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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) De Trinitate

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De la trinité

CHAPITRE XVIII.

BUT DE L’INCARNATION.

  1. Ainsi l’homme est incapable de s’élever par lui-même jusqu’aux choses éternelles. Car son esprit est courbé sous le poids du péché, et enchaîné par l’amour des biens de la terre, de même que son corps est assujetti à la mort par suite de la souillure originelle. Il a donc besoin d’être purifié. Or cette purification, qui doit nous mettre en communication avec les choses éternelles, ne peut s’effectuer qu’au moyen des mêmes affections terrestres qui captivent nos sens et obscurcissent notre intelligence. Et en effet, la santé est tout l’opposé de la maladie ; néanmoins nul ne peut amener la guérison, s’il ne se met en rapport avec la maladie elle-même. C’est ainsi que les mêmes préoccupations du temps et de la terre qui amusent l’homme faible et malade, quand elles sont inutiles, le disposent à un meilleur état, quand elles sont utiles, et le conduisent enfin aux pensées éternelles, quand il est entièrement guéri. Or, si notre âme, une fois purifiée, doit s’adonner à la méditation des vérités éternelles, elle ne peut cependant obtenir cette purification que par des moyens temporels. Aussi un des sages de la Grèce a-t-il dit «que la vérité est à la foi ce que l’éternité est à la création ».

Et cette sentence est bien vraie, puisque ce philosophe entend par création tout ce qui est soumis à l’action du temps. Mais n’est-ce point là le véritable état de l’homme? et n’est-il point sujet au changement en son âme comme en son corps? on ne saurait en effet nommer éternel rien de ce qui est tant soit peu mobile et changeant. C’est pourquoi moins l’homme est fixe et stable, moins il est éternel. Toutefois on nous promet de nous conduire par la vérité à la vie éternelle; mais notre foi s’éloigne autant de cette vérité que notre mortalité est distante de l’éternité. Il faut donc que l’homme embrasse fermement la croyance des mystères qui pour lui ont été opérés dans le temps, afin que par cette croyance il soit purifié de la tache du péché. Et puis, lorsqu’il sera parvenu à la vision intuitive, la vérité succédera à la foi, et l’éternité à la mortalité. Ainsi- notre foi deviendra vérité pleine et entière, quand nous posséderons cette vision parfaite qui nous est- promise; et de même on nous promet une vie éternelle. Car la Vérité , non la vérité qui grandira la foi , mais la Vérité qui est souveraine et infaillible , parce qu’elle est éternelle, la Vérité a dit : « La vie éternelle est de vous connaître, vous le seul Dieu véritable, et Jésus-Christ que vous avez envoyé (Jean, XVII, 3 ) ».

Ainsi lorsque notre foi deviendra vérité par la vision béatifique, notre corps mortel sera transformé et rendu immortel. Mais en attendant ces merveilleuses opérations de la grâce, et même pour les réaliser, nous devons donner l’assentiment de notre foi aux mystères qui se sont accomplis dans le temps, de même (417) que nous espérons en posséder un jour dans l’éternité la vision pure et distincte. C’est pourquoi le Fils de Dieu, qui est la vérité suprême, et qui est co-éternel au Père, a daigné venir parmi nous, afin d’unir dans un rapport ineffable la foi qui est l’exercice de notre vie mortelle, et la vérité qui sera l’apanage de notre vie immortelle. Et en effet, il est venu se faisant Fils de l’homme, et s’il demande que nous ayons foi en lui, c’est pour que cette foi nous conduise à la possession de sa vérité propre et substantielle. Car en prenant l’infirmité de notre chair mortelle, il n’a point dépouillé son éternité. La vérité est donc à la foi ce que l’éternité est à la création ; et l’oeuvre de notre purification exigeait que le Dieu qui est éternel, parût dans le temps, afin que notre foi n’eût point un objet différent de celui qu’elle verra un jour dans tout l’éclat de la vérité.

Néanmoins l’homme faible et mortel ne pourrait jamais arriver par lui-même à l’éternité, site Fils de Dieu, en prenant notre mortalité, ne nous eût attiré à son éternité propre. Mais aujourd’hui notre foi pénètre dans les cieux à la suite de Jésus-Christ, en qui elle croit fermement, qui est né, qui est mort, est ressuscité , et est monté aux cieux. De ces quatre faits, nous savons bien que deux se réalisent à notre égard, car qui ignore que l’homme naît et meurt? Quant aux deux derniers, c’est-à-dire la résurrection et l’ascension, ils sont l’objet de notre espérance, parce que nous croyons en Celui en qui ils se sont accomplis. La nature humaine a pris en Jésus-Christ possession de l’éternité; c’est pourquoi notre corps lui-même participera à cette éternité, lorsque notre foi sera transformée en la plénitude de la vérité. C’est ce que nous enseigne la parole suivante de Jésus-Christ. Comme il voulait affermir ses apôtres en la foi, afin de les amener à la vérité, et parla vérité les délivrer de la mort et les conduire à l’éternité bienheureuse, il leur disait : « Si vous persévérez en ma parole, vous serez vraiment mes disciples ». Et puis il ajouta, comme s’ils lui eussent demandé quel serait le fruit de cette persévérance : « Vous connaîtrez la vérité ». Mais parce qu’ils pouvaient encore se dire à eux-mêmes : eh ! quel besoin un homme a-t-il de la vérité? le divin Sauveur conclut par ces mots: « Et la vérité vous délivrera(Jean, VIII, 31, 32 ). Or de quels maux la vérité pouvait-elle les délivrer, si ce n’est de la mort, de la corruption et de l’instabilité? car d’une part le propre de la vérité est d’être immortelle, incorruptible et immuable, et de l’autre la véritable immortalité, la véritable incorruptibilité et l’immutabilité véritable ne sont que l’éternité.

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The Fifteen Books of Aurelius Augustinus, Bishop of Hippo, on the Trinity

Chapter 18.--The Son of God Became Incarnate in Order that We Being Cleansed by Faith May Be Raised to the Unchangeable Truth.

24. Since, then, we were not fit to take hold of things eternal, and since the foulness of sins weighed us down, which we had contracted by the love of temporal things, and which were implanted in us as it were naturally, from the root of mortality, it was needful that we should be cleansed. But cleansed we could not be, so as to be tempered together with things eternal, except it were through things temporal, wherewith we were already tempered together and held fast. For health is at the opposite extreme from disease; but the intermediate process of healing does not lead us to perfect health, unless it has some congruity with the disease. Things temporal that are useless merely deceive the sick; things temporal that are useful take up those that need healing, and pass them on healed, to things eternal. And the rational mind, as when cleansed it owes contemplation to things eternal; so, when needing cleansing, owes faith to things temporal. One even of those who were formerly esteemed wise men among the Greeks has said, The truth stands to faith in the same relation in which eternity stands to that which has a beginning. And he is no doubt right in saying so. For what we call temporal, he describes as having had a beginning. And we also ourselves come under this kind, not only in respect to the body, but also in respect to the changeableness of the soul. For that is not properly called eternal which undergoes any degree of change. Therefore, in so far as we are changeable, in so far we stand apart from eternity. But life eternal is promised to us through the truth, from the clear knowledge of which, again, our faith stands as far apart as mortality does from eternity. We then now put faith in things done in time on our account, and by that faith itself we are cleansed; in order that when we have come to sight, as truth follows faith, so eternity may follow upon mortality. And therefore, since our faith will become truth, when we have attained to that which is promised to us who believe: and that which is promised us is eternal life; and the Truth (not that which shall come to be according as our faith shall be, but that truth which is always, because in it is eternity,--the Truth then) has said, "And this is life eternal, that they might know Thee the only true God, and Jesus Christ, whom Thou hast sent:" 1 when our faith by seeing shall come to be truth, then eternity shall possess our now changed mortality. And until this shall take place, and in order that it may take place,--because we adapt the faith of belief to things which have a beginning, as in things eternal we hope for the truth of contemplation, lest the faith of mortal life should be at discord with the truth of eternal life,--the Truth itself, co-eternal with the Father, took a beginning from earth, 2 when the Son of God so came as to become the Son of man, and to take to Himself our faith, that He might thereby lead us on to His own truth, who so undertook our mortality, as not to lose His own eternity. For truth stands to faith in the relation in which eternity stands to that which has a beginning. Therefore, we must needs so be cleansed, that we may come to have such a beginning as remains eternal, that we may not have one beginning in faith, and another in truth. Neither could we pass to things eternal from the condition of having a beginning, unless we were transferred, by union of the eternal to ourselves through our own beginning, to His own eternity. Therefore our faith has, in some measure, now followed thither, whither He in whom we have believed has ascended; born, 3 dead, risen again, taken up. Of these four things, we knew the first two in ourselves. For we know that men both have a beginning and die. But the remaining two, that is, to be raised, and to be taken up, we rightly hope will be in us, because we have believed them done in Him. Since, therefore, in Him that, too, which had a beginning has passed over to eternity, in ourselves also it will so pass over, when faith shall have arrived at truth. For to those who thus believe, in order that they might remain in the word of faith, and being thence led on to the truth, and through that to eternity, might be freed from death, He speaks thus: "If ye continue in my word, then are ye my disciples indeed." And as though they would ask, With what fruit? He proceeds to say, "And ye shall know the truth." And again, as though they would say, Of what good is truth to mortal men? "And the truth," He says, "shall make you free." 4 From what, except from death, from corruptions, from changeableness? Since truth remains immortal, incorrupt, unchangeable. But true immortality, true incorruptibility, true unchangeableness, is eternity itself.


  1. John xvii. 3 ↩

  2. Ps. lxxxv. 11 ↩

  3. Ortus. ↩

  4. John viii. 31, 32 ↩

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On the Trinity - Introductory Essay

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