vouloir se tourner vers ce qui l’a fait être, l’âme devait déjà exister; mais avant d’exister, elle n’était pas là pour le vouloir. Et voilà notre bien : celui où nous voyons s’il a dû ou doit être tout ce que nous comprenons qu’il a dû ou doit être, et où nous voyons également qu’il n’eût pas pu, s’il ne l’eût dû, être tout ce que nous comprenons qu’il doit être, bien que nous ne sachions pas comment il l’est. Or, ce bien n’est pas loin de chacun de nous : car c’est en lui que nous ‘vivons, que nous nous mouvons et que nous sommes (Act., XVII, 27, 28 ).

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De Trinitate

III.

[III 4] Ecce iterum vide si potes. Non amas certe nisi bonum, quia bona est terra altitudine montium et temperamento collium et planitie camporum, et bonum praedium amoenum ac fertile, et bona domus paribus membris disposita et ampla et lucida, et bona animalia animata corpora, et bonus aer modestus et salubris, et bonus cibus suavis atque aptus valetudini, et bona valetudo sine doloribus et lassitudine, et bona facies hominis dimensa pariliter et affecta hilariter et luculente colorata, et bonus animus amici consensionis dulcedine et amoris fide, et bonus vir iustus, et bonae divitiae quia facile expediunt, et bonum caelum cum sole et luna et stellis suis, et boni angeli sancta oboedientia, et bona locutio suaviter docens et congruenter movens audientem, et bonum carmen canorum numeris et sententiis grave. Quid plura et plura? Bonum hoc et bonum illud. Tolle hoc et illud, et vide ipsum bonum si potes; ita deum videbis, non alio bono bonum, sed bonum omnis boni. Neque enim in his omnibus bonis, vel quae commemoravi vel quae alia cernuntur sive cogitantur, diceremus aliud alio melius cum vere iudicamus, nisi esset nobis impressa notio ipsius boni secundum quod et probaremus aliquid et aliud alii praeponeremus. Sic amandus est deus, non hoc et illud bonum, sed ipsum bonum; quaerendum enim bonum animae, non cui supervolitet iudicando, sed cui haereat amando, et quid hoc nisi deus? Non bonus animus aut bonus angelus aut bonum caelum, sed bonum bonum.

Sic enim forte facilius advertitur quid velim dicere. Cum enim audio verbi gratia quod dicitur animus bonus, sicut duo verba sunt ita ex eis verbis duo quaedam intellego, aliud quo animus est, aliud quo bonus. Et quidem ut animus esset, non egit ipse aliquid; non enim iam erat qui ageret ut esset. Ut autem sit bonus animus, video agendum esse voluntate, non quia id ipsum quo animus est non est aliquid boni (nam unde iam dicitur et verissime dicitur corpore melior?), sed ideo nondum dicitur bonus animus quia restat ei actio voluntatis qua sit praestantior. Quam si neglexerit, iure culpatur recteque dicitur non bonus animus; distat enim ab eo qui hoc agit, et quia ille laudabilis, profecto iste qui hoc non agit vituperabilis est. Cum vero agit hoc studio et fit bonus animus, nisi se ad aliquid convertat quod ipse non est, non potest hoc assequi. Quo se autem convertit ut fiat bonus animus nisi ad bonum, cum hoc amat et appetit et adipiscitur? Unde se si rursus avertat fiatque non bonus, hoc ipso quod se avertit a bono, nisi maneat in se illud bonum unde se avertit, non est quo se iterum, si voluerit emendare, convertat.

[5] Quapropter nulla essent mutabilia bona nisi esset incommutabile bonum. Cum itaque audis bonum hoc et bonum illud quae possunt alias dici etiam non bona, si potueris sine illis quae participatione boni bona sunt perspicere ipsum bonum cuius participatione bona sunt (simul enim et ipsum intellegis, cum audis hoc aut illud bonum), si ergo potueris illis detractis per se ipsum perspicere bonum, perspexeris deum. Et si amore inhaeseris, continuo beatificaberis. Pudeat autem, cum alia non amentur nisi quia bona sunt, eis inhaerendo non amare bonum ipsum unde bona sunt. Illud etiam quod animus tantum quia est animus, etiam nondum eo modo bonus quo se convertit ad incommutabile bonum, sed, ut dixi, tantum animus, cum ita nobis placet ut eum omni etiam luci corporeae, cum bene intellegimus, praeferamus, non in se ipso nobis placet sed in illa arte qua factus est. Inde enim approbatur factus ubi videtur fuisse faciendus. Haec est veritas et simplex bonum; non enim est aliud aliquid quam ipsum bonum ac per hoc etiam summum bonum. Non enim minui vel augeri bonum potest nisi quod ex alio bono bonum est.

Ad hoc se igitur animus convertit ut bonus sit, a quo habet ut animus sit. Tunc ergo voluntas naturae congruit ut perficiatur in bono animus, cum illud bonum diligitur conversione voluntatis unde est et illud quod non amittitur nec aversione voluntatis. Avertendo enim se a summo bono amittit animus ut sit bonus animus; non autem amittit ut sit animus, cum et hoc iam bonum sit corpore melius. Hoc ergo amittit voluntas quod voluntas adipiscitur; iam enim erat animus qui converti ad id vellet a quo erat; qui autem vellet esse antequam esset, nodum erat. Et hoc est bonum nostrum ubi videmus utrum esse debuerit aut debeat quidquid esse debuisse aut debere comprehendimus, et ubi videmus esse non potuisse, nisi esse debuisset, quidquid etiam quomodo esse debuerit non comprehendimus. Hoc ergo bonum non longe positum est ab unoquoque nostrum. In illo enim vivimus et movemur et sumus.

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