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De la trinité
CHAPITRE XIX.
ÉGALITÉ DU FILS DE DIEU AVEC SON PÈRE.
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Voilà quel est l’objet de la mission du Fils de Dieu, ou plutôt quelle est la mission du Fils de Dieu. Et en effet, tous les mystères de la grâce n’ont pour but que d’affermir notre foi, et par cette foi de nous purifier de nos péchés, afin de nous conduire à la contemplation de là vérité. Mais tous ces mystères, soit que nous les considérions arrêtés en Dieu de toute éternité, pour se produire dans le temps, soit que nous les étudiions réalisés dans le temps et par rapport à l’éternité, ne se produisent devant nos yeux que comme autant de faits qui rendent témoignage à cette mission du Fils de Dieu, ou plutôt qui sont cette mission elle-même. De plus, ces faits se divisent en deux classes ceux qui ont annoncé l’avènement du Christ en la chair, et ceux qui prouvent que cet avènement a eu lieu. Il convenait en effet que Celui par qui toute créature a été faite, eût toutes les créatures pour témoins de sa naissance mortelle ; et si le Rédempteur unique du genre humain n’eût été annoncé par un grand nombre d’envoyés, comment eût-il seul brisé les fers d’un si grand nombre de captifs et d’esclaves? Ajoutons encore que s’il ne s’était entouré de témoignages qui par leur évidence et leur sublimité subjuguent nos esprits faibles et infirmes, nous ne croirions pas en lui. Mais parce que nous y croyons, celui qui est grand nous élève jusqu’à sa propre grandeur; et c’est le même Dieu qui s’est fait petit pour descendre jusqu’à la petitesse de l’homme. Sans doute le ciel, la terre et toutes les créatures qui sont l’ouvrage du Fils de Dieu, rendent à sa puissance un témoignage évidemment supérieur à celui des signes et des miracles qui ont prédit ou qui ont attesté son avènement; et toutefois les hommes faibles et petits n’ont considéré ce premier témoignage comme véritablement grand, qu’en estimant le second grand dans son infériorité.
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« Lors donc que la plénitude des temps (418) fut arrivée, Dieu envoya son Fils formé d’une femme, et assujetti à la loi (Gal., IV, 4.) ». Ainsi le Fils de Dieu s’est abaissé jusqu’à être formé, et il a été envoyé dans le monde, puisqu’ il a été assujetti à la loi. Mais s’il n’appartient qu’à un supérieur d’envoyer un inférieur, nous devons ici avouer que le Fils de Dieu est inférieur à Dieu le Père. Il lui est même d’autant plus inférieur qu’il a été formé d’une femme et qu’il a été assujetti à la loi. Oui, ce Fils que Dieu a envoyé, et qui a été formé d’une femme, est le même par qui toutes choses ont été faites. Il existait avant que d’être envoyé et formé d’une femme, et nous le reconnaissons égal au Père qui l’envoie. Toutefois sous ce dernier rapport nous n’hésitons pas à dire qu’il lui est inférieur.
Mais comment les patriarches et les prophètes ont-ils pu le voir par le ministère des anges avant que fût arrivée cette plénitude des temps où il devait être envoyé, puisque même après son avènement en la chair, il n’était point connu comme égal à son Père ? Et en effet saint Philippe, comme tous les autres, et comme les bourreaux eux-mêmes qui crucifièrent Jésus-Christ, le voyait en sa chair, et néanmoins il dit à ses apôtres: « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? Philippe, celui qui me voit, voit aussi mon Père ». Le Fils de Dieu était donc vu, et il n’était pas vu. Il était vu en tant qu’il était envoyé et formé d’une femme, et il n’était pas vu en tant qu’il était le Verbe par qui toutes choses ont été faites. Il disait encore: « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime. Or celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; je l’aimerai aussi, et je me manifesterai à lui (Jean, XIV, 9, 21)». Mais comment eût-il pu tenir ce langage lorsqu’il se montrait comme homme à tous les regards, si sous les dehors de la chair il n’eût présenté
à la foi ce même Verbe qui dans la plénitude des temps avait été formé de la femme ? Quant
à la divinité de ce Verbe par qui toutes choses ont été faites , il la réserve pour être dans
l’éternité la vision de l’âme purifiée par la foi.
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The Fifteen Books of Aurelius Augustinus, Bishop of Hippo, on the Trinity
Chapter 19.--In What Manner the Son Was Sent and Proclaimed Beforehand. How in the Sending of His Birth in the Flesh He Was Made Less Without Detriment to His Equality with the Father.
25. Behold, then, why the Son of God was sent; nay, rather behold what it is for the Son of God to be sent. Whatever things they were which were wrought in time, with a view to produce faith, whereby we might be cleansed so as to contemplate truth, in things that have a beginning, which have been put forth from eternity, and are referred back to eternity: these were either testimonies of this mission, or they were the mission itself of the Son of God. But some of these testimonies announced Him beforehand as to come, some testified that He had come already. For that He was made a creature by whom the whole creation was made, must needs find a witness in the whole creation. For except one were preached by the sending of many [witnesses] one would not be bound to, the sending away of many. And unless there were such testimonies as should seem to be great to those who are lowly, it would not be believed, that He being great should make men great, who as lowly was sent to the lowly. For the heaven and the earth and all things in them are incomparably greater works of the Son of God, since all things were made by Him, than the signs and the portents which broke forth in testimony of Him. But yet men, in order that, being lowly, they might believe these great things to have been wrought by Him, trembled at those lowly things, as if they had been great.
26. "When, therefore, the fullness of time was come, God sent forth His Son, made of a woman, made under the Law;" 1 to such a degree lowly, that He was "made;" in this way therefore sent, in that He was made. If, therefore, the greater sends the less, we too, acknowledge Him to have been made less; and in so far less, in so far as made; and in so far made, in so far as sent. For "He sent forth His Son made of a woman." And yet, because all things were made by Him, not only before He was made and sent, but before all things were at all, we confess the same to be equal to the sender, whom we call less, as having been sent. In what way, then, could He be seen by the fathers, when certain angelical visions were shown to them, before that fullness of time at which it was fitting He should be sent, and so before He was sent, at a time when not yet sent He was seen as He is equal with the Father? For how does He say to Philip, by whom He was certainly seen as by all the rest, and even by those by whom He was crucified in the flesh, "Have I been so long time with you, and yet hast thou not known me, Philip? he that hath seen me, hath seen the Father also;" unless because He was both seen and yet not seen? He was seen, as He had been made in being sent; He was not seen, as by Him all things were made. Or how does He say this too, "He that hath my commandments and keepeth them, he it is that loveth me; and he that loveth me shall be loved of my Father, and I will love him, and will manifest myself to him," 2 at a time when He was manifest before the eyes of men; unless because He was offering that flesh, which the Word was made in the fullness of time, to be accepted by our faith; but was keeping back the Word itself, by whom all things were made, to be contemplated in eternity by the mind when cleansed by faith?