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Nous disons donc avec Cyprien: « Les hérétiques ne peuvent donner la rémission « des péchés » ; mais ils peuvent donner le baptême, sauf que cette collation est pour eux une cause de ruine, soit qu’ils le donnent soit qu’ils le reçoivent, parce qu’alors ils font un mauvais usage de l’un des plus grands bienfaits de Dieu. De même les ministres pêcheurs et jaloux dont Cyprien constatait la présence dans l’unité de l’Eglise ne peuvent donner par eux-mêmes la rémission des péchés, quoiqu’ils puissent sans aucun doute conférer le sacrement de baptême. A l’égard de ceux qui nous ont offensés, l’Ecriture nous dit: « Si vous ne pardonnez pas les péchés de vos frères, votre Père céleste ne « vous pardonnera pas davantage vos propres péchés (Matt., VI, 15)‘ » ; à plus forte raison n’y aura-t-il aucune rémission des péchés pour ceux qui rendent à leurs frères la haine pour l’amour et reçoivent le baptême dans cette coupable disposition. Si plus tard ils reviennent à de meilleures dispositions, le pardon qu’ils n’avaient pas d’abord mérité leur est accordé, sans qu’il soit aucunement besoin de leur réitérer le baptême.
De là nous pouvons conclure que la lettre de saint Cyprien à Quintus, et celle qu’il écrivit, de concert avec ses collègues Libéralis, Caldonius, Junius et autres, à Saturninus, Maximus et autres, pour peu qu’on les étudie sérieusement, ne contredisent nullement l’ancienne coutume de l’Eglise catholique, dont ils se glorifiaient d’être les membres, dont ils ne se séparèrent jamais et dont ils n’exclurent aucun de ceux qui ne partageaient pas leurs opinions. Plus tard toute difficulté disparut sur ce point, lorsqu’il plut à la volonté du Seigneur de décider, par la voix d’un concile général, le seul parti conforme à la vérité et reposant, non point sur une nouveauté quelconque, mais sur une coutume de tout temps observée.