Edition
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De Trinitate
XIV.
[XIV 15] Ad se autem invicem in trinitate si gignens ad id quod gignit principium est, pater ad filium principium est quia genuit eum. Utrum autem et ad spiritum sanctum principium sit pater quoniam dicutm est: De patre procedit, non parva quaestio est. Quia si ita est, non iam principium ei tantum rei erit quam gignit aut facit sed etiam ei quam dat. Ubi et illud elucescit ut potest quod solet multos movere, cur non sit filius etiam spiritus sanctus cum et ipse a patre exeat sicut in evangelio legitur. Exit enim non quomodo natus sed quomodo datus, et ideo non dicitur filius quia neque natus est sicut unigenitus neque factus ut per gratiam in adoptionem nasceretur sicuti nos. Quod enim de patre natum est ad patrem solum refertur cum dicitur filius, et ideo filius patris est non et noster. Quod autem datum est et ad eum qui dedit refertur et ad eos quibus dedit; itaque spiritus sanctus non tantum patris et filii qui dederunt sed etiam noster dicitur qui accepimus, sicut dicitur domini salus qui dat salutem, eadem etiam nostra salus est qui accepimus.
Spiritus ergo et dei qui dedit et noster qui accepimus. Non ille spiritus noster quo sumus, quia ipse spiritus est hominis qui in ipso est, sed alio modo iste noster quo dicimus et: Panem nostrum da nobis. Quamquam et illum spiritum qui hominis dicitur utique accepimus. Quid enim habes, inquit, quod non accepisti? Sed aliud est quod accepimus ut essemus, aliud quod accepimus ut sancti essemus. Unde scriptum est et de Iohanne quod in spiritu et virtute Heliae veniret; dictus est Heliae spiritus, sed spiritus sanctus quem accepit Helias. Hoc et de Moyse intellegendum est cum ait ei dominus: Tollam de spiritu tuo et dabo eis, hoc est dabo illis de spiritu sancto quem iam tibi dedi. Si ergo et quod datur principium habet eum a quo datur quia non aliunde accepit illud quod ab ipso procedit, fatendum est patrem et filium principium esse spiritus sancti, non duo principia, sed sicut pater et filius unus deus et ad creaturam relative unus creator et unus dominus, sic relative ad spiritum sanctum unum principium; ad creaturam vero pater et filius et spiritus sanctus unum principium sicut unus creator et unus dominus.
Traduction
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De la trinité
CHAPITRE XIV.
LE PÈRE ET LE FILS SONT LE PRINCIPE DE L’ESPRIT-SAINT.
- Dans la Trinité la personne qui engendre est dite principe par rapport à la personne qui est engendrée. C’est ainsi que le Père est principe du Fils, parce qu’il l’engendre. Mais soudain se présente une grave et difficile question, à savoir si le Père « de qui procède l’Esprit-Saint », est le principe de cet Esprit. Si je réponds affirmativement, il s’ensuit qu’on doit nommer principe, non-seulement celui qui produit et enfante quelque oeuvre, mais encore celui qui fait un don quelconque. Mais ici rappelons tout. d’abord, et comme pouvant nous donner quelque lumière, que le Fils n’est point le Saint-Esprit, quoique cet Esprit soit sorti du Père, ainsi qu’il est dit dans l’Evangile (Jean, XV, 26 ). Je sais bien que cette assertion préoccupe plusieurs esprits; et néanmoins il est vrai de dire que l’Esprit-Saint diffère du Fils parce qu’il est sorti dit Père, non comme Fils, mais comme don. Nous ne saurions donc le nommer Fils, puisqu’il n’est point né comme Fils unique du Père, qu’en outre, il n’est point, comme l’homme, venu au monde pour recevoir la grâce de l’adoption divine. Quand nous disons que le Fils est né du Père, nous n’avons égard qu’à sa génération éternelle, et nullement à sa génération temporelle. Aussi n’est-il point Fils du Père dans le même sens qu’il est fils de l’homme. S’agit-il au contraire de l’Esprit qui est donné, nous le rapportons également et à celui qui le donne, et à ceux auxquels il est donné. Ainsi l’Esprit-Saint n’est pas seulement l’Esprit du Père et du Fils qui nous l’ont donné, mais il est encore l’Esprit de nous tous qui le recevons. Et de même nous disons que Dieu est notre salut (Ps. III, 9 ), parce qu’il en est l’auteur et le principe, et que nous le recevons de sa bonté.
Cependant l’Esprit-Saint n’est point en nous l’esprit, ou le souffle de la vie, et il n’est dans l’homme que d’une manière toute spirituelle. Aussi ne l’appelons-nous nôtre que dans le même sens que nous disons à Dieu: « Donnez-nous notre pain (Matt., VI, 11 )». Nous reconnaissons toutefois que nous ne nous sommes point donné l’esprit ou le souffle de la vie, puisque l’Apôtre nous dit: « Qu’avez-vous que vous n’ayez reçu (I Cor., IV, 7 )? » Mais autre est l’esprit que nous avons reçu pour vivre, et autre l’Esprit que nous recevons pour devenir des saints. C’est pourquoi, lorsque l’évangéliste saint Luc dit de Jean-Baptiste qu’il devait venir en l’Esprit et la vertu d’Elie, nous devons entendre ces mots de l’Esprit-Saint qu’Elie avait reçu (Luc, I, 17). Tel est également le sens de cette parole du Seigneur à Moïse : « Je prendrai de Votre « Esprit, et je le leur donnerai », c’est-à-dire que je leur ferai part de l’Esprit-Saint que je vous ai donné (Nomb., XI, 17 ). Si donc l’Esprit-Saint qui est donné, a pour principe celui qui le donne, parce qu’il ne procède que de lui, il faut avouer qu’à l’égard de ce divin Esprit le Père et le Fils sont un seul et unique principe, et non deux principes. Et en effet, comme le Père et le Fils ne sont qu’un seul et même Dieu, ils ne sont également, par rapport aux créatures, qu’un seul et même Seigneur, un seul et même Créateur. Et de même à l’égard de l’Esprit-Saint, ils ne sont qu’un seul et unique principe. S’agit-il au contraire d’exprimer les rapports de la Trinité avec la création? le Père, le Fils et l’Esprit-Saint sont un seul principe, un seul Créateur et un seul Seigneur.