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Works Augustine of Hippo (354-430) De Trinitate

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De la trinité

CHAPITRE VIII.

A DIEU SEUL LE POUVOIR DE CRÉER.

  1. Ce serait néanmoins une grave erreur que de penser que les anges rebelles peuvent commander en maître aux créatures matérielles et sensibles. En réalité, ces créatures n’obéissent qu’à Dieu, puisque lui seul permet aux démons de s’en servir selon les arrêts de sa souveraine justice et de son immuable équité. C’est ainsi que par l’emploi de l’argent les impies et les réprouvés semblent user à leur gré de l’eau, du feu et de la terre. Et toutefois ils n’en usent que dans les limites que Dieu leur a tracées. On ne saurait donc attribuer aux mauvais anges un pouvoir vraiment créateur, parce qu’ils firent que les magiciens de Pharaon résistèrent au serviteur du vrai Dieu, et qu’ils produisirent également des serpents et des grenouilles : car ils ne les créèrent point. Et, en effet, les germes de tous les corps qui existent reposent paisibles et inaperçus dans les divers éléments de l’univers. Notre oeil, il est vrai, peut en découvrir quelques-uns dans la fructification des plantes et la reproduction des animaux. Mais tous les autres nous sont entièrement inconnus et se rapportent à l’acte premier de la création. Aussi est-il dit dans la Genèse que Dieu ordonna d’abord aux eaux de produire les poissons qui nagent, et les oiseaux qui volent, et puis à la terre d’enfanter les animaux, chacun selon son espèce, de même qu’elle avait précédemment produit les plantes, chacune selon son genre ( Gen., I, 20-25).

Au reste, cette puissance de fécondité, qui fut alors communiquée à l’eau et à la terre, ne s’épuisa point en ces productions premières. Elles la conservent toujours; seulement le milieu propre à favoriser en elles de nouvelles générations, leur fait souvent défaut. Un sarment, par exemple, produit un cep de vigne, lorsqu’il est planté dans un terrain convenable. Mais ce sarment lui-même provient d’un pépin qui contient en germe un cep nouveau. Jusque-là, nous pouvons saisir le phénomène de la reproduction; mais vouions-nous ensuite analyser ce pépin, nous serons forcés d’y reconnaître une fécondité réelle, quoique si bien cachée qu’elle échappe à toutes nos observations. Et, en effet, sans cette fécondité inhérente et absolue, comment la terre produirait-elle mille plantes dont les graines n’ont point été semées? Comment encore la terre et l’eau enfanteraient-elles en dehors de tout accouplement des sexes tant d’animaux, dont la génération spontanée est contraire à toutes les lois connues, et qui néanmoins naissent, croissent et se multiplient? On peut citer en preuve la fécondation des abeilles qui recueillent sur les fleurs la poussière séminale. Or, celui qui a créé cette poussière est le Dieu qui a créé tout ce qui existe; et tous les êtres qui naissent sous nos yeux, reçoivent de cette fécondité première que possèdent les éléments, le germe et le développement de leur existence. Aussi les progrès de leur accroissement, et la variété de leurs formes sont-ils subordonnés aux règles de leur primitive génération.

C’est pourquoi nous ne disons point que le père et la mère soient les créateurs de leurs enfants, ni que les laboureurs soient les créateurs de leurs moissons, quoique au dehors Dieu emploie leur intermédiaire pour opérer en secret par sa propre puissance la naissance de l’enfant et la production des moissons. Et. de même, nous ne pouvons considérer comme vraiment créateurs, ni les bons anges, ni les mauvais, lorsque, connaissant en raison de la subtilité de leur intelligence et de leur corps, les germes cachés des êtres, ils les disséminent secrètement dans les milieux qui leur conviennent, et eu favorisent ainsi le rapide développement. Mais ici encore les bons anges ne font le bien que selon les ordres du Seigneur, et les mauvais n’opèrent le mal que selon la juste permission qu’il leur en donne. Car si le démon a par lui-même la volonté de faire le mal, Dieu ne lui accorde que pour des raisons justes et équitables le pouvoir de le faire, Or, ces raisons sont de la part du Seigneur, tantôt de châtier le démon ou le pécheur, et tantôt de punir l’impie et de glorifier le juste.

  1. C’est pourquoi l’Apôtre saint Paul séparant l’action intérieure et secrète de Dieu de l’action extérieure et visible de la créature, dit par analogie avec les travaux de l’agriculture : « J’ai planté, Apollo a arrosé, mais e Dieu a donné l’accroissement ( I Cor., III, 6 ) ». Ainsi encore dans l’homme, Dieu seul peut justifier l’âme, tandis que la prédication extérieure de l’Evangile peut être le fait d’un vrai zèle, ou même par occasion d’une jalouse rivalité. Et (395) de même, le Seigneur opère secrètement la création des êtres visibles, et dirige l’action extérieure des anges bons ou mauvais, des justes et des pécheurs, et tous les animaux selon les décrets de sa sagesse, la mesure des forces qu’il a départies à chacun, et l’opportunité des circonstances. En un mot, il agit sur la nature par la création, comme l’homme agit sur la terre par l’agriculture. D’où il suit qu’à l’aide de leurs opérations magiques les mauvais anges ne peuvent pas plus être considérés comme les créateurs des grenouilles et des serpents que les hommes pervers ne le sont des moissons dues à leurs travaux.

  2. Jacob avait placé des branches de couleur, variée dans les canaux où ses brebis venaient boire, afin qu’elles conçussent en les regardant; et néanmoins l’on ne peut dire qu’il créât en elles la variété des toisons. Bien plus, ni les brebis, ni les béliers ne furent par rapport à leurs agneaux les créateurs de cette variété. Seulement l’impression qui se fit en eux par la vue de ces diverses baguettes réagit nécessairement sur les fruits de leur reproduction, en sorte que les agneaux de la première saison étaient seuls marqués de différentes couleurs. Ce phénomène peut sans doute s’expliquer par la double réaction du cerveau sur les organes, et des organes sur le cerveau; mais en dernière analyse il faut y reconnaître l’acte et la disposition de cette sagesse souveraine et éternelle, qui, par son immensité remplit tous les lieux , et qui, immuable en son essence, n’abandonne aucun des êtres soumis au changement , parce qu’elle les-a tous créés. Que les brebis de Jacob produisissent des agneaux et non des verges, ce frit le fait de cette sagesse immuable et cachée qui a créé toutes choses. Mais que la variété des verges influât sur la couleur des agneaux, ce fut au dehors le résultat de l’impression que produisit sur le cerveau des brebis la vue de ces verges, et au dedans ce fut la conséquence du mode de conception qu’elles ont reçu de la puissance intime du Créateur. Au reste, il serait trop long et peu nécessaire d’expliquer ici comment dans la mère les sensations du cerveau modifient la forme du foetus, et il suffit de dire qu’on ne saurait affirmer qu’elle crée le corps de son enfant. Et en effet, l’origine première de tout être sensible et corporel, non moins que le mode, la raison et la disposition qui le tirent du néant, et le revêtent de tel caractère plutôt que de tel autre, dérivent de l’Etre suprême qui est par essence la vie intelligente et incommunicable. Cet Etre premier et souverain domine tous les êtres, et il les soumet tous, même les plus petits et les plus obscurs, à l’action de ses lois. Je n’ai donc rappelé le fait des troupeaux de Jacob que pour avoir occasion de dire que, malgré l’industrie avec laquelle il disposa ses baguettes, il ne fut point à l’égard des agneaux, ni des chevreaux, le créateur des variétés de leurs toisons. On ne peut non plus le dire des mères qui agirent seulement selon les lois de la nature, en maculant leurs fruits des taches dont leurs yeux avaient été constamment frappés. Mais surtout, nous sommes bien moins encore autorisés à soutenir que les mauvais anges créèrent les serpents et les grenouilles que tirent paraître les magiciens de Pharaon.

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De Trinitate

VIII.

[VIII 13] Nec ideo putandum est istis transgressoribus angelis ad nutum servire hanc visibilium rerum materiam, sed deo potius a quo haec potestas datur quantum in sublimi et spiritali sede incommutabilis iudicat. Nam et damnatis iniquis etiam, in metallo servit aqua et ignis et terra ut faciant inde quod volunt, sed quantum sinitur. Nec sane creatores illi mali angeli dicendi sunt quia per illos magi resistentes famulo dei ranas et serpentes fecerunt; non enim eas ipsi creaverunt. Omnium quippe rerum quae corporaliter visibiliterque nascuntur occulta quaedam semina in istis corporeis mundi huius elementis latent. Alia sunt enim haec iam conspicua oculis nostris ex fructibus et animantibus; alia vero illa occulta istorum seminum semina unde iubente creatore produxit aqua prima natatilia et volatilia, terra autem prima germina et prima sui generis animalia. Neque enim tunc in huiuscemodi fetus ita producta sunt ut in eis quae producta sunt vis illa consumpta sit, sed plerumque desunt congruae temperamentorum occasiones quibus erumpant et species suas peragant.

Ecce enim bevissimus surculus semen est; nam convenienter mandatus terrae arborem facit. Huius autem surculi subtilius semen aliquod eiusdem generis granum est et huc usque nobis visibile. Iam vero huius etiam grani semen quamvis oculis videre nequeamus, ratione tamen conicere possumus quia nisi talis aliqua vis esset in istis elementis, non plerumque nascerentur ex terra quae ibi seminata non essent, nec animalia tam multa nulla marium feminarumque commixtione praecedente sive in terra sive in aqua, quae tamen crescunt et coeundo alia pariunt, cum illa nullis coeuntibus parentibus orta sint. Et certe apes semina filiorum non coeundo concipiunt sed tamquam sparsa per terras ore colligunt. Invisibilium enim seminum creator ipse creator est omnium rerum quoniam quaecumque nascendo ad oculos nostros exeunt ex occultis seminibus accipiunt progrediendi primordia et incrementa debitae magnitudinis distinctionesque formarum ab originalibus tamquam regulis sumunt.

Sicut ergo nec parentes dicimus creatores hominum nec agricolas creatores frugum, quamvis eorum extrinsecus adhibitis motibus ista creanda dei virtus interius operetur, ita non solum malos sed nec bonos angelos fas est putare creatores si pro subtilitate sui sensus et corporis semina rerum istarum nobis occultiora noverunt et ea per congruas temperationes elementorum latenter spargunt atque ita et gignendarum rerum et accelerandorum incrementorum praebent occasiones. Sed nec boni haec nisi quantum deus iubet, nec mali haec iniuste faciunt nisi quantum iuste ipse permittit. Nam iniqui malitia voluntatem suam habent iniustam; potestatem autem non nisi iuste accipiunt sive ad suam poenam sive ad aliorum vel poenam malorum vel laudem bonorum.

[14] Itaque apostolus discernens interius deum creantem atque formantem ab operibus creaturae quae admoventur extrinsecus et de agricultura similitudinem assumens ait: Ego plantavi, Apollo rigavit, sed deus incrementum dedit. Sicut ergo in ipsa vita nostra mentem iustificando formare non potest nisi deus, praedicare autem extrinsecus evangelium et homines possunt non solum boni per veritatem sed etiam mali per occasionem; ita creationem rerum visibilium deus interius operatur, exteriores autem operationes sive bonorum sive malorum vel angelorum vel hominum, sive etiam quorumcumque animalium, secundum imperium suum et a se impertitas distributiones potestatum et apperitiones commoditatum ita rerum naturae adhibet in qua creat omnia quemadmodum terrae agriculturam. Quapropter ita non possum dicere angelos malos magicis artibus evocatos creatores fuisse ranarum atque serpentium, sicut non possum dicere homines malos segetis esse creatores quam per eorum operam videro exortam.

[15] Sicut nec Iacob creator colorum in pecoribus fuit quia bibentibus in conceptu matribus variatas virgas quas intuerentur apposuit. Sed nec ipsae pecudes creatrices fuerunt varietatis prolis suae quia inhaeseret animae illarum discolor phantasia ex contuitu variarum virgarum per oculos impressa, quae non potuit nisi corpus quod sic affecto spiritu animabatur ex compassione commixtionis afficere unde teneris fetuum primordiis colore tenus aspergeretur. Ut enim sic ex semet ipsis afficiantur vel anima ex corpore vel corpus ex anima, congruentiae rationis id faciunt quae incommutabiliter vivunt in ipsa summa dei sapientia quam nulla spatia locorum capiunt; et cum sit ipsa incommutabilis, nihil eorum quae vel mutabiliter sunt deserit quia nihil eorum nisi per ipsam creatum est. Ut enim de pecoribus non virgae sed pecora nascerentur, fecit hoc incommutabilis et invisibilis ratio sapientiae dei per quam creata sunt omnia; ut autem de varietate virgarum pecorum conceptorum color aliquid duceret, fecit hoc anima gravidae pecudis per oculos affecta forinsecus et interius secum pro suo modulo formandi regulam trahens quam de intima potentia sui creatoris accepit. Sed quanta sit vis animae ad afficiendam atque mutandam materiam corporalem (cum tamen creatrix corporis dici non possit quia omnis causa mutabilis sensibilisque substantiae omnisque modus et numerus et pondus eius unde efficitur ut et sit et natura ita vel ita sit ab intellegibili et incommutabili vita quae super omnia est exsistit et pervenit usque ad extrema atque terrena), multus sermo est neque nunc necessarius. Verum propterea factum Iacob de pecoribus commemorandum arbitratus sum ut intellegeretur si homo qui virgas illas sic posuit dici non potest creator colorum in agnis et haedis, nec ipsae matrum animae quae conceptam per oculos corporis phantasiam varietatis seminibus carne conceptis quantum natura passa est asperserunt, multo minus dici posse ranarum serpentiumque creatores angelos malos per quos magi pharaonis tunc illa fecerunt.

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