Edition
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De Trinitate
V.
[V] In deo autem nihil quidem secundum accidens dicitur quia nihil in eo mutabile est; nec tamen omne quod dicitur secundum substantiam dicitur. Dicitur enim ad aliquid sicut pater ad filium et filius ad patrem, quod non est accidens quia et ille semper pater et ille semper filius, et non ita semper quasi ex quo natus est filius aut ex eo quod numquam desinat esse filius pater esse non desinat pater, sed ex eo quod semper natus est filius nec coepit umquam esse filius. Quod si aliquando esse coepisset aut aliquando esse desineret filius, secundum accidens diceretur. Si vero quod dicitur pater ad se ipsum diceretur non ad filium, et quod dicitur filius ad se ipsum diceretur non ad patrem, secundum substantiam diceretur et ille pater et ille filius. Sed quia et pater non dicitur pater nisi ex eo quod est ei filius et filius non dicitur nisi ex eo quod habet patrem, non secundum substantiam haec dicuntur quia non quisque eorum ad se ipsum sed ad invicem atque ad alterutrum ista dicuntur; neque secundum accidens quia et quod dicitur pater et quod dicitur filius aeternum atque incommutabile est eis. Quamobrem quamvis diversum sit patrem esse et filium esse, non est tamen diversa substantia quia hoc non secundum substantiam dicuntur sed secundum relativum, quod tamen relativum non est accidens quia non est mutabile.
Übersetzung
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De la trinité
CHAPITRE V.
DES RELATIONS DIVINES.
- Nous venons de voir qu’aucune notion d’accident ne peut convenir à Dieu, parce qu’il n’est soumis à aucun changement; et cependant il ne faut pas en conclure que tout ce qui s’énonce de lui se rapporte à la substance. Sans doute, quand il s’agit des créature muables et changeantes, ce qui ne se dit pas de la substance, se dit de l’accident, car en elles tout est accidentel, la grandeur et les autres qualités, puisque ces qualités sont susceptibles de plus et de moins. Ce principe est général et il s’applique aux diverses relations de l’amitié de la famille et de la domesticité, non moins qu’à celles de la ressemblance et de l’égalité. On le retrouve même dans la position et le maintien du corps, dans l’espace et la durée, dans l’action et la passion. Mais en Dieu il n’y a rien d’accidentel, parce qu’il est souverainement immuable, et néanmoins tout ce qui s’énonce de lui, ne s’énonce point de la substance. Ainsi nous distinguons en Dieu le Père d’avec le Fils, et le Fils d’avec le Père; et toutefois nous ne, disons pas qu’en eux cette distinction soit accidentelle, parce qu’éternellement l’un est Père, et l’autre est Fils.
Cependant ce mot, éternellement, ne doit pas être pris dans ce sens que le Fils étant une fois engendré, ne peut pas plus cesser d’être Fils que le Père d’être Père, mais en ce sens que la génération du Fils a toujours existé, et que jamais elle n’a commencé. Et en effet, si la génération du Fils avait eu un commencement, ou si elle pouvait avoir une fin, elle ne serait en lui qu’un accident. De même encore, si le Père était dit Père par rapport à lui-même, et non par rapport au Fils, et si le Fils était dit Fils en excluant toute relation de paternité et de filiation, l’affirmation tomberait sur la substance. Mais il n’en est pas ainsi, parce que le Père n’est Père qu’autant qu’il a un Fils, et que le Fils n’est Fils qu’autant qu’il a un Père : c’est pourquoi ces expressions, Père et Fils, n’expriment en eux qu’une relation de personne à personne; et toutefois cette relation n’est pas en eux un accident, parce que dans le Père et le Fils la paternité et la filiation sont éternelles et immuables. Sans doute autre chose est d’être Père et d’être Fils; cependant cette diversité d’action n’affecte point en Dieu la substance, parce qu’elle s’affirme uniquement de la relation entre les personnes divines. Mais d’autre part, cette relation n’est point en Dieu un pur accident, parce qu’elle est immuable.