Übersetzung
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De la trinité
CHAPITRE XVIII.
POURQUOI LE FILS DE DIEU A PRIS SON HUMANITÉ DANS LA RACE D’ADAM ET DANS LE SEIN D’UNE VIERGE.
- Assurément Dieu pouvait prendre la nature humaine, qui devait servir de médiatrice entre Dieu et l’homme, ailleurs que dans la race d’Adam, de celui qui avait souillé par son péché tout le genre humain; il avait bien créé Adam lui-même, sans lui donner de parents. Il pouvait donc, ou de cette manière, ou de toute autre, créer un autre Adam pour vaincre celui qui avait vaincu le premier, Mais il a jugé convenable de tirer de la race vaincue l’homme qui devait servir à vaincre l’ennemi du genre humain. Néanmoins, il a voulu le faire naître d’une Vierge, que l’Esprit et non la chair, la foi et non la passion, ont rendue féconde (Luc., I, 26-38 ). Ici point de cette concupiscence sensuelle, origine commune des esclaves du péché originel; c’est bien au-dessus de ses atteintes, par la foi et non par l’union charnelle, que la sainte virginité a été fécondée; il fallait que le fruit qui devait naître de la race du premier homme, tînt de lui son origine, et non son crime. En effet, ce qui naissait ici n’était plus une nature viciée par la contagion originelle, mais un remède, l’unique remède à tous les vices de l’humanité. Ce qui naissait, dis-je, c’était un homme qui n’avait point de péché, qui n’en pouvait jamais avoir, et qui devait rendre la vie, en les délivrant du péché, à ceux qui ne pouvaient naître sans péché. Car, bien que la chasteté conjugale dirige à bonne fin la concupiscence charnelle dont le siége est dans les parties sexuelles, toutefois cette concupiscence a des mouvements involontaires qui prouvent assez ou qu’elle n’a pu exister dans le paradis terrestre avant le péché, ou que, si elle y existait, elle n’était pas de nature à se soustraire parfois à l’empire de la volonté.
Mais telle que nous l’éprouvons maintenant, elle combat, nous le sentons, la loi de l’esprit, elle stimule la passion charnelle, même en dehors de l’union conjugale; si on lui cède elle ne s’assouvit qu’en péchant; si on lui résiste, elle s’agite sous le frein : et peut-on douter que ces deux inconvénients aient été inconnus dans le paradis à l’homme encore innocent? Car, là, l’innocence excluait tout péché, et le bonheur, tout trouble. Donc il était nécessaire que cette concupiscence charnelle fût bannie, quand une Vierge concevait Celui en qui l’auteur de la mort ne devait rien trouver qui méritât la mort, bien qu’il dût la lui donner, pour être à son tour vaincu par la mort de l’auteur de la vie: lui le vainqueur du premier Adam et le maître du genre humain, vaincu par le second Adam et perdant ses droits sur le peuple chrétien, lequel est délivré, au milieu du genre humain, du crime de l’humanité par celui qui était exempt de crime, quoique membre de la race humaine : en sorte que le trompeur a été vaincu par l’espèce qu’il avait vaincue par le crime. Et tout cela s’est fait pour que l’homme ne s’enfle pas d’orgueil, pour que « celui qui « se glorifie, se glorifie dans le Seigneur ». En effet le vaincu n’était qu’un homme, et il a été vaincu parce qu’il voulait être dieu, tandis que le vainqueur était homme et Dieu; et le fils d’une Vierge a vaincu, parce que Dieu ne se contentait pas de le gouverner comme les autres saints, mais s’était humblement revêtu de lui. Or, ces précieux dons de Dieu et tant d’autres qu’il serait trop long de rechercher et d’exposer ici, n’eussent point existé, si le Verbe n’avait pas été fait chair.
Edition
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De Trinitate
XVIII.
[XVIII 23] Poterat enim utique deus hominem aliunde suscipere in quo esset mediator dei et hominum, non de genere illius Adam qui peccato suo genus obligavit humanum, sicut ipsum quem primum creavit non de genere creavit alicuius. Poterat ergo vel sic vel alio quo vellet modo creare unum alium de quo vinceretur victor prioris, sed melius iudicavit et de ipso quod victum fuerat genere assumere hominem deus per quem generis humani vinceret inimicum, et tamen ex virgine cuius conceptum spiritus non caro, fides non libido praevenit. Nec interfuit carnis concupiscentia per quam seminantur et concipiuntur ceteri qui trahunt originale peccatum, sed ea penitus remotissima credendo non concumbendo sancta est fecundata virginitas ut illud quod nascebatur ex propagine primi hominis tantummodo generis non et criminis originem duceret. Nascebatur namque non transgressionis contagione vitiata natura sed omnium talium vitiorum sola medicina. Nascebatur, inquam, homo nullum habens, nullum habiturus omnino peccatum, per quem renascerentur liberandi a peccato qui nasci non possent sine peccato. Quamvis enim carnali concupiscentia quae inest genitalibus membris bene utatur castitas coniugalis, habet tamen motus non voluntarios quibus ostendit vel nullam se in paradiso ante peccatum esse potuisse vel non talem fuisse si fuit ut aliquando resisteret voluntati. Nunc autem illam talem esse sentimus ut repugnans legi mentis etiam si nulla est causa generandi stimulos ingerat coeundi, ubi si ei ceditur, peccando satietur; si non ceditur, dissentiendo frenetur, quae duo aliena fuisse a paradiso ante peccatum, dubitare quis possit? Nam neque illa honestas faciebat aliquid indecorum neque illa felicitas patiebatur aliquid impacatum. Oportebat itaque ut ista carnalis concupiscentia nulla ibi esset omnino quando concipiebatur virginis partus in quo nihil morte dignum fuerat inventurus, et eum tamen occisurus auctor mortis auctoris vitae morte vincendus. Victor primi Adam et tenens genus humanum victus a secundo Adam et amittens genus christianum liberatum ex humano genere ab humano crimine per eum qui non erat in crimine, quamvis esset ex genere, ut deceptor ille ab eo vinceretur genere quod vicerat crimine. Et hoc ita gestum est ut homo non extollatur, sed qui gloriatur in domino glorietur. Qui enim victus est homo tantum erat, et ideo victus est quia superbe deus esse cupiebat; qui autem vicit et homo et deus erat, et ideo sic vicit natus ex virgine quia deus humiliter, non quomodo alios sanctos regebat illum hominem, sed gerebat. Haec tanta dei dona et si qua alia sunt quae de hac re nobis et quaerere nunc et disserere longum est nisi verbum caro fieret, nulla essent.