CHAPITRE XXIV.
INFIRMITÉ DE L’ÂME HUMAINE.
Ainsi donc ceux qui- voient leur âme comme elle peut être vue, qui découvrent en elle la trinité que j’ai envisagée, autant qu’il m’a été possible, sous bien des faces, et ne croient pas ou ne comprennent pas qu’elle est l’image de Dieu, ceux-là voient sans doute un miroir, mais ils voient si peu à travers ce (567) miroir Celui qu’il faut y voir pendant cette vie, qu’ils ne savent pas même que le miroir qu’ils voient est un miroir, c’est-à-dire une image. S’ils le savaient, peut-être comprendraient-ils qu’il faut chercher et voir, provisoirement et d’une manière quelconque, à travers ce miroir Celui même dont il est le miroir, une foi non feinte purifiant les coeurs (I Tim., I, 5 ), pour qu’on puisse un jour voir face à face Celui qu’on voit maintenant à travers un miroir. Or, en dédaignant cette foi qui purifie les coeurs, que gagnent-ils à comprendre de subtiles discussions sur la nature de l’âme humaine, sinon de se faire condamner par le témoignage même de leur intelligence? Ils n’auraient pas ces peines ni tant de difficultés d’arriver à quelque chose de certain, s’ils n’étaient enveloppés de ténèbres justement méritées, et chargés de ce corps de corruption qui appesantit l’âme (Sag., IX, 15 ). Or, qui nous a attiré ce malheur, sinon le péché? Eclairés par une si cruelle expérience, ils devraient donc bien suivre l’Agneau qui ôte les péchés du monde (Jean, I, 29 ).