Übersetzung
ausblenden
De la trinité
CHAPITRE IV.
EMPIRE SOUVERAIN DE DIEU SUR TOUTE CRÉATURE.
- Cette parabole, où je fais agir un sage qui porte encore le poids d’un corps mortel, et qui ne voit encore qu’imparfaitement l’éternelle vérité, peut également s’appliquer à une famille dont tous les membres seraient vraiment chrétiens, et à une ville, à un Etat où le pouvoir et la direction des affaires seraient confiés à des hommes pieux, saints et soumis à Dieu. Mais une si belle organisation ne se rencontre point ici-bas : car sur cette terre d’exil nous sommes soumis à l’épreuve et à la mort, et nous devons par la patience et la douceur vaincre le mal et surmonter l’affliction. Aussi nos pensées s’élèvent d’elles-mêmes vers cette patrie supérieure et céleste dont nous sommes éloignés. C’est là, en effet, que réside dans toute sa plénitude cette volonté du Seigneur qui e rend ses anges aussi « légers que les vents, et ses ministres aussi ardents que les flammes ( Ps., CIII, 4) ». Unis entre eux (391) par les liens intimes de la paix et de la charité, ces esprits célestes n’ont qu’une seule et même volonté, en sorte que le feu de l’amour divin transforme leurs coeurs en un seul coeur. Mais ce coeur est le trône sublime, saint et mystérieux, où la volonté du Seigneur siège comme dans son temple et son sanctuaire, et d’où elle meut dans tout l’univers, et avec un ordre et une sagesse suprêmes, l’ensemble des créatures, tant les esprits que les corps. Elle les dirige toutes vers l’accomplissement de ses immuables décrets, et sait y employer également les êtres spirituels et corporels, les animaux irraisonnables et les justes comme les impies. Seulement elle conduit les premiers par sa grâce et contraint les autres par son autorité.
Mais de même que dans l’ordre physique les corps lourds et inférieurs reçoivent l’influence des corps plus légers et supérieurs, ainsi dans l’ordre moral tous les corps obéissent à l’action de l’esprit de vie. Dans l’animal irraisonnable, cet esprit de vie est soumis à celui de l’homme doué de raison; et dans l’homme, qui par le péché s’est éloigné de Dieu, ce même esprit de vie est dirigé selon l’avantage des justes et des élus. Enfin, ceux-ci n’agissent eux-mêmes que sous la dépendance de Dieu. Il nous est donc facile de comprendre comment toutes les créatures obéissent en dernier ressort au Dieu qui leur a donné l’être, qui les a créées pour lui. Ainsi la volonté de Dieu est la cause première et souveraine de toutes les formes que revêtent les créatures corporelles, et de tous les mouvements qu’elles reçoivent. Et, en effet, l’ensemble de la création peut être considéré comme un état vaste et immense, où il ne se produit aucun mouvement visible et sensible, sans que l’impulsion première ne parte du palais secret et invisible du Maître et du souverain. Car c’est toujours lui qui tantôt commande et tantôt permet, selon que les arrêts de sa suprême justice, distribuent les récompenses et les châtiments, les grâces et les faveurs.
- L’apôtre saint Paul, courbé sous le poids d’un corps qui se corrompt et appesantit l’âme, ne voyait encore l’éternelle vérité qu’en partie et comme sous des images obscures. Aussi désirait-il d’être dégagé des liens du corps et d’être avec Jésus-Christ; et « gémissant en lui-même, il vivait dans l’attente de l’adoption des enfants de Dieu, qui sera la délivrance de nos corps ( Rom., VIII, 23 ) ». Toutefois il a bien pu prêcher Jésus-Christ tantôt de vive voix, ou par écrit, et tantôt par le sacrement de son corps et de son sang. Mais ici ces mots : Sacrement du corps et du sang de Jésus-Christ, ne signifient sous ma plume ni la parole de l’Apôtre, ni la langue qui était l’instrument de cette parole. L’on ne doit point également les entendre du papier ou de l’encre qui lui servaient pour écrire, ni des livres qu’il prie Timothée de lui rapporter. Je veux expressément marquer le pain et le vin qui sont des fruits de la terre, et que nous prenons comme nourriture spirituelle de nos âmes, après que la prière du prêtre les a mystiquement consacrés en souvenir de la passion du Sauveur Jésus. Quand l’action de l’homme agit sur ces espèces visibles, elle n’en fait le sacrement du corps et du sang de Jésus-Christ que par l’opération invisible de l’Esprit-Saint. Car tout ce que l’homme fait au dehors dans cet ineffable mystère, c’est Dieu qui l’opère secrètement. Le premier il meut par des ressorts cachés soit l’âme de l’homme, soit la volonté et l’obéissance des esprits invisibles. Est-il donc étonnant que ce même Dieu emploie à son gré, pour manifester sa présence, les créatures corporelles et sensibles dont il a peuplé le ciel et la terre, la mer et les airs? Mais quant à son essence, nous ne saurions jamais lavoir, parce qu’elle est souverainement immuable, et qu’aucun esprit créé ne peut en sonder les impénétrables mystères.
Übersetzung
ausblenden
The Fifteen Books of Aurelius Augustinus, Bishop of Hippo, on the Trinity
Chapter 4.--God Uses All Creatures as He Will, and Makes Visible Things for the Manifestation of Himself.
9. What, then, we have alleged by way of example of a single wise man, although of one still bearing a mortal body and still seeing only in part, may be allowably extended also to a family, where there is a society of such men, or to a city, or even to the whole world, if the chief rule and government of human affairs were in the hands of the wise, and of those who were piously and perfectly subject to God; but because this is not the case as yet (for it behoves us first to be exercised in this our pilgrimage after mortal fashion, and to be taught with stripes by force of gentleness and patience), let us turn our thoughts to that country itself that is above and heavenly, from which we here are pilgrims. For there the will of God, "who maketh His angels spirits, and His ministers a flaming fire," 1 presiding among spirits which are joined in perfect peace and friendship, and combined in one will by a kind of spiritual fire of charity, as it were in an elevated and holy and secret seat, as in its own house and in its own temple, thence diffuses itself through all things by certain most perfectly ordered movements of the creature; first spiritual, then corporeal; and uses all according to the unchangeable pleasure of its own purpose, whether incorporeal things or things corporeal, whether rational or irrational spirits, whether good by His grace or evil through their own will. But as the more gross and inferior bodies are governed in due order by the more subtle and powerful ones, so all bodies are governed by the living spirit; and the living spirit devoid of reason, by the reasonable living spirit; and the reasonable living spirit that makes default and sins, by the living and reasonable spirit that is pious and just; and that by God Himself, and so the universal creature by its Creator, from whom and through whom and in whom it is also created and established. 2 And so it comes to pass that the will of God is the first and the highest cause of all corporeal appearances and motions. For nothing is done visibly or sensibly, unless either by command or permission from the interior palace, invisible and intelligible, of the supreme Governor, according to the unspeakable justice of rewards and punishments, of favor and retribution, in that far-reaching and boundless commonwealth of the whole creature.
10. If, therefore, the Apostle Paul, although he still bare the burden of the body, which is subject to corruption and presseth down the soul, 3 and although he still saw only in part and in an enigma, 4 wishing to depart and be with Christ, 5 and groaning within himself, waiting for the adoption, to wit, the redemption of his body, 6 yet was able to preach the Lord Jesus Christ significantly, in one way by his tongue, in another by epistle, in another by the sacrament of His body and blood (since, certainly, we do not call either the tongue of the apostle, or the parchments, or the ink, or the significant sounds which his tongue uttered, or the alphabetical signs written on skins, the body and blood of Christ; but that only which we take of the fruits of the earth and consecrate by mystic prayer, and then receive duly to our spiritual health in memory of the passion of our Lord for us: and this, although it is brought by the hands of men to that visible form, yet is not sanctified to become so great a sacrament, except by the spirit of God working invisibly; since God works everything that is done in that work through corporeal movements, by setting in motion primarily the invisible things of His servants, whether the souls of men, or the services of hidden spirits subject to Himself): what wonder if also in the creature of heaven and earth, of sea and air, God works the sensible and visible things which He wills, in order to signify and manifest Himself in them, as He Himself knows it to be fitting, without any appearing of His very substance itself, whereby He is, which is altogether unchangeable, and more inwardly and secretly exalted than all spirits whom He has created?