CHAPITRE VII.
NOUS CONCEVONS ET ENGENDRONS LA PAROLE INTÉRIEUREMENT D’APRÈS DES TYPES VUS DANS LA VÉRITÉ ÉTERNELLE. LA PAROLE EST CONÇUE PAR L’AMOUR DU CRÉATEUR OU DE LA CRÉATURE.
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C’est donc dans cette vérité éternelle, par qui tout a été fait dans le temps, que nous voyons, par les yeux de l’esprit, la forme d’après laquelle nous sommes, et d’après laquelle nous agissons, ou en nous ou dans les corps, selon la vraie et droite raison; et cette connaissance vraie des choses, elle est conçue en nous comme une parole que nous engendrons en parlant intérieurement, et qui, tout en naissant, ne se sépare point de nous. Mais quand nous parlons à d’autres, à la parole qui reste en nous nous ajoutons le ministère de la voix ou de quelque signe corporel, afin de produire par quelque moyen sensible, dans l’âme de l’auditeur, quelque chose de semblable à ce qui reste dans l’âme de celui qui parle. Nous ne faisons donc rien par les membres de notre corps ni en actions ni en (469) paroles, soit pour approuver, soit pour désapprouver la conduite des hommes, rien, dis-je, que nous n’ayons d’abord produit en nous par la parole intérieure. Car personne ne fait volontairement que ce qu’il a d’abord dit dans son propre coeur.
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Or, cette parole est conçue ou par l’amour de la créature ou par l’amour du Créateur, c’est-à-dire de la nature changeante ou de l’immuable vérité.