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De la trinité
CHAPITRE XV.
CONTRE LA RÉMINISCENCE DE PLATON ET DE PYTHAGORE. PYTHAGORE DE SAMOS. COMMENT IL FAUT CHERCHER LA TRINITÉ DANS LA SCIENCE DES CHOSES TEMPORELLES.
- Platon, cet illustre philosophe, est parti de ce point pour établir en principe que les âmes des hommes ont vécu ici-bas avant même (504) d’être unies à leurs corps; d’où il concluait qu’apprendre était moins acquérir une connaissance nouvelle que d’en rappeler une ancienne, Il apporte en preuve l’exemple de je ne sais quel enfant, qui, interrogé sur la géométrie, répondit comme un homme consommé dans cette science. Questionné graduellement et d’une manière capricieuse, il voyait ce qu’il fallait voir et disait ce qu’il avait vu. Mais si ce n’était là qu’une réminiscence de choses autrefois connues, tous ni même le plus grand nombre ne seraient pas capables de répondre à des interrogations de ce genre; car tous n’ont pas été géomètres dans leur vie antérieure, puisqu’il y a si peu de géomètres parmi les hommes qu’en trouver un est une rareté. Il faut plutôt croire que la nature de l’âme intelligente est telle que, d’après le dessein du Créateur, elle découvre tout ce qui se rattache naturellement aux choses intellectuelles, au moyen d’une certaine lumière immatérielle spéciale, sui generis, de la même manière que l’oeil de la chair voit ce qui l’entoure à l’aide de cette lumière matérielle qu’il peut recevoir et pour laquelle il a été organisé. Car s’il n’a pas besoin de maître pour distinguer le blanc et le noir, ce n’est pas parce qu’il les a connus avant d’être créé dans le corps. En outre, pourquoi est-ce seulement dans les choses intellectuelles qu’il arrive de voir quelqu’un répondre conformément à une science qu’il ignore? Pourquoi personne ne le peut-il pour les choses sensibles, à moins de les avoir vues de ses propres yeux, ou de s’en rapporter à ceux qui les ont connues et en ont écrit ou parlé?
Car il ne faut pas en croire ceux qui racontent que Pythagore de Samos se rappelait certaines choses qu’il aurait éprouvées, lorsqu’il habitait un autre corps sur cette terre: ce qu’on rapporte aussi de quelques autres qui auraient fait la même expérience. Ce sont là de fausses réminiscences, telles que nous en éprouvons dans les songes, quand il nous semble nous souvenir d’avoir fait ou vu ce que nous n’avons jamais fait ni vu. Ces sortes d’affections se produisent aussi, même en dehors du sommeil, sous l’influence des esprits méchants et trompeurs, qui s’attachent à affermir ou à créer des idées fausses sur les émigrations des âmes, afin de tromper les hommes. Et la preuve est que si c’étaient là de vrais souvenirs se rattachant à des sensations éprouvées dans d’autres corps, tous, ou à peu près tous, les auraient, puisque, dans cette opinion, on suppose un passage perpétuel de la vie à la mort et de la mort à la vie, comme de la veille au sommeil et du sommeil à la veille.
- Si donc la vraie différence entre la sagesse et la science consiste en ce que la connaissance des choses éternelles appartient à la première, tandis que la connaissance rationnelle des choses temporelles est du domaine de la seconde, il n’est pas difficile de juger à laquelle des deux il faut donner ou refuser la préférence. Mais s’il faut chercher un autre signe caractéristique pour discerner ces deux choses, entre lesquelles l’Apôtre reconnaît évidemment une différence, quand il dit: « A l’un est donnée par l’Esprit la parole de sa-« gesse; à un autre la parole de science par le même Esprit »; tout au moins entre les deux qui nous occupent la différence est parfaitement claire: l’une est la connaissance intellectuelle des choses éternelles; l’autre, la connaissance rationnelle des choses temporelles, et personne n’hésitera à mettre celle-là au-dessus de celle-ci. Ainsi donc quand, laissant de côté ce qui appartient à l’homme extérieur, nous aspirons à nous élever intérieurement au-dessus de tout ce qui nous est commun avec les animaux: avant de parvenir à la connaissance des choses intellectuelles et supérieures, qui sont éternelles, nous rencontrons la connaissance rationnelle des choses temporelles. Trouvons donc en celle-ci, si cela est possible, une espèce de trinité, comme nous en avons trouvé une dans les sens de notre corps et dans les images qui s’introduisent par leur entremise dans notre âme ou dans notre esprit : ainsi, en place des objets matériels perçus au dehors par le sens corporel, nous aurons intérieurement des ressemblances de corps imprimées dans la mémoire, desquelles la pensée se formera à l’aide d’un tiers, de la volonté qui saura les unir; tout comme le regard des yeux est aussi formé par la volonté qui l’applique à l’objet visible pour produire la vision, et les unit l’un à l’autre, en se posant elle-même en tiers.
Mais ne rattachons point à ce livre des idées trop succinctes sur ce sujet. Réservons-nous, si Dieu nous aide, de donner à ces recherches une étendue suffisante dans le livre suivant, et d’exposer le résultat de nos découvertes. (505)
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The Fifteen Books of Aurelius Augustinus, Bishop of Hippo, on the Trinity
Chapter 15.--In Opposition to the Reminiscence of Plato and Pythagoras. Pythagoras the Samian. Of the Difference Between Wisdom and Knowledge, and of Seeking the Trinity in the Knowledge of Temporal Things.
24. And hence that noble philosopher Plato endeavored to persuade us that the souls of men lived even before they bare these bodies; and that hence those things which are learnt are rather remembered, as having been known already, than taken into knowledge as things new. For he has told us that a boy, when questioned I know not what respecting geometry, replied as if he were perfectly skilled in that branch of learning. For being questioned step by step and skillfully, he saw what was to be seen, and said that which he saw. 1 But if this had been a recollecting of things previously known, then certainly every one, or almost every one, would not have been able so to answer when questioned. For not every one was a geometrician in the former life, since geometricians are so few among men that scarcely one can be found anywhere. But we ought rather to believe, that the intellectual mind is so formed in its nature as to see those things, which by the disposition of the Creator are subjoined to things intelligible in a natural order, by a sort of incorporeal light of an unique kind; as the eye of the flesh sees things adjacent to itself in this bodily light, of which light it is made to be receptive, and adapted to it. For none the more does this fleshly eye, too, distinguish black things from white without a teacher, because it had already known them before it was created in this flesh. Why, lastly, is it possible only in intelligible things that any one properly questioned should answer according to any branch of learning, although ignorant of it? Why can no one do this with things sensible, except those which he has seen in this his present body, or has believed the information of others who knew them, whether somebody's writings or words? For we must not acquiesce in their story, who assert that the Samian Pythagoras recollected some things of this kind, which he had experienced when he was previously here in another body; and others tell yet of others, that they experienced something of the same sort in their minds: but it may be conjectured that these were untrue recollections, such as we commonly experience in sleep, when we fancy we remember, as though we had done or seen it, what we never did or saw at all; and that the minds of these persons, even though awake, were affected in this way at the suggestion of malignant and deceitful spirits, whose care it is to confirm or to sow some false belief concerning the changes of souls, in order to deceive men. This, I say, may be conjectured from this, that if they really remembered those things which they had seen here before, while occupying other bodies, the same thing would happen to many, nay to almost all; since they suppose that as the dead from the living, so, without cessation and continually, the living are coming into existence from the dead; as sleepers from those that are awake, and those that are awake from them that sleep.
25. If therefore this is the right distinction between wisdom and knowledge, that the intellectual cognizance of eternal things belongs to wisdom, but the rational cognizance of temporal things to knowledge, it is not difficult to judge which is to be preferred or postponed to which. But if we must employ some other distinction by which to know these two apart, which without doubt the apostle teaches us are different, saying, "To one is given by the Spirit the word of wisdom; to another the word of knowledge, by the same Spirit:" still the difference between those two which we have laid down is a most evident one, in that the intellectual cognizance of eternal things is one thing, the rational cognizance of temporal things another; and no one doubts but that the former is to be preferred to the latter. As then we leave behind those things which belong to the outer man, and desire to ascend within from those things which we have in common with beasts, before we come to the cognizance of things intelligible and supreme, which are eternal, the rational cognizance of temporal things presents itself. Let us then find a trinity in this also, if we can, as we found one in the senses of the body, and in those things which through them entered in the way of images into our soul or spirit; so that instead of corporeal things which we touch by corporeal sense, placed as they are without us, we might have resemblances of bodies impressed within on the memory from which thought might be formed, while the will as a third united them; just as the sight of the eyes was formed from without, which the will applied to the visible thing in order to produce vision, and united both, while itself also added itself thereto as a third. But this subject must not be compressed into this book; so that in that which follows, if God help, it may be suitably examined, and the conclusions to which we come may be unfolded.
[This fine specimen of the "obstetric method" of Socrates is given in Plato's dialogue, Meno.--W.G.T.S.] ↩