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De la trinité
CHAPITRE V.
COMBIEN IL EST DIFFICILE DE DÉMONTRER LA TRINITÉ PAR LA RAISON NATURELLE.
Tout ce que j’ai dit et tout ce que le langage humain peut exprimer qui soit digne de la Divinité, s’applique a toute la Trinité, qui est un seul Dieu, et à chacune des personnes de cette même Trinité prise en particulier. Qui oserait, en effet, affirmer soit de Dieu seul, qui est la Trinité même, soit du Père, ou du Fils ou du Saint-Esprit, qu’il ne vit pas, qu’il ne connaît ou ne comprend pas, ou que, dans cette même nature où l’on enseigne qu’ils sont égaux, l’un d’eux est mortel, ou corruptible, ou sujet à changement, ou matériel? Ou bien qui osera dire que l’un d’eux n’est pas très-puissant, très-juste, très-beau, très-bon, très-heureux? Si donc ces choses et toutes celles de ce genre peuvent se dire de la Trinité même et de chacune des personnes en particulier, où et comment découvrirons-nous la Trinité? Réduisons donc ces divers points à un petit nombre. Car ce qu’on appelle vie en Dieu, c’est son essence même et sa nature. Dieu ne vit donc que de sa vie, c’est-à-dire de son essence propre. Or cette vie n’est point celle de l’arbre, qui n’a ni intelligence ni sentiment. Elle n’est point celle de l’animal; qui possède les cinq sens, il est vrai, mais est privé d’intelligence. La vie qui est Dieu connaît et comprend tout; elle connaît par l’esprit et non par le corps : car Dieu est esprit (Jean, IV, 24 ). Dieu ne connaît pas par le corps, comme les animaux qui ont un corps, car il n’est point composé d’une âme et d’un corps; par conséquent c’est une nature simple qui connaît comme elle comprend et comprend comme elle connaît : vu que connaître et comprendre sont pour elle la même chose. Et ce n’est point à dire qu’il doive cesser un jour ou qu’il ait commencé : car il est immortel. C’est avec raison qu’on a dit de lui qu’il possède seul l’immortalité (I Tim., VI, 6 ): car celui-là seul est vraiment immortel, dont la nature n’est sujette à aucun changement. Cette vraie éternité, qui rend Dieu immuable, est sans commencement et sans fin, et par conséquent incorruptible. Ainsi dire que Dieu est éternel, ou immortel, ou incorruptible, ou immuable, c’est dire une seule et même chose; et affirmer qu’il est vivant ou intelligent, c’est-à-dire sage, c’est encore tout un. Car il n’a pas reçu la sagesse dont il est sage, mais il est lui-même la sagesse. Et cette sagesse est sa vie, et aussi la vertu ou puissance qui le rend puissant, et la beauté qui le rend beau. Quoi en effet de plus puissant et de plus beau que la sagesse qui atteint d’une extrémité à l’autre avec force et dispose toutes choses avec douceur (Sag., VIII, 1 )?Et sa bonté et sa justice se distinguent-elles dans sa nature comme dans ses oeuvres? Sont-elles deux qualités diverses, dont l’une s’appelle la bonté, et l’autre la justice? Pas le moins du monde; mais la justice est la même chose que la bonté, et la bonté la même chose que le bonheur, Or on dit que Dieu est immatériel ou incorporel, pour faire comprendre et admettre qu’il n’est point corps mais esprit.
Quand nous disons : éternel, immortel, incorruptible, immuable, vivant, sage, puissant, beau, juste, bon, heureux, esprit, il semblerait que cette dernière expression seule se rapporte à la substance, et que les autres n’indiquent que les qualités de cette substance; (545) mais il n’en est pas ainsi dans cette nature ineffable et simple. Car tout ce qui semble, là, désigner une qualité, doit s’entendre de la substance ou essence. Gardons-nous de dire que Dieu est esprit quant à la substance, et bon quant à la qualité; car ces deux choses tiennent à sa substance, Et ainsi des autres attributs que j’ai cités tout à l’heure et dont j’ai déjà longuement parlé dans les livres précédents. Choisissons-en donc un parmi les quatre premiers que j’ai mentionnés dans cet ordre : éternel, immortel, incorruptible, immuable; puisque les quatre ne font qu’un, comme je l’ai déjà dit. Pour ne pas fatiguer l’attention du lecteur, prenons le premier des quatre : c’est-à-dire l’éternité. Appliquons le même procédé aux quatre suivants: vivant, sage, puissant, beau. Et comme l’animal a une vie quelconque, mais point de sagesse; comme ces deux qualités, sagesse et puissance sont ainsi rapprochées dans l’homme par la divine Ecriture : « Le sage est meilleur que le fort (Sag., V, 1 ) » comme, d’autre part, on a l’usage de dire de certains corps qu’ils sont beaux choisissons, dans ces quatre attributs, la sagesse. Non qu’ils soient inégaux dans Dieu ce sont quatre noms, mais la chose est une. Quant aux trois derniers, bien qu’en Dieu ce soit la même chose d’être juste, bon, heureux, la même chose d’être esprit, juste, bon et heureux: cependant comme, dans l’homme, il peut y avoir un esprit qui ne soit pas heureux; que cet esprit peut être bon et juste sans être heureux, et que celui qui est heureux est certainement un esprit juste et bon : choisissons entre les quatre ce qui suppose nécessairement les trois autres : heureux.
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The Fifteen Books of Aurelius Augustinus, Bishop of Hippo, on the Trinity
Chapter 5.--How Difficult It is to Demonstrate the Trinity by Natural Reason.
7. But all that I have said, and whatever else seems to be worthily said of God after the like fashion of human speech, applies to the whole Trinity, which is one God, and to the several Persons in that Trinity. For who would dare to say either of the one God, which is the Trinity itself, or of the Father, or Son, or Holy Spirit, either that He is not living, or is without sense or intelligence; or that, in that nature in which they are affirmed to be mutually equal, any one of them is mortal, or corruptible, or changeable, or corporeal? Or is there any one who would deny that any one in the Trinity is most powerful, most righteous, most beautiful, most good, most blessed? If, then, these things, and all others of the kind, can be predicated both of the Trinity itself, and of each several one in that Trinity, where or how shall the Trinity manifest itself? Let us therefore first reduce these numerous predicates to some limited number. For that which is called life in God, is itself His essence and nature. God, therefore, does not live, unless by the life which He is to Himself. And this life is not such as that which is in a tree, wherein is neither understanding nor sense; nor such as is in a beast, for the life of a beast possesses the fivefold sense, but has no understanding. But the life which is God perceives and understands all things, and perceives by mind, not by body, because "God is a spirit." 1 And God does not perceive through a body, as animals do, which have bodies, for He does not consist of soul and body. And hence that single nature perceives as it understands, and understands as it perceives, and its sense and understanding are one and the same. Nor yet so, that at any time He should either cease or begin to be; for He is immortal. And it is not said of Him in vain, that "He only hath immortality." 2 For immortality is true immortality in His case whose nature admits no change. That is also true eternity by which God is unchangeable, without beginning, without end; consequently also incorruptible. It is one and the same thing, therefore, to call God eternal, or immortal, or incorruptible, or unchangeable; and it is likewise one and the same thing to say that He is living, and that He is intelligent, that is, in truth, wise. For He did not receive wisdom whereby to be wise, but He is Himself wisdom. And this is life, and again is power or might, and yet again beauty, whereby He is called powerful and beautiful. For what is more powerful and more beautiful than wisdom, "which reaches from end to end mightily, and sweetly disposes all things"? 3 Or do goodness, again, and righteousness, differ from each other in the nature of God, as they differ in His works, as though they were two diverse qualities of God--goodness one, and righteousness another? Certainly not; but that which is righteousness is also itself goodness; and that which is goodness is also itself blessedness. And God is therefore called incorporeal, that He may be believed and understood to be a spirit, not a body.
8. Further, if we say, Eternal, immortal, incorruptible, unchangeable, living, wise, powerful, beautiful, righteous, good, blessed spirit; only the last of this list as it were seems to signify substance, but the rest to signify qualities of that substance; but it is not so in that ineffable and simple nature. For whatever seems to be predicated therein according to quality, is to be understood according to substance or essence. For far be it from us to predicate spirit of God according to substance, and good according to quality; but both according to substance. 4 And so in like manner of all those we have mentioned, of which we have already spoken at length in the former books. Let us choose, then, one of the first four of those in our enumeration and arrangement, i.e. eternal, immortal, incorruptible, unchangeable; since these four, as I have argued already, have one meaning; in order that our aim may not be distracted by a multiplicity of objects. And let it be rather that which was placed first, viz. eternal. Let us follow the same course with the four that come next, viz. living, wise, powerful, beautiful. And since life of some sort belongs also to the beast, which has not wisdom; while the next two, viz. wisdom and might, are so compared to one another in the case of man, as that Scripture says, "Better is he that is wise than he that is strong;" 5 and beauty, again, is commonly attributed to bodily objects also: out of these four that we have chosen, let Wise be the one we take. Although these four are not to be called unequal in speaking of God; for they are four names, but one thing. But of the third and last four,--although it is the same thing in God to be righteous that it is to be good or to be blessed; and the same thing to be a spirit that it is to be righteous, and good, and blessed; yet, because in men there can be a spirit that is not blessed, and there can be one both righteous and good, but not yet blessed; but that which is blessed is doubtless both just, and good, and a spirit,--let us rather choose that one which cannot exist even in men without the three others, viz. blessed.
John iv. 24 ↩
1 Tim. vi. 16 ↩
Wisd. viii. 1 ↩
[In the Infinite Being, qualities are inseparable from essence; in the finite being, they are separable. If man or angel ceases to be good, or wise, or righteous, he does not thereby cease to be man or angel. But if God should lose goodness, wisdom or righteousness, he would no longer be God. This is the meaning of Augustin, when he says that "goodness" as well as "spirit" must be predicated of God, "according to substance"--that is, that qualities in God are essential qualities. They are so one with the essence, that they are inseparable.--W.G.T.S.] ↩
Wisd. vi. 1 ↩