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De la trinité
CHAPITRE XX.
MISSION DU FILS ET DU SAINT-ESPRIT.
- Et maintenant, si nous voulons dire qui le Fils a été envoyé par le Père, en ce sens que l’un est Père et que l’autre est Fils, rien mie peut s’opposer à ce que nous reconnaissions le Fils consubstantiel et coéternel au Père, quoiqu’il en ait reçu sa mission. Dans le dogme catholique le Père n’est point supérieur au Fils, et le Fils n’est point inférieur au Père; mais l’un est principe générateur et l’autre est engendré; le Fils est envoyé par Celui qui l’engendre, et le Père envoie Celui à qui il communique l’être. Et en effet, le Fils procède du Père, et non le Père du Fils. Aussi est-il facile de comprendre qu’on puisse dire que le Fils a été envoyé, non parce que le Verbe s’est fait chair, mais pour qu’il se fît chair, et qu’en prenant la nature il accomplît les oracles de l’Ecriture. Dans ce sens le Fils de Dieu n’est pas seulement envoyé comme homme, le Verbe même est envoyé pour se faire homme. En effet le Fils est dit envoyé, non parce qu’il est inférieur au Père en puissance et en nature, ou parce qu’il lui est inégal en quelque chose, mais parce que comme Fils il est engendré du Père, tandis que le Père ne procède point du Fils.
Au reste le Verbe ou le Fils de Dieu est aussi appelé sa Sagesse. Est-il donc étonnant qu’il soit envoyé non comme inégal au Père, mais comme « une parfaite émanation de la clarté du Tout-Puissant (Sag., VII, 25 ) »? Or ici le rayon qui émane et le foyer d’où il se répand sont de la même nature, car ce n’est point une source d’eau vive qui jaillit des veines de la terre, ou des flancs d’un rocher, mais une lumière qui s’échappe du sein de la lumière. Aussi lorsque nous disons que le Verbe « est la splendeur de la lumière éternelle », voulons-nous signifier qu’il est lumière de lumière éternelle. Car la splendeur de la lumière n’est pas autre que la lumière elle-même. C’est pourquoi elle est coéternelle à la lumière dont elle est la splendeur. Seulement l’auteur sacré a dit plutôt splendeur de lumière que lumière de lumière, afin qu’on ne crût pas qu’il supposait quelque infériorité entre la lumière et le rayon qui s’en échappe. Et en effet, dès que celui-ci est la splendeur de la lumière, il devient plus facile d’admettre qu’il lui doit son éclat que de supposer qu’il lui soit inférieur.
Cependant il n’était pas à craindre que l’on en vînt à regarder la lumière comme moindre que le rayon qu’elle engendre, car (419) jusqu’ici aucun hérétique n’a avancé un tel paradoxe, et il est probable que jamais on n’osera le faire. Mais parce que nous pourrions peut-être penser que le rayon est moins éclatant que la lumière qui le produit, l’Ecriture prévient cette objection, et dissipe tous nos doutes en disant que le Verbe est la splendeur du Père, c’est-à-dire de la lumière éternelle. Elle affirme ainsi l’égalité parfaite du Père et du Fils. Supposons en effet que le rayon soit inférieur à la lumière, il en sera l’obscurcissement et non la splendeur. Si au contraire il lui est supérieur, comment pourrait-il en être la production, puisqu’alors l’effet serait plus grand que la cause? Mais parce que le Verbe est le rayon qui émane de la lumière éternelle, il ne lui est pas supérieur, et parce qu’il en est la splendeur et non l’obscurcissement, il ne lui est pas inférieur; donc il lui est égal. Au reste, ne nous troublons point en lisant que la sagesse divine est « une émanation de la clarté du Tout-Puissant », car presque immédiatement il est dit « qu’elle est unique et qu’elle peut tout (Sag., VII, 25-27 )». Or, qui est le Tout-Puissant, si ce n’est Celui qui peut tout?
Ainsi la Sagesse divine est envoyée par le Père de qui elle émane. C’est ce que reconnaît Salomon dans la prière suivante qu’il adressait au Seigneur. Epris d’amour pour cette Sagesse, et désireux de la posséder, il s’écriait « Envoyez-là du ciel, votre sanctuaire, et du trône de votre grandeur, afin qu’elle soit avec moi, et qu’elle agisse avec moi (Id., IX, 10 )». C’est-à-dire afin qu’elle m’enseigne à travailler utilement, car sans elle les travaux de l’homme sont stériles et infructueux, tandis qu’avec elle ils deviennent féconds en vertus et en bonnes oeuvres. Toutefois l’envoi ou la mission de la Sagesse divine est bien différente selon qu’elle est envoyée à l’homme ou qu’elle-même se fait homme. C’est elle en effet qui « se répand dans les âmes saintes, qui fait les amis de Dieu et les prophètes (Id., VII, 27 )», qui remplit les esprits célestes, et qui les emploie de la manière la plus convenable à l’exécution de ses volontés. Mais quand la plénitude des temps fut arrivée, cette même Sagesse descendit sur la terre, non pour remplir les anges, ni devenir elle-même un ange, si ce n’est en ce sens que le Verbe nous a révélé les conseils éternels du Père, qui sont aussi ses propres conseils. Ce n’était pas non plus pour converser avec les hommes, ni s’épancher en eux, comme déjà , elle l’avait fait à l’égard des patriarches et des prophètes; mais c’était pour prendre la nature humaine, en sorte que le Verbe divin devînt Fils de l’homme. Tel est ce mystère de l’Incarnation dont la révélation, avant même qu’elle se réalisât dans le sein virginal de Marie, a été le principe du salut pour les saints et les justes qui ont vécu sous l’Ancien Testament, et qui sont nés de la femme. Et aujourd’hui encore ce même mystère accompli et publié dans l’univers entier, est la sanctification de tous ceux qui en font l’objet de leur foi, de leur espérance et de leur amour. Il est en effet « ce grand sacrement d’amour qui s’est montré dans la chair, qui a été autorisé par l’Esprit, manifesté aux anges, prêché aux nations, cru dans le monde et élevé dans la gloire (I Tim., III, 16 )».
- Le Verbe de Dieu est donc envoyé par Celui dont il est le Verbe ; et le Fils est envoyé par le Père qui l’a engendré; ainsi encore le Père qui engendre, envoie, et le Fils qui est engendré, est envoyé. Bien plus, ce même Verbe est envoyé à tout homme qui le connaît et qui le comprend, du moins, autant que notre esprit peut le connaître et le comprendre en raison de ses progrès et de son avancement dans les voies spirituelles. Il ne serait pas exact de dire que le Fils est envoyé, en tant qu’il est engendré du Père, mais en tant qu’il a paru dans le monde revêtu de la nature humaine. C’est en ce sens qu’il a dit lui-même : « Je suis sorti de mon Père, et je suis venu dans le monde (Jean, XVI, 28 ) ». On peut aussi affirmer que le Verbe multiplie dans le temps sa mission céleste, toutes les fois que notre esprit le perçoit, selon cette parole de Salomon : « Envoyez, Seigneur, votre Sagesse, ci afin qu’elle soit avec moi et qu’elle travaille avec moi ».
Car le Verbe qui est engendré de toute éternité, est lui-même éternel, puisqu’il est « la splendeur de la lumière éternelle ».
Nous disons au contraire qu’il est envoyé dans le temps, parce qu’il s’est fait connaître aux hommes; aussi cette mission du Fils de Dieu ne s’est-elle véritablement réalisée que le jour où, dans la plénitude des temps, il naquit de la femme et se montra en la, nature humaine. « En effet, le monde avec sa propre sagesse n’ayant pu connaître la sagesse de (420) Dieu, parce que la lumière luit dans les ténèbres, et que les ténèbres ne la reçoivent pas, il a plu à Dieu de sauver par la folie de la prédication ceux qui croiraient en lui ». C’est pourquoi « le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous ( I Cor., I, 21 ; Jean, I, 5, 14 ) ». Cependant lorsque ce même Verbe est perçu dans le temps par notre intelligence, on peut bien dire tout ensemble qu’il est envoyé, et qu’il n’est pas envoyé dans le monde, car il ne se montre point à nous sous une forme sensible; c’est-à-dire qu’il n’est point aperçu des yeux du corps. C’est ainsi que nous-mêmes ne sommes plus en quelque sorte dans le monde, quand notre intelligence s’abîme, autant qu’elle le peut, dans les profondeurs de l’éternité. C’est encore dans le même sens que les justes ici-bas, quoique vivant en la chair, ne sont plus du monde, parce que leur esprit est tout absorbé dans les choses divines. Cependant, nous ne disons point que le Père soit envoyé, quoique dans le temps il se révèle aux hommes. La raison est qu’il est à lui-même son propre principe, et qu’il ne procède d’aucune autre personne divine. Tout au contraire la Sagesse, ou le Verbe dit: « Je suis sorti de la bouche du Très-Haut »; et il est dit de l’Esprit-Saint « qu’il procède du Père (Eccli. XXIV, 5 ; Jean, XV, 26 ) ». Mais le Père ne procède d’aucune de ces deux personnes.
- Ainsi le Père engendre et le Fils est engendré; et de même le Père envoie et le Fils est envoyé. Mais ici celui qui engendre et celui qui est engendré, celui qui envoie et celui qui est envoyé ne sont qu’un, parce que le Père et le Fils ne sont qu’un (Jean, X, 30 ). Ainsi encore le Saint-Esprit est un avec le Père et le Fils, parce que les trois personnes divines ne sont qu’un seul et même Dieu. Nous disons également que le Fils est né du Père, parce qu’il a été engendré du Père, et qu’il a été envoyé par le Père, parce qu’il nous a fait connaître le Père ; de même le propre de l’Esprit-Saint est qu’il procède du Père, et il est dit envoyé par le Père, lorsqu’il nous fait connaître celui dont il procède. Toutefois il serait inexact d’affirmer que l’Esprit-Saint ne procède point du Fils, puisqu’il est appelé dans l’Ecriture l’Esprit du Fils, non moins que l’Esprit du Père. C’est d’ailleurs ce que Jésus-Christ lui-même voulut nous faire entendre, quand il souffla sur ses apôtres, leur disant: « Recevez le Saint-Esprit (Jean, XX, 22 ) ». Car ce souffle matériel et sensible qui des lèvres du Sauveur se répandit sur le visage des apôtres, n’était point la personne même du Saint-Esprit; et nous ne devons y voir qu’un signe exprimant que cet Esprit divin procède également du Fils, comme du Père.
Et en effet, qui serait assez insensé pour avancer que l’Esprit-Saint, qu’ici Jésus-Christ donne en soufflant sur ses apôtres, n’est pas le même que celui qu’il leur envoya après son ascension? Car il n’y a qu’un seul Esprit de Dieu, qui est l’Esprit du Père et du Fils; et c’est cet Esprit divin qui opère toutes choses en tous (I Cor., XII, 6 ). Quant au mystère de ces deux missions, j’en dirai plus tard quelque chose, selon que Dieu me l’inspirera: mais pour le moment, il suffit d’observer que Jésus-Christ, en disant: « L’Esprit que je vous enverrai de la part du Père ( Jean, XV, 26 ) », veut prouver à ses apôtres que cet Esprit procède du Fils non moins que du Père. Précédemment il leur avait dit que « le Père l’enverrait au nom du Fils ( Id., XIV, 26 ) ». Mais il n’avait point dit que ce serait de la part du Fils, comme il avait dit qu’il l’enverrait, lui, « de la part du Père ». Ainsi faisait-il entendre que le Père est dans les deux autres personnes divines le principe de la divinité, ou, si l’on aime mieux, de la déité.
Ainsi l’Esprit-Saint, qui procède du Père et du Fils, a pour principe le Père par qui le Fils est engendré : et quant à cette parole de l’Evangéliste : « Le Saint-Esprit n’était pas encore donné, parce que Jésus n’était pas encore glorifié ( Id., VII, 39 ) », elle signifie seulement que cette mission, ou envoi de l’Esprit-Saint, qui s’opérerait après la glorification du Christ, serait plus éclatante que celles qui déjà avaient eu lieu. Et en effet, l’Esprit-Saint avant cette solennelle effusion, était souvent communiqué aux hommes, mais non de la même manière. Car, dites-moi au nom de qui les prophètes ont-ils parlé, s’ils n’ont point reçu ce divin Esprit? Aussi, l’Ecriture dit souvent et expressément qu’ils ont parlé par l’inspiration du Saint-Esprit. Elle l’assure spécialement de Jean-Baptiste, dont elle dit « qu’il sera rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère »; et parce que Zacharie, son père, fut également rempli du même Esprit, il prophétisa l’avenir du saint précurseur. C’est encore par (421) l’inspiration du Saint-Esprit, que Marie glorifia le Dieu qu’elle portait en son sein, et que le vieillard Siméon et Amine la prophétesse reconnurent le divin Enfant et en publièrent les grandeurs (Luc, I, 15-38., II, 25, 41-79 ).
Comment donc l’évangéliste a-t-il pu dire que « l’Esprit-Saint n’était pas encore donné, parce que Jésus n’était pas encore glorifié », si ce n’est dans le sens qu’il devait, au jour de la Pentecôte, se répandre et se donner avec une effusion et une solennité inconnues jusqu’alors? Et en effet, l’Ecriture ne dit nulle part qu’avant ce jour, l’Esprit-Saint ait communiqué le don des langues. Mais il le fit à l’égard des apôtres, afin de leur donner un signe sensible de sa venue; il voulut aussi montrer par là que tous les peuples, quoique divisés de langage et de nationalité, devaient tous croire en Jésus-Christ par la grâce de l’Esprit-Saint. Au reste, c’est cette unité en la foi qu’avait annoncée le psalmiste, quand il s’écriait : « Il n’est point de langues ni d’idiomes dans lesquels on n’entende la voix du Seigneur. Son éclat s’est répandu dans tout l’univers, et elle a retenti jusqu’aux extrémités de la terre ( Ps., XVIII, 4, 5 ) ».
Edition
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De Trinitate
XX.
[XX 27] Si autem secundum hoc missus a patre filius dicitur quia ille pater est, ille filius, nullo modo impedit ut credamus aequalem patri esse filium et consubstantialem et coaeternum et tamen a patre missum filium. Non quia ille maior est et ille minor; sed quia ille pater est, ille filius; ille genitor, ille genitus; ille a quo est qui mittitur, ille qui est ab eo qui mittit. Filius enim a patre est, non pater a filio. Secundum hoc iam potest intellegi non tantum ideo dici missus filius quia verbum caro factum est, sed ideo missus ut verbum caro fieret et per praesentiam corporalem illa quae scripta sunt operaretur, id est ut non tantum homo missus intellegatur quod verbum factum est, sed et verbum missum ut homo fieret quia non secundum imparem potestatem vel substantiam vel aliquid quod in eo patri non sit aequale missus est, sed secundum id quod filius a patre est, non pater a filio. Verbum enim patris est filius, quod et sapientia eius dicitur. Quid ergo mirum si mittitur non quia inaequalis est patri sed quia est manatio quaedam claritatis omnipotentis dei sinceris? Ibi autem quod manat et de quo manat unius eiusdemque substantiae est. Neque enim sicut aqua de foramine terrae aut lapidis manat sed sicut lux de luce. Nam quod dictum est: Candor est enim lucis aeternae, quid aliud dictum est quam lux est lucis aeternae? Candor quippe lucis quid nisi lux est? Et ideo coaeterna luci de qua lux est. Maluit autem dicere candor lucis quam lux lucis ne obscurior putaretur ista quae manat quam illa de qua manat. Cum enim auditur candor eius esse ista, facilius est ut per hanc lucere illa quam haec minus lucere credatur. Sed quia cavendum non erat ne minor lux illa putaretur quae istam genuit (hoc enim nullus umquam haereticus ausus est dicere nec credendum est aliquem ausurum), illi cogitationi occurrit scriptura qua posset videri obscurior lux ista quae manat quam illa de qua manat, quam suspicionem tulit cum ait candor est illius, id est lucis aeternae, atque ita ostendit aequalem. Si enim haec minor est, obscuritas illius est non candor illius. Si autem maior est, non ex ea manat; non enim vinceret de qua genita est. Quia ergo ex illa manat non est maior quam illa; quia vero non obscuritas illius sed candor illius est non est minor; aequalis est ergo.
Neque hoc movere debet quia dicta est manatio quaedam claritatis omnipotentis dei sinceris tamquam ipsa non sit omnipotens sed omnipotentis manatio. Mox enim de illa dicitur: Et cum sit una, omnia potest. Quis est autem omnipotens nisi qui omnia potest? Ab illo itaque mittitur a quo emanat. Sic enim et petitur ab illo qui amabat eam et desiderabat: Emitte, inquit, illam de sanctis caelis tuis et mitte illam a sede magnitudinis tuae ut mecum sit et mecum laboret, id est, ‚Doceat me laborare ne laborem.‘ Labores enim eius virtutes sunt. Sed aliter mittitur ut sit cum homine; aliter missa est ut ipsa sit homo. In animas enim sanctas se transfert atque amicos dei et prophetas constituit, sicut etiam implet sanctos angelos et omnia talibus ministeriis congrua per eos operatur. Cum autem venit plenitudo temporis, missa est non ut impleret angelos, nec ut esset angelus nisi in quantum consilium patris annuntiabat quod et ipsius erat, nec ut esset cum hominibus aut in hominibus, hoc enim et antea in patribus et prophetis; sed ut ipsum verbum caro fieret, id est homo fieret, in quo futuro revelato sacramento etiam eorum sapientium atque sanctorum salus esset qui priusquam ipse de virgine nasceretur de mulieribus nati sunt, et in quo facto atque praedicato salus sit omnium credentium, sperantium, diligentium. Hoc est enim magnum pietatis sacramentum quod manifestatum est in carne, iustificatum est in spiritu, apparuit angelis, praedicatum est in gentibus, creditum est in mundo, assumptum est in gloria.
[28] Ab illo ergo mittitur dei verbum cuius est verbum; ab illo mittitur de quo natum est. Mittit qui genuit; mittitur quod genitum est. Et tunc unicuique mittitur cum a quoquam cognoscitur atque percipitur quantum cognosci et percipi potest pro captu vel proficientis in deum vel perfectae in deo animae rationalis. Non ergo eo ipso quo de patre natus est missus dicitur filius, sed vel eo quod apparuit huic mundo verbum caro factum unde dicit: A patre exii et veni in hunc mundum, vel eo quod ex tempore cuiusquam mente percipitur sicut dictum est: Mitte illam ut mecum sit et mecum laboret. Quod ergo natum est ab aeterno in aeternum est: Candor est enim lucis aeternae. Quod autem mittitur ex tempore a quoquam cognoscitur. Sed cum in carne manifestatus est filius dei, in hunc mundum missus est in plenitudine temporis factus ex femina. Quia enim in sapientia dei non poterat mundus cognoscere per sapientiam deum quoniam lux lucet in tenebris et tenebrae eam non comprehenderunt, placuit deo per stultitiam praedicationis salvos facere credentes ut verbum caro fieret et habitaret in nobis. Cum autem ex tempore cuiusque provectus mente percipitur, mitti quidem dicitur sed non in hunc mundum; neque enim sensibiliter apparet, id est corporeis sensibus praesto est. Quia et nos secundum quod mente aliquid aeternum quantum possumus capimus, non in hoc mundo sumus, et omnium iustorum spiritus etiam adhuc in hac carne viventium in quantum divina sapiunt non sunt in hoc mundo. Sed pater cum ex tempore a quoquam cognoscitur, non dicitur missus; non enim habet de quo sit aut ex quo procedat. Sapientia quippe dicit: Ego ex ore altissimi prodivi, et de spiritu sancto: A patre procedit; pater vero a nullo.
[29] Sicut ergo pater genuit, filius genitus est; ita pater misit, filius missus est. Sed quemadmodum qui genuit et qui genitus est, ita et qui misit et qui missus est unum sunt quia pater et filius unum sunt; ita etiam spiritus sanctus unum cum eis est quia haec tria unum sunt. Sicut enim natum esse est filio a patre esse, ita mitti est filio cognosci quod ab illo sit. Et sicut spiritui sancto donum dei esse est a patre procedere, ita mitti est cognosci quod ab illo procedat. Nec possumus dicere quod spiritus sanctus et a filio non procedat; neque enim frustra idem spiritus et patris et filii spiritus dicitur. Nec video quid aliud significare voluerit cum sufflans ait: Accipite spiritum sanctum. Neque enim flatus ille corporeus cum sensu corporaliter tangendi procedens ex corpore substantia spiritus sancti fuit sed demonstratio per congruam significationem non tantum a patre sed et a filio procedere spiritum sanctum. Quis enim dementissimus dixerit alium fuisse spiritum quem sufflans dedit et alium quem post ascensionem suam misit? Unus enim spiritus est spiritus dei, spiritus patris et filii, spiritus sanctus qui operatur omnia in omnibus.
Sed quod bis datus est dispensatio certe significationis fuit, de qua suo loco quantum dominus dederit disseremus. Quod ergo ait dominus: Quem ego mittam vobis a patre, ostendit spiritum et patris et filii. Quia etiam cum dixisset: Quem mittet pater, addidit in nomine meo, non tamen dixit, ‚Quem mittet pater a me,‘ quemadmodum dixit, Quem ego mittam vobis a patre, videlicet ostendens quod totius divinitatis vel si melius dicitur deitatis principium pater est. Qui ergo ex patre procedit et filio ad eum refertur a quo natus est filius. Et quod dicit evangelista: Spiritus nondum erat datus quia Iesus nondum fuerat clarificatus, quomodo intellegatur nisi quia certa illa spiritus sancti datio vel missio post clarificationem Christi futura erat qualis numquam antea fuerat? Neque enim antea nulla erat, sed talis non fuerat. Si enim antea spiritus sanctus non dabatur, quo impleti prophetae locuti sunt cum aperte scriptura dicat et multis locis ostendat spiritu sancto eos locutos fuisse, cum et de Iohanne baptista dictum sit: Spiritu sancto replebitur iam inde ab utero matris suae, et spiritu sancto repletus Zacharias invenitur pater eius ut de illo talia diceret, et spiritu sancto Maria ut talia de domino quem gestabat utero praedicaret, spiritu sancto Simeon et Anna ut magnitudinem Christi parvuli agnoscerent; quomodo ergo spiritus nondum erat datus quia Iesus nondum erat clarificatus nisi quia illa datio vel donatio vel missio spiritus sancti habitura erat quandam proprietatem suam in ipso adventu qualis antea numquam fuit? Nusquam enim legimus linguis quas non noverat homines locutus veniente in se spiritu sancto sicut tunc factum est cum oporteret eius adventum signis sensibilibus demonstrari ut ostenderetur totum orbem terrarum atque omnes gentes in linguis variis constitutas credituras in Christum per donum spiritus sancti ut impleretur quod in psalmo canitur: Non sunt loquelae neque sermones quorum non audiantur voces eorum; in omnem terram exiit sonus eorum, et in fines orbis terrae verba eorum.
[30] Verbo itaque dei ad unitatem personae copulatus, et quodam modo commixtus est homo cum veniente plenitudine temporis missus est in hunc mundum factus ex femina filius dei ut esset et filius hominis propter filios hominum. Hanc personam angelica natura figurare antea potuit ut praenuntiaret, non expropriare ut ipsa esset.