• Accueil
  • Œuvres
  • Introduction Instructions Collaboration Sponsors / Collaborateurs Copyrights Contact Mentions légales
Bibliothek der Kirchenväter
Recherche
DE EN FR
Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) De Trinitate

Traduction Masquer
De la trinité

CHAPITRE XIV.

LA MORT VOLONTAIRE DU CHRIST A SAUVÉ LES HOMMES CONDAMNÉS A MORT.

  1. Quelle est donc la justice qui a vaincu le démon? Pas d’autre que celle de Jésus-Christ. Et comment le démon a-t-il été vaincu? Parce que ne trouvant rien en Jésus-Christ qui méritât la mort, il l’a néanmoins fait mourir. Evidemment il est donc juste que les débiteurs qu’il enchaînait soient libérés, quand ils croient en Celui qu’il a fait mourir quoiqu’il ne dût rien. Voilà en quel sens on dit que nous sommes justifiés par le sang du Christ (Rom., V, 9 ). Ainsi ce sang innocent a été répandu pour la rémission de nos péchés. Voilà aussi pourquoi le Christ se dit, par la voix du Psalmiste, libre entre les morts (Ps., LXXXVII, 6 ). Car seul il est mort affranchi de la dette de la mort. C’est ce qui lui fait dire dans un autre psaume: « J’ai payé ce que je ne devais pas (Ps., LXVIII, 5 ) » : et par dette ici il entend le péché, espèce de rapine commise contre la loi. Aussi a-t-il dit de sa propre bouche, d’après l’Evangile : « Voilà que le « prince de ce monde est venu, et il n’a rien trouvé en moi », c’est-à-dire il n’y a trouvé aucun péché; « mais afin que tous sachent que je fais la volonté de mon Père, levez-vous, sortons d’ici (Jean, XIV, 30, 31 ) ». Et il s’en va à sa passion, pour acquitter, lui qui ne devait rien, la dette que nous avions contractée. Ce droit si bien fondé sur l’équité aurait-il triomphé du démon, si le Christ eût voulu agir en vertu de la puissance, et non par la (517) justice? Mais il a rejeté au second rang ce qu’il pouvait, pour mettre au premier rang ce qu’il fallait. Voilà pourquoi il fallait qu’il fût homme et Dieu. S’il n’eût pas été homme, il n’aurait pu être mis à mort; s’il n’eût pas été Dieu, on n’aurait pas cru qu’il ne voulait pas ce qu’il pouvait, mais bien qu’il ne pouvait pas ce qu’il voulait; nous ne croirions pas qu’il a préféré la justice à la puissance, mais bien que la puissance lui aurait fait défaut. Mais maintenant il a enduré pour nous des souffrances humaines, parce qu’il était homme; et s’il ne l’eût pas voulu, il aurait pu ne pas souffrir, parce qu’il était Dieu. La justice a emprunté des charmes à l’abaissement, parce qu’il aurait pu, s’il l’eût voulu, ne pas supporter cet abaissement, en vertu du pouvoir qui est si grand dans la divinité. C’est ainsi qu’en mourant, quoique armé d’une si grande puissance, il nous a fait apprécier, à nous mortels impuissants, la justice et la puissance qu’il nous a promises. Il a fait l’un en mourant, et l’autre en ressuscitant. En effet, qu’y a-t-il de plus juste que de souffrir pour la justice jusqu’à la mort de la croix? Et qu’y a-t-il de plus puissant que de ressusciter d’entre les morts et de monter au ciel avec la chair même dans laquelle il a été immolé? Il a donc vaincu le démon d’abord par la justice, ensuite par la puissance : par la justice, puisqu’il était sans péché et que le démon a commis une souveraine injustice en le faisant mourir; par la puissance, puisqu’étant mort, il est ressuscité pour ne plus jamais mourir (Rom., VI, 9 ). Cependant il aurait vaincu le démon par la puissance, quand même il n’aurait pu être tué par lui : quoique au fait c’est une pins grande preuve de puissance de vaincre la mort même en ressuscitant, que de l’éviter en vivant. Mais c’est pour une autre raison que nous sommes justifiés par le sang du Christ, quand nous sommes arrachés au pouvoir du démon par la rémission des péchés : et cette raison, c’est que le Christ a vaincu le démon par la justice, et non par la puissance. En effet, c’est en vertu de l’infirmité qu’il a revêtue en prenant notre chair mortelle, et non en vertu de sa puissance immortelle, que le Christ a été crucifié. Et l’Apôtre dit de cette infirmité : « Ce qui est faiblesse en Dieu est plus fort que les hommes (II Cor., I, 25 )».

Edition Masquer
De Trinitate

XIV.

[XIV 18] Quae est igitur iustitia qua victus est diabolus? Quae nisi iustitia Iesu Christi? Et quomodo victus est? Quia cum in eo nihil morte dignum inveniret, occidit eum tamen. Et utique iustum est ut debitores quos tenebat liberi dimittantur in eum credentes quem sine ullo debito occidit. Hoc est quod iustificari dicimur in Christi sanguine. Sic quippe in remissionem peccatorum nostrorum innocens ille sanguis effusus est. Unde se dicit in psalmis in mortuis liberum; solus enim a debito mortis liber est mortuus. Hinc et in alio psalmo dicit: Quae non rapui tunc exsolvebam, rapinam volens intellegi peccatum quia usurpatum est contra licitum. Unde per os etiam carnis suae in evangelio legitur dicit: Ecce venit princeps huius mundi et in me nihil invenit, id est nullum peccatum, sed ut sciant omnes, inquit, quia voluntatem patris mei facio, surgite, eamus hinc. Et pergit inde ad passionem ut pro debitoribus nobis quod ipse non debebat exsolveret.

Numquid isto iure aequissimo diabolus vinceretur si potentia Christus cum illo agere non iustitia voluisset? Sed postposuit quod potuit ut prius ageret quod oportuit; ideo autem illum esse opus erat et hominem et deum. Nisi enim homo esset, non posset occidi; nisi et deus esset, non crederetur noluisse quod potuit sed non potuisse quod voluit, nec ab eo potentiae praelatam fuisse iustitiam sed ei defuisse potentiam putaremus. Nunc vero humana pro nobis passus est quia homo erat; sed si noluisset, etiam hoc non pati potuisset quia et deus erat. Ideo gratior facta est in humilitate iustitia quia posset si noluisset humilitatem non perpeti tanta in divinitate potentia, ac sic a moriente tam potente nobis mortalibus impotentibus et commendata est iustitia et promissa potentia. Horum enim duorum unum fecit moriendo, alterum resurgendo. Quid enim iustius quam usque ad mortem crucis pro iustitia pervenire? Et quid potentius quam resurgere a mortuis et in caelum cum ipsa carne in qua est occisus ascendere? Et iustitia ergo prius et potentia postea diabolum vicit, iustitia scilicet quia nullum peccatum habuit et ab illo est iniustissime occisus, potentia vero quia revixit mortuus numquam postea moriturus. Sed potentiaa diabolum vicisset etiamsi ab illo non potuisset occidi, quamvis maioris sit potentiae etiam ipsam mortem vincere resurgendo quam vitare vivendo. Sed aliud est propter quod iustificamur in Christi sanguine cum per remissionem peccatorum eruimur de diaboli potestate; hoc ad id pertinet quod a Christo iustitia diabolus vincitur non potentia. Ex infirmitate quippe quam suscepit in carne mortali non ex immortali potentia crucifixus est Christus, de qua tamen infirmitate ait apostolus: Quod infirmum est dei fortius est hominibus.

  Imprimer   Rapporter une erreur
  • Afficher le texte
  • Référence bibliographique
  • Scans de cette version
Les éditions de cette œuvre
De Trinitate
Traductions de cette œuvre
De la trinité
Fünfzehn Bücher über die Dreieinigkeit Comparer
The Fifteen Books of Aurelius Augustinus, Bishop of Hippo, on the Trinity Comparer
Commentaires sur cette œuvre
Einleitung
On the Trinity - Introductory Essay

Table des matières

Faculté de théologie, Patristique et histoire de l'Église ancienne
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Mentions légales
Politique de confidentialité