3.
« Aux calendes de septembre, on vit se réunir en concile à Carthage un grand nombre d’évêques africains, des provinces de Numidie et de Mauritanie, accompagnés de prêtres et de diacres, et en présence de l’immense majorité du peuple. On donna d’abord lecture de la lettre de Jubaianus à Cyprien, de la réponse de Cyprien à Jubaianus, et de la réplique opposée par ce dernier au sujet du baptême des hérétiques. C’est alors que Cyprien s’exprima en ces termes: Bien-aimés collègues, vous venez d’entendre ce que notre coévêque Jubaianus nous écrit, nous consultant, malgré notre médiocrité, sur le baptême illicite et profane des hérétiques; vous avez vu que dans ma réponse je déclare, comme nous l’avons souvent déclaré, que les hérétiques qui reviennent à l’Eglise doivent être baptisés et sanctifiés par le baptême de l’Eglise. Enfin, la seconde lettre de Jubaianus, écrite dans toute la sincérité de sa foi et de sa religion, nous apprend non-seulement qu’il adhère à notre décision, mais encore qu’il nous remercie de l’avoir instruit et éclairé. Ce qu’il nous reste à faire, c’est donc d’émettre chacun notre opinion sur ce point, sans prétendre toutefois ni juger personne, ni priver du droit de communion celui qui formulerait une opinion contraire. En effet, aucun d’entre nous ne s’est constitué l’évêque des évêques, aucun n’aspire à frapper d’une crainte tyrannique ses propres collègues pour les contraindre à suivre son avis, car tout évêque jouit de sa pleine liberté et de toute sa puissance, et ne peut pas plus être jugé par un autre évêque qu’il ne peut le juger lui-même. Attendons le jugement suprême de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui seul a le pouvoir de nous préposer au gouvernement de son Eglise, et de nous juger selon nos oeuvres ».