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Et pourtant ces Donatistes nous traitent en ennemis, parce que nous disons la vérité, parce que nous craignons soit de nous taire, soit de ne pas rendre nos instances aussi pressantes que possible; parce qu’enfin nous obéissons à ce précepte de l’Apôtre: « Annoncez la parole, pressez les hommes à temps et à contre-temps; reprenez, suppliez, menacez (II Tim., IV, 2)». Mais, selon la parole de l’Evangile, ils préfèrent la gloire des hommes à celle de Dieu 8Jean, XII, 45); et, pour s’épargner des reproches passagers, ils s’exposent témérairement à une éternelle condamnation. Ils voient parfaitement le mal qu’ils font et l’impossibilité qu’ils éprouvent de donner aucune réponse sérieuse. Tout leur désir est d’amonceler des ténèbres sous les yeux des simples et des ignorants, tandis qu’ils s’enfoncent eux-mêmes de plus en plus dans une ruine infaillible, dont ils ont une pleine et entière connaissance. Ils ont compris toute l’horreur qu’inspirent aux hommes leurs sectes et leurs divisions ; Carthage surtout, cette illustre cité, reine de l’Afrique, rougit de leur présence et du schisme dont elle est le centre ne nous étonnons donc pas qu’ils cherchent à se justifier par tous les moyens possibles. Persuadés qu’ils pourraient détruire les Maximianistes, ils prêtèrent main-forte à Optat le Gildonien, et ouvrirent la voie des mauvais traitements et des persécutions de toute sorte. Quelques Maximianistes firent en effet leur soumission, et les Donatistes se flattèrent de ramener tous les autres par la terreur. Or, pour ménager ceux qui leur revenaient, ils leur épargnèrent l’injure de la réitération du baptême , quoique pourtant le premier baptême leur eût été conféré dans le schisme; à plus forte raison, ils les dispensèrent de se faire baptiser dans le Donatisme, par ceux-là mêmes qui les avaient baptisés dans la secte ennemie ; c’est ainsi qu’ils prescrivaient eux-mêmes contre la funeste coutume qu’ils avaient adoptée. Ils comprennent maintenant qu’après avoir ratifié le baptême des Maximianistes, ils ne peuvent, sans un crime manifeste, violer le baptême de l’univers tout entier. D’un autre côté, ils ont tout à craindre de la part de ceux qu’ils ont rebaptisés; qu’adviendrait-il, en effet, si les uns exigeaient absolument la réitération du baptême, tandis que les autres en donneraient facilement dispense ; si les uns continuaient la persécution, tandis que les autres y auraient formellement renoncé?