CHAPITRE III.
CONSUBSTANTIALITÉ DU PÈRE ET DU FILS.
- J’aborde maintenant l’objection que nos adversaires tirent de l’impuissance où nous sommes de toujours exprimer parfaitement notre pensée, et de toujours connaître parfaitement la vérité. Ainsi un des sophismes les plus subtiles que les Ariens opposent à la doctrine catholique, est de dire que tout ce qui se peut énoncer, ou penser de Dieu, se rapporte non aux accidents, mais à la substance même. Or, le Père est non-engendré selon sa substance, et le Fils est engendré selon la sienne, car n’être pas engendré, et être engendré sont deux choses toutes différentes. Donc le Père et le Fils ne peuvent être consubstantiels. — Je reprends cet argument, et je dis : Tout ce qui s’affirme de Dieu, s’affirme de la substance : donc cette parole: « Le Père et moi sommes un », doit s’entendre de la substance ( Jean, X, 30 ). Donc encore le Père et le Fils sont consubstantiels. Voulez-vous au contraire ne pas rapporter cette parole à la substance? j’y consens, mais avouez qu’on peut énoncer quelque chose de Dieu sans le rapporter formellement à la substance. Et alors qui nous force d’entendre de la substance les mots engendré et non engendré? L’Apôtre affirme également du Fils de Dieu, qu’il « n’a pas cru que ce fût pour lui une usurpation de s’égaler à Dieu (Philipp., II, 6. ) ». Or, en quoi est-il égal à Dieu? Si ce n’est pas selon la substance, il faut admettre, et qu’on peut parler de Dieu sous d’autres rapports que ceux de la substance, et que rien n’oblige à entendre de la substance les mots engendré et non-engendré. Vous y refusez-vous, parce que tout ce qui est énoncé de Dieu se rapporte forcément à la substance? je suis alors en droit d’affirmer que le Père et le Fils sont consubstantiels.