Übersetzung
ausblenden
De la trinité
CHAPITRE VI.
COMMENT L’HOMME QUI N’EST PAS ENCORE JUSTE CONNAIT LE JUSTE QU’IL AIME.
- Revenons donc sur nos pas, et examinons pourquoi nous aimons l’Apôtre. Est-ce à cause de l’espèce humaine, qui nous est parfaitement connue, et parce que nous croyons qu’il a été homme? Non assurément: autrement nous ne pourrions plus l’aimer, puisqu’il n’est plus homme; car son âme a été séparée de son corps. Mais nous sommes persuadés que ce que nous aimons en lui vit encore: car nous aimons une âme juste. Et d’après quelle règle générale ou spéciale, sinon parce que nous savons ce que c’est qu’une âme et ce que c’est qu’un juste? Quant à la nature de l’âme, nous avons toute raison de dire que nous la connaissons, puisque nous en avons une. Ce n’est point sur le témoignage de nos yeux, — car nous ne l’avons jamais vue, — ni d’après une notion générale ou spéciale tirée de l’analogie ou de la comparaison, que nous avons cette foi, mais bien plutôt, comme je l’ai dit, parce que nous avons une âme, Et, en effet, y a-t-il rien qui soit aussi intimement senti et qui sente aussi bien sa propre existence, que le principe même par lequel tout le reste est senti, c’est-à-dire l’âme? Car c’est d’après notre propre expérience que nous reconnaissons les mouvements des corps, qui nous prouvent qu’il y a d’autres êtres vivants hors de nous; puisque vivant nous-mêmes, nous imprimons à notre corps les mouvements que nous remarquons chez les autres. En effet, quand un corps vivant se meurt, nos yeux n’ont aucun moyen de voir l’âme, qui est un objet invisible pour eux; mais nous sentons que cette matière est animée par un principe semblable à celui qui anime notre propre corps, c’est-à-dire havie de l’âme. Et ce n’est point ici quelque chose de propre à l’habileté humaine ou à la raison : car les bêtes aussi sentent la vie, non-seulement en elles-mêmes, mais chez leurs semblables et en nous. Ni elles non plus ne voient nos âmes, mais elles s’aperçoivent de la vie par les mouvements du corps, sur le champ, avec la plus grande facilité et comme par un instinct naturel. Nous con naissons donc toute âme d’après la nôtre, et d’après la nôtre encore, nous croyons à l’existence de celle que nous ne connaissons pas. Non-seulement nous nous apercevons de l’existence d’une âme, mais nous pouvons encore savoir ce qu’elle est par l’étude de la nôtre, puisque nous en avons une.
Mais comment savons-nous ce que c’est que le juste? Car nous avons dit que nous aimons l’Apôtre, uniquement parce que c’est une âme juste. Nous savons donc ce que c’est que d’être juste, aussi bien que nous savons ce que c’est qu’une âme. Or, comme nous l’avons dit, c’est d’après nous que nous savons ce que c’est qu’une âme, puisque nous en avons une; mais comment, sans être justes, savons-nous ce que c’est qu’un juste ? Et si personne ne sait ce que c’est qu’un juste, sans être juste, personne n’aimera ce juste sans l’être soi-même. En effet, on ne peut aimer celui qu’on croit juste, précisément parce qu’on le croit juste, quand on ne sait pas ce que c’est que d’être juste; et nous avons démontré plus haut que personne n’aime ce qu’il croit et ne voit pas, qu’en vertu de quelque notion générale ou particulière. Donc si le juste seul aime le juste, comment celui qui n’est pas juste désirera-t-il le devenir? Personne ne désire être ce qu’il n’aime pas. Mais pour devenir juste, celui qui ne l’est pas encore, voudra certainement le devenir ; et dès qu’il le veut, il aime le juste. Donc, même celui qui n’est pas encore juste, aime le juste. Or, celui qui ignore ce que c’est que le juste, ne peut pas aimer le juste. Donc celui même qui n’est pas encore juste, sait du moins ce que c’est que de l’être. Mais comment le sait-il? Est-ce par le témoignage de ses yeux? Y a-t-il un corps juste, comme il y a un corps blanc ou noir, (458) carré ou rond? Qui osera le dire ? Cependant les yeux ne voient que des corps. Et il n’y a de juste dans l’homme que l’âme; et quand on dit d’un homme qu’il est juste, c’est de son âme qu’on parle, et non de son corps. La justice est en effet une certaine beauté de l’âme, qui rend beaux les hommes, même la plupart de ceux dont le corps est tordu et difforme. Et comme les yeux ne voient pas l’âme, ils ne voient pas davantage sa beauté, comment donc celui qui n’est pas encore juste, connaît-il le juste, et l’aime-t-il pour le devenir lui-même? Y aurait-il, dans les mouvements du corps, certain indice qui ferait voir que tel ou tel homme est juste ? Mais s’il ignore absolument ce que c’est qu’un juste, comment devinera-t-il les signes qui trahissent l’âme juste? Il connaît donc le juste. Mais comment le connaissons-nous, même quand nous ne sommes pas justes? si nous puisons cette connaissance hors de nous, ce ne peut être que dans un corps. Or ce n’est point ici l’affaire d’un corps. Et quand je pose la question, je ne peux en trouver la réponse qu’en moi-même. Si je demande à un autre ce que c’est que le juste, il cherche également la réponse au dedans de lui, et quiconque peut donner une réponse vraie, ne la trouve pas ailleurs qu’en lui-même. Quand je veux parler de Carthage, je cherche en moi quelque chose à dire et j’y trouve une Carthage imaginaire; mais cette image, je l’ai perçue par le corps, c’est-à-dire par la sensation du corps, puisque j’ai été là corporellement, que j’ai vu la ville, que j’en ai éprouvé une impression qui m’est restée dans la mémoire, tellement que j’ai trouvé en moi le mot pour en parler, quand il m’a plu de le faire. Car cette forme imaginaire, fixée en ma mémoire, est le verbe même de Carthage, non pas en trois syllabes qu’on exprime quand on nomme Carthage, ou même le nom qui traverse sans bruit l’espace du temps mais ce que je vois dans mon âme, quand je prononce ces trois syllabes, ou même avant que je ne les prononce. Et si je veux parler d’Alexandrie, que je n’ai jamais vue, vite aussi une image se présente à mon esprit; ayant entendu beaucoup de personnes dire que c’est une grande ville et les ayant crues sur parole, je m’en suis fait une certaine idée, calquée, autant que possible, sur leurs récits, et c’est là le verbe que je trouve en moi avant de prononcer les cinq syllabes, si connues de tout le monde à peu près. Et pourtant si je pouvais tirer de mon âme cette image et la montrer à ceux qui connaissent Alexandrie, sans doute tous diraient : Ce n’est pas elle; ou s’ils disaient : C’est elle, j’en serais fort étonné; puis la considérant en moi-même, c’est-à-dire son image ou son portrait, je ne pourrais m’assurer que c’est elle, mais je m’en rapporterais à ceux qui l’ont vue.
Or, il n’en est pas ainsi, quand je cherche ce que c’est que le juste; je ne le trouve pas, je ne le vois pas de cette manière, quand j’en parie; on ne tombe pas ainsi d’accord sur ce que j’en puis dire, je n’approuve pas non plus tout ce que j’en entends dire, comme si j’avais vu de mes yeux ou perçu par quelqu’un de mes sens corporels quelque chose de ce genre, ou que j’en eusse entendu parler à d’autres qui l’avaient connu. En effet, quand je dis, et avec certitude de ce que j’avance : L’âme juste est celle qui, réglant sa vie et ses moeurs par la science et la raison, rend à chacun ce qui lui est dû; mon esprit ne se porte pas vers un objet absent, comme serait Carthage par exemple, ni il ne se forge pas une image arbitraire, qui peut être vraie ou fausse, comme serait celle d’Alexandrie; mais je vois quelque chose de présent, quelque chose qui est en moi, bien que ce ne soit pas moi, et beaucoup de ceux qui m’entendront seront-de mon avis. Et quiconque m’entend et m’approuve avec connaissance de cause, sciemment, en voit autant en lui-même, bien qu’il ne soit pas lui-même ce qu’il voit. Mais si c’est un juste qui parle, il voit et exprime ce qu’il est lui-même. Et où le voit-il, sinon en lui? En quoi il n’y a rien d’étonnant : car où le verrait-il, si ce n’était en lui-même? Le merveilleux est que l’âme voie en elle ce qu’elle n’a vu nulle part ailleurs, qu’elle voie ce qui est vrai, qu’elle voie la véritable âme juste, qu’elle soit une âme elle-même et ne soit pas l’âme juste qu’elle voit en elle. Y a-t-il donc une autre âme juste dans l’âme qui n’est pas encore juste? Sinon, quelle âme voit-elle donc, quand elle voit et dit ce que c’est que l’âme juste, qu’elle n’en a point vu ailleurs qu’en elle-même, quoiqu’ elle-même ne soit pas âme juste? Ce qu’elle voit est-il donc une vérité intérieure, présente à l’âme qui peut la voir? Car tous ne le peuvent pas, et ceux qui le peuvent ne sont pas tous ce qu’ils voient, c’est-à-dire ne sont pas eux-mêmes des âmes justes, bien qu’ils puissent (459) voir et dire ce que c’est qu’une âme juste.
Mais comment deviendront-ils justes, sinon en s’attachant au modèle qu’ils voient, pour le reproduire eux-mêmes et devenir des âmes justes: ne se contentant pas de voir et de dire que l’âme juste est celle qui réglant sa vie et ses moeurs par le science et la raison, rend à chacun ce qui lui est dû, mais réglant eux-mêmes leur vie et leurs moeurs sur la justice, en rendant à chacun ce qui lui est dû, de manière à ne devoir rien à personne, sinon de s’aimer mutuellement (Rom., XIII, 8 )? Et comment s’attache-t-on à ce modèle, sinon par l’amour? Pourquoi donc aimons-nous un homme que nous croyons juste et n’aimons-nous pas le type même par lequel nous voyons ce que c’est que l’âme juste, afin de devenir justes nous-mêmes ? Serait-ce que si nous n’aimions pas ce type, nous n’aimerions pas celui que nous aimons parce qu’il lui est conforme; et que tant que nous ne sommes pas justes, nous n’aimons pas assez ce type pour devenir justes nous-mêmes? L’homme que l’on croit juste est donc aimé d’après le type et la vérité que celui qui l’aime voit et retrouve en son propre fond; mais il n’est pas possible d’aimer ce type et cette vérité par un motif qui leur soit étranger. Hors d’eux, en effet, hors de leur connaissance, nous ne trouvons rien qui nous les fasse aimer par la foi et par analogie à quelque autre chose que nous connaissons. En effet, tout ce que nous verrons de semblable à ce type, c’est ce type même, et rien ne lui ressemble parce que, seul, il est tel qu’il est. Donc celui qui aime les hommes doit les aimer parce qu’ils sont justes, ou pour qu’ils le deviennent. Car il doit ainsi s’aimer lui-même de cette façon: ou parce qu’il est juste ou pour le devenir; alors seulement il pourra sans danger aimer son prochain comme lui-même. Celui qui s’aime autrement, s’aime injustement, puisqu’il s’aime pour devenir injuste, par conséquent pour être mauvais; et par là même il ne s’aime pas: car « celui qui aime l’iniquité, hait son âme (Ps., X, 6 ) ».
Edition
ausblenden
De Trinitate
VI.
[VI 9] Redi ergo mecum et consideremus cur diligamus apostolum. Numquidnam propter humanam speciem quam notissimam habemus eo quod credimus eum hominem fuisse? Non utique; alioquin nunc non est quem diligamus quandoquidem homo ille iam non est; anima enim eius a corpore separata est. Sed id quod in illo amamus, etiam nunc vivere credimus; amamus enim animum iustum. Ex qua ergo generali aut speciali regula, nisi quia scimus et quid sit animus et quid sit iustus? Et animus quidem quid sit, non incongrue nos dicimus ideo nosse quia et nos habemus animum; neque enim umquam oculis vidimus et ex similitudine visorum plurium notionem generalem specialemve percepimus, sed potius, ut dixi, quia et nos habemus. Quid enim tam intime scitur seque ipsum esse sentit quam id quo etiam cetera sentiuntur, id est ipse animus? Nam et motus corporum quibus praeter nos alios vivere sentimus, ex nostra similitudine agnoscimus quia et nos ita movemus corpus vivendo sicut illa corpora moveri advertimus. Neque enim cum corpus vivum movetur, aperitur ulla via oculis nostris ad videndum animum, rem quae oculis videri non potest; sed illi moli aliquid inesse sentimus quale nobis inest ad movendam similiter molem nostram, quod est vita et anima. Neque quasi humanae prudentiae rationisque proprium est. Et bestiae quippe sentiunt vivere non tantum se ipsas, sed etiam invicem atque alterutrum et nos ipsos, nec animas nostras vident, sed ex motibus corporis idque statim et facillime quadam conspiratione naturali. Animum igitur cuiuslibet ex nostro novimus, et ex nostro credimus, quem non novimus. Non enim tantum sentimus animum, sed etiam scire possumus quid sit animus consideratione nostri; habemus enim animum.
Sed quid sit iustus unde novimus? Dixeramus enim apostolum nos non alia causa diligere nisi quod sit iustus animus. Novimus ergo et quid sit iustus sicut quid sit animus. Sed quid sit animus, ut dictum est, novimus ex nobis; inest enim animus nobis. Quid autem sit iustus, unde novimus si iusti non sumus? Quod si nemo novit quid sit iustus nisi qui iustus est, nemo diligit iustum nisi iustus; non enim potest diligere quem iustum esse credit ob hoc ipsum quia iustum esse credit, si quid sit iustus ignorat, secundum quod superius demonstravimus neminem diligere quod credit et non videt nisi ex aliqua regula notitiae generalis sive specialis. Ac per hoc, si non diligit iustum nisi iustus, quomodo volet quisque iustus esse qui nondum est? Non enim vult quisquam esse quod non diligit. Ut autem sit iustus qui nondum est, volet utique iustus esse; ut autem velit, diligit iustum. Diligit ergo iustum et qui nondum iustus est. Diligere autem iustum non potest, si quid sit iustus ignorat. Proinde novit quid sit iustus etiam qui nondum est. Ubi ergo novit? Num oculis vidit aut ullum corpus iustum velut album aut nigrum aut quadrum aut rotundum? Quis hoc dixerit? At oculis non vidit nisi corpora; iustus autem in homine non est nisi animus, et cum homo iustus dicitur ex animo, dicitur non ex corpore. Est enim quaedam pulchritudo animi iustitia qua pulchri sunt homines plerique etiam qui corpore distorti atque deformes sunt. Sicut autem animus non videtur oculis ita nec pulchritudo eius. Ubi ergo novit quid sit iustus qui nondum est atque, ut sit, diligit iustum? An signa quaedam per motum corporis emicant quibus ille aut ille homo esse iustus apparet? Sed unde novit illa signa esse animi iusti nesciens quid omnino sit iustus? Novit ergo.
Sed ubi novimus quid sit iustus, etiam cum iusti nondum sumus? Si extra quam nos novimus, in corpore aliquo novimus. Sed non est ista res corporis. In nobis igitur novimus quid sit iustus. Non enim alibi hoc invenio cum quaero ut hoc eloquar nisi apud me ipsum; et si interrogem alium quid sit iustus, apud se ipsum quaerit quid respondeat; et quisquis hinc verum respondere potuit apud se ipsum, quid responderet invenit. Et Carthaginem quidem cum eloqui volo, apud me ipsum quaero ut eloquar et apud me ipsum invenio phantasiam Carthaginis. Sed eam per corpus accepi, id est per corporis sensum, quoniam praesens in ea corpore fui et eam vidi atque sensi memoriaque retinui ut apud me invenirem de illa verbum cum eam vellem dicere. Ipsa enim phantasia eius in memoria mea verbum eius, non sonus iste trisyllabus cum Carthago nominatur vel etiam tacite nomen ipsum per spatia temporum cogitatur, sed illud quod in animo meo cerno cum hoc trisyllabum voce profero vel antequam proferam. Sic et Alexandriam cum eloqui volo, quam numquam vidi, praesto est apud me phantasma eius. Cum enim a multis audissem et credidissem magnam esse illam urbem sicut mihi narrari potuit, finxi animo imaginem eius quam potui, et hoc est apud me verbum eius cum eam volo dicere antequam voce quinque syllabas proferam, quod nomen eius fere omnibus notum est. Quam tamen imaginem si ex animo meo proferre possem ad oculos hominum qui Alexandriam noverunt, profecto aut omnes dicerent; ‚Non est ipsa,‘ aut si dicerent: ‚Ipsa est,‘ multum mirarer atque ipsam intuens in animo meo, id est imaginem quasi picturam eius, ipsam tamen esse nescirem, sed eis crederem qui visam tenerent. Non autem ita quaero quid sit iustus, nec ita invenio nec ita intueor cum id eloquor, nec ita probor cum audior, nec ita probo cum audio, quasi tale aliquid oculis viderim aut ullo corporis sensu didicerim aut ab eis qui ita didicissent audierim. Cum enim dico et sciens dico: ‚Iustus est animus qui scientia atque ratione in vita ac moribus sua cuique distribuit,‘ non aliquam rem absentem cogito sicut Carthaginem aut fingo, ut possum, sicut Alexandriam, sive ita sit sive non ita; sed praesens quiddam cerno et cerno apud me, etsi non sum ipse quod cerno, et multi si audiant approbabunt. Et quisquis me audit atque scienter approbat apud se et ipse hoc idem cernit, etiamsi non sit et ipse quod cernit. Iustus vero cum id dicit, id quod ipse est cernit et dicit. Et ubi etiam ipse cernit nisi apud se ipsum? Sed hoc mirum non est; ubi enim se ipsum cerneret nisi apud se ipsum?
Illud mirabile ut apud se animus videat quod alibi nusquam vidit, et verum videat, et ipsum verum iustum animum videat, et sit ipse animus et non sit iustus animus quem apud se ipsum videt. Num est alius animus iustus in animo nondum iusto? Aut si non est, quem ibi videt cum videt et dicit quid sit animus iustus, nec alibi quam in se videt, cum ipse non sit animus iustus? An illud quod videt veritas est interior praesens animo qui eam valet intueri? Neque omnes valent, et qui intueri valent hoc etiam quod intuentur non omnes sunt, hoc est non sunt etiam ipsi iusti animi sicut possunt videre ac dicere quid sit iustus animus. Quod unde esse poterunt nisi inhaerendo eidem ipsi formae quam intuentur ut inde formentur et sint iusti animi, non tantum cernentes et dicentes iustum esse animum ‚qui scientia atque ratione in vita ac moribus sua cuique distribuit,‘ sed etiam ut ipsi iuste vivant iusteque morati sint sua cuique distribuendo ut nemini quidquam debeant nisi ut invicem diligant? Et unde inhaeretur illi formae nisi amando? Cur ergo alium diligimus quem credimus iustum et non diligimus ipsam formam ubi videmus quid sit iustus animus, ut et nos iusti esse possimus? An vero nisi et istam diligeremus, nullo modo eum diligeremus quem ex ista diligimus, sed dum iusti non sumus, minus eam diligimus quam ut iusti esse valeamus? Homo ergo qui creditur iustus, ex ea forma et veritate diligitur quam cernit et intellegit apud se ille qui diligit; ipsa vero forma et veritas non est quomodo aliunde diligatur. Neque enim invenimus aliquid tale praeter ipsam ut eam, cum incognita est, credendo diligamus ex eo quod iam tale aliquid novimus. Quidquid enim tale aspexeris ipsa est, et non est quidquam tale quoniam sola ipsa talis est qualis ipsa est. Qui ergo amat homines, aut quia iusti sunt aut ut iusti sint amare debet. Sic enim et se ipsum amare debet aut quia iustus est aut ut iustus sit; sic enim diligit proximum tamquam se ipsum sine ullo periculo. Qui enim aliter se diligit, iniuste se diligit quoniam se ad hoc diligit ut sit iniustus, ad hoc ergo ut sit malus, ac per hoc iam non se diligit: Qui enim diligit iniquitatem odit animam suam.