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Works Augustine of Hippo (354-430) De Trinitate De la trinité
Livre IX

CHAPITRE IV.

L’ÂME ELLE-MÊME, L’AMOUR ET LA CONNAISSANCE DE SOI, SONT TROIS CHOSES ÉGALES ET QUI N’EN FONT QU’UNE; ELLES SONT A LA FOIS SUBSTANCE ET RELATIONS INSÉPARABLES D’UNE MÊME ESSENCE.

  1. Comme l’âme et l’amour de l’âme, quand elle s’aime, sont deux choses différentes, ainsi l’âme et la connaissance de l’âme, quand elle se connaît, sont aussi deux choses distinctes. Donc l’âme, son amour, sa connaissance, sont trois choses, et ces trois choses n’en font qu’une, et quand elles sont parfaites, elles sont égales. En effet, si l’âme ne s’aime pas dans toute l’étendue de son être, par exemple, si l’âme de l’homme limite son amour à l’amour du corps, bien qu’elle soit elle-même plus que le corps, elle pèche et son amour n’est pas parfait. De même si elle s’aime au delà de l’étendue de son être, par exemple, si elle s’aime autant qu’il faut aimer Dieu, bien qu’elle soit incomparablement moins que Dieu, elle pèche aussi par excès et ne s’aime point d’un amour parfait. Mais la perversité et l’iniquité sont plus grandes encore, quand elle aime son corps autant qu’il faut aimer Dieu. De même si la connaissance est moins étendue que l’objet connu, et qui peut-être entièrement connu, cette connaissance n’est point parfaite. Mais si elle est plus grande, c’est que la nature qui connaît est supérieure à celle qui est connue, comme il arrive pour la connaissance du corps, laquelle est plus grande que le corps, objet de cette connaissance. En effet, il y a une certaine vie dans la raison de celui qui connaît, et le corps n’est pas vie. Et toute vie est supérieure à un corps quelconque, non en volume, mais en puissance. Mais quand l’âme se connaît elle-même, elle n’est point supérieure à elle-même par sa propre connaissance, puisque c’est elle-même qui connaît et elle-même qui est connue. Quand donc elle se connaît elle-même et rien du reste avec elle, sa connaissance est égale à elle-même: puisque sa connaissance n’est pas d’une autre nature, vu que c’est elle-même qui se connaît. Et quand elle se connaît tout entière et rien de plus, sa connaissance est égale à elle-même; car la connaissance qu’elle a d’elle-même n’est pas d’une autre nature que la sienne. Et quand elle se connaît tout entière, sa connaissance n’est ni plus petite ni plus grande qu’elle-même. Nous avons donc eu raison de dire que quand ces trois choses sont parfaites, elles sont nécessairement égales.

  2. Nous avons en même temps les sentiment, si nous sommes capables de le voir, que ces choses existent dans l’âme, qu’elles y sont comme enveloppées, et qu’elles se développent de manière à être senties et spécifiées comme tenant à sa substance, ou, si je puis parler de la sorte, à son essence, et non comme accidents d’un sujet, ainsi qu’il en est de la couleur, de la figure d’un corps ou de toute autre qualité ou quantité. Car tout ce qui est de cette espèce ne sort pas du sujet qu’il affecte. En effet, la couleur ou la figure de tel corps ne peuvent être celles de tel autre. Mais l’âme peut aimer quelque autre chose qu’elle-même de l’amour même dont-elle s’aime. De plus elle ne se connaît pas seulement elle-même, mais elle connaît beaucoup d’autres choses encore. Par conséquent, l’amour et la connaissance ne sont pas dans l’âme comme accidents dans un sujet, mais ils sont substantiels comme l’âme, elle-même; et s’ils ont un sens relatif l’un vis-à-vis de l’autre, ils n’en sont pas moins substance, pris en eux-mêmes. Et ce (466) sens relatif n’est pas comme celui qui existe entre la couleur et le corps coloré, la couleur étant dans le corps coloré comme dans un sujet, sans avoir de substance propre à elle; puisque le corps coloré est lui-même substance, tandis que la couleur n’est que dans une substance. — Mais ce rapport est comme celui qui existe entre deux amis, lesquels

sont tous les deux hommes et par suite substances : hommes dans le sens absolu, amis dans le sens relatif.

  1. Cependant quoique celui qui aime ou qui connaît soit substance, que la connaissance soit substance, que l’amour soit substance, et qu’il y ait entre celui qui aime et l’amour, cidre celui qui connaît et la connaissance, un rapport analogue à celui qui existe entre deux amis; quoique les mots âme ou esprit, pas plus que le mot homme, n’aient le sens relatif : néanmoins celui qui aime et l’amour, celui qui connaît et hc connaissance ne peuvent pas être séparés l’un de l’autre, comme deux hommes qui sont amis. Sans doute quand deux amis semblent séparés de corps, ils ne le sont point de coeur, en tant qu’ils sont amis. Toutefois il peut arriver qu’un ami commence à avoir de l’aversion pour son ami et cesse par là même d’être son ami, à l’insu de celui-ci qui continue à l’aimer. Mais si l’amour dont l’âme s’aime vient à cesser, l’âme elle-même cesse d’aimer. De même si la connaissance que. l’âme a d’elle-même cesse, l’âme cesse en même temps de se connaître. Ainsi la tête d’un corps qui a une tête est évidemment tête, et il existe entre eux un sens relatif, bien qu’ils soient tous les deux substances : car la tête est corps, et l’être qui a une tête est corps. Néanmoins la séparation peut avoir lieu ici, et là elle est impossible.

  2. Que s’il y a des corps absolument indivisibles, ils sont cependant composés de parties, sans quoi ils cesseraient d’être corps. Donc le mot de partie n’a de sens que relativement à un tout, puisque toute partie est partie d’un tout, et qu’un tout n’est tout que par toutes ses parties. Mais comme la partie est corps, et que le tout est corps, non-seulement ils ont un sens relatif, mais encore ils sont aussi substance. Serait-ce donc que l’âme est un tout, et que l’amour dont elle s’aime et la connaissance qu’elle a d’elle-même seraient comme ses deux parties, dont la réunion ferait d’elles un tout? Seraient-ce trois parties égales, qui, ensemble, formeraient un tout? Mais jamais partie ne renferme le tout dont elle est partie; or, quand l’âme se connaît tout entière, c’est-à-dire parfaitement, sa connaissance l’embrasse tout entière, et quand elle s’aime parfaitement elle s’aime tout entière, et son amour s’étend à tout son être. Serait-ce comme quand de vin, d’eau et de miel on forme une seule liqueur; que chacun de ces trois éléments se répand dans le bout, bien qu’il reste cependant trois choses? En effet il n’y a point de partie dans la potion qui ne renferme ces trois choses : car elles ne sont pas jointes comme le seraient de. l’eau et de l’huile, mais tout à fait mêlées; et toutes les trois sont des substances, et la liqueur entière n’est qu’une seule substance composée de trois éléments; serait-ce, dis-je, que l’âme, l’amour et la connaissance formeraient ensemble quelque chose d’analogue? Mais l’eau, le vin et le miel ne sont pas de même substance, quoique leur mélange ne forme qu’une seule substance de liqueur. Là, au contraire, - je ne vois pas comment les trois choses ne seraient pas de même substance, puisque l’âme s’aime elle-même et se connaît elle-même, et que ces trois choses existent de telle sorte que l’âme n’est aimée ni connue d’aucun être étranger. Elles sont donc nécessairement toutes les trois d’une seule et même essence; tellement que si elles n’étaient unies que par mélange, elles ne seraient trois en aucune manière et n’auraient aucun rapport entre elles. Ainsi, par exemple, si du même or vous faites trois anneaux semblables, quoique unis ensemble, ils ont entre eux un rapport, celui de similitude, car tout semblable est semblable à quelque chose; il y a trinité d’anneaux et unité d’or. Mais si on les mêle ensemble, que la substance de chacun d’eux se confonde dans toute la masse, alors la trinité disparaît complètement : non-seulement on dira qu’il y a unité d’or, comme on le disait déjà des trois anneaux, mais on ne parlera plus de trois objets en or.

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