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Works Augustine of Hippo (354-430) De Trinitate De la trinité
Livre VII

CHAPITRE III.

POURQUOI LES ÉCRITURES ATTRIBUENT PARTICULIÈREMENT AU FILS LA SAGESSE, BIEN QUE LE PÈRE ET LE SAINT-ESPRIT SOIENT AUSSI SAGESSE.

  1. Pourquoi donc les Ecritures ne parlent-elles presque jamais de la sagesse que pour la montrer engendrée ou créée de Dieu? Sagesse engendrée par qui tout a été fait; sagesse créée ou faite dans les hommes, par exemple, quand ils se tournent vers la sagesse qui n’a pas été créée ou faite, mais engendrée, et qu’ils en reçoivent la lumière; car alors il se forme en eux quelque chose qui s’appelle leur sagesse: ce que les Ecritures elles-mêmes prédisent ou racontent quand elles disent que « le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous ( Jean, I, 14)», le Christ étant devenu sagesse en devenant homme. Et si la sagesse ne parle pas dans ces livres, ou si on n’y parle d’elle que pour montrer qu’elle est née ou créée de Dieu, quoique le Père lui-même soit sagesse, ne serait-ce pas pour nous recommander et proposer à notre imitation cette sagesse même, sur le modèle de laquelle nous sommes formés? Car le Père la nomme pour qu’elle soit son Verbe, non ce verbe qui sort de la bouche, s’exprime par un son et demande de la réflexion avant d’être prononcé , verbe qui appartient à l’espace et au temps, tandis que l’autre est éternel, et, en nous éclairant, nous dit, et de lui-même et de son Père, ce qu’il faut dire aux hommes. Aussi le Christ a-t-il dit : « Et nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le révéler (Matt., XI, 27 ) »; parce que le Père révèle par son Fils, c’est-à-dire par son Verbe. Si en effet la parole temporelle et transitoire que nous prononçons, tout à la fois se manifeste elle-même et fait connaître l’objet dont nous parlons, à combien plus forte raison le Verbe de Dieu, par qui tout a été fait ! Il révèle le Père en tant que Père, parce qu’il est la même chose, qu’il est ce qu’est le Père, eu tant qu’il est sagesse et essence. Car, en tant que Verbe, il n’est point ce qu’est le Père, parce que le Père n’est pas Verbe, parce qu’il n’est lui-même appelé Verbe ou Fils que dans le sens relatif, ce que le Père n’est certainement point. Et le Christ est appelé vertu et sagesse de Dieu, parce qu’il est lui-même vertu et sagesse du Père, qui est vertu et sagesse ; comme il est lumière du Père qui est lumière, et source de vie en Dieu le Père qui est certainement source de vie. Il est écrit : « Parce que la source de vie est en vous, et que nous verrons la lumière dans votre lumière (Ps., XXXV, 10 ) » ; et encore : « Car comme le Père a la vie en (445) lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir en lui-même la vie ( Jean, V, 26 ) » ; et ailleurs : « Il était la vraie lumière qui éclaire tout homme venant au monde » : et « le Verbe, cette lumière, était en Dieu» ; de plus : « le Verbe était Dieu ( Id., I, 9, 1 )». Or «Dieu est lumière et il n’y a point de ténèbres en lui ( I Jean, I, 5 )»; mais c’est une lumière spirituelle et non corporelle; spirituelle, non dans le sens d’illumination, comme quand le Christ dit aux apôtres : « Vous êtes la lumière du monde ( Matt., V, 14 ) »; mais « la lumière qui éclaire tout homme », la sagesse essentielle et souveraine qui est Dieu et par laquelle nous agissons ici-bas. Le Fils est donc sagesse du Père qui est sagesse, comme il est lumière de lumière et Dieu de Dieu, en sorte que le Père est lumière en lui-même, et le Fils lumière en lui-même; que le Père est Dieu en lui-même et le Fils Dieu en lui-même; par conséquent le Père est en lui-même sagesse, et le Fils en lui-même sagesse. Et comme les deux ensemble sont une seule lumière et un seul Dieu, ainsi les deux ne sont qu’une seule sagesse. Mais « Dieu a fait le Fils notre sagesse, notre justice et notre sanctification ( I Cor., I, 30 ) », parce que nous nous tournons vers lui temporellement , c’est-à-dire pendant quelque temps, afin de demeurer avec lui dans l’éternité. Et « le Verbe » lui-même, aussi dans le temps, « a été fait chair et a habité parmi nous ( Jean, I, 14 ) ».

5.Voilà pourquoi, lorsque les Ecritures disent ou racontent quelque chose de la sagesse, soit qu’elle parle elle-même ou qu’on parle d’elle, c’est surtout du Fils qu’il s’agit. A l’exemple de cette image, ne nous éloignons pas de Dieu, puisque nous sommes aussi l’image de Dieu, non une image égale et née du Père comme celle-là, mais créée du Père par le Fils. De plias, nous sommes éclairés par la lumière, tandis qu’elle est la lumière qui éclaire; voilà pourquoi elle nous sert de modèle, sans en avoir elle-même. En effet, elle n’est point formée sur quelque autre image antérieure du Père, de qui elle est absolument inséparable, étant la même chose que celui de qui elle est. Pour nous, nous nous efforçons d’imiter celui qui est permanent, de suivre celui qui est immuable, et de marcher en lui pour tendre à lui; parce que, par son abaissement, il est devenu notre voie dans le temps, pour être, par sa divinité, notre demeure éternelle. Etant dans la forme de Dieu égal à Dieu et Dieu lui-même, il offre un modèle aux esprits purs, qui ne sont point tombés par orgueil; puis pour procurer encore dans son exemple une voie de retour à l’homme déchu qui, à raison de la tache du péché et des châtiments infligés à sa condition mortelle, ne pouvait plus voir Dieu, « il s’est anéanti lui-même », non en changeant rien à sa divinité, mais en revêtant notre nature changeante, « et prenant la forme d’esclave (Philipp., II, 7 ), il est venu » à nous « en ce monde ( I Tim., I, 15 ) , et il était dans ce monde, parce que « le monde a été fait par lui »; il est venu, dis-je, pour donner l’exemple à ceux qui voient en haut sa divinité, à ceux qui admirent en bas son humanité, à ceux qui se portent bien, pour conserver leur santé, aux malades, pour les guérir, aux mourants pour bannir la crainte, aux morts pour leur donner le gage de la résurrection, « gardant en tout, lui-même, la primauté ( Col., I, 18 )»; afin que l’homme qui ne devait chercher le bonheur qu’en Dieu et ne pouvait sentir Dieu, pût, sur les pas du Dieu fait homme, suivre celui qu’il pouvait sentir et qu’il devait suivre. Aimons-le donc et attachons-nous à lui, au moyen de la charité répandue en nos coeurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné ( Rom., V, 15 ). Ainsi il n’est pas étonnant, après que l’image égale au Père s’est donnée à nous pour modèle afin de nous réformer à l’image de Dieu, il n’est pas étonnant, dis-je, que quand l’Ecriture parle de la sagesse, elle parle du Fils que nous suivons en vivant sagement, bien que le Père aussi soit sagesse, comme il est lumière et Dieu.

  1. Et l’Esprit-Saint aussi, soit qu’on voie en lui la souveraine charité qui unit le Père et le Fils et nous unit à eux, — sentiment qui n’est point indigne de lui, puisqu’il est écrit: « Dieu « est amour (I Jean, IV, 8 ) », et comment ne serait-il pas aussi sagesse, puisqu’il est lumière, « Dieu « étant lumière? » — soit qu’on désigne son essence d’une autre manière et par un mot spécial, l’Esprit-Saint, dis-je, est aussi lumière, puisqu’il est Dieu, et, étant lumière, il est évidemment sagesse. Or, que l’Esprit-Saint existe, c’est ce que l’Ecriture nous crie par la bouche de l’Apôtre, qui nous dit: « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de « Dieu? » Puis il ajoute aussitôt : « Et que (446) l’Esprit de Dieu habite en vous ( I Cor., III, 16 )?» En effet, Dieu habite dans son temple. Et ce n’est pas comme ministre que l’Esprit de Dieu habite dans le temple de Dieu : car ailleurs l’Apôtre nous dit en termes plus clairs: « Ne savez-vous pas que vos corps sont le temple de l’Esprit-Saint qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et qu’ainsi vous n’êtes plus à vous-mêmes? car vous avez été achetés à haut prix: glorifiez donc Dieu dans votre corps ( Id., VI, 19, 20 )». Or, qu’est-ce que la sagesse, sinon une lumière spirituelle et immuable? Sans doute le soleil aussi est une lumière, mais une lumière matérielle; la créature spirituelle est aussi une lumière, mais qui n’est point immuable. Donc le Père est lumière, le Fils est lumière, le Saint-Esprit est lumière; et cependant tous ensemble ne sont point trois lumières, mais une seule lumière. Voilà pourquoi le Père est sagesse, le Fils est sagesse, le Saint-Esprit est sagesse; et tous ensemble ne sont point trois sagesses, mais une seule sagesse. Et comme là, être et être sage sont une même chose, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu’une seule essence. Là encore, être et être Dieu sont une même chose; donc le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu’un seul Dieu.
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