Chapitre 61.
137. Pétilien. « Le Sauveur nous dit: Celui qui pratiquera et enseignera sera le plus grand dans le royaume des cieux. Puis il lance contre vous cette sentence de condamnation : Celui qui repoussera l'un de ces commandements sera le plus petit dans le royaume des cieux ».
138. Augustin. Vous donnez à ces passages de la sainte Ecriture un sens qu'ils n'ont pas; mais comme ces interprétations arbitraires ne touchent pas directement à la question qui nous occupe, je ne prendrai pas la peine de les réfuter. Pourtant, il est un point sur lequel je crois devoir insister, parce qu'il rentre dans la discussion, et alors, veuillez ne pas vous irriter si je me permets de rétablir dans sa forme véritable l'un des passages que vous citez. Voici ce texte, non pas comme vous le donnez, mais comme il est écrit : « Celui qui détruira l'un de ces commandements, fût-ce même le moins important, et enseignera en conséquence, sera appelé le dernier dans le royaume des cieux. Mais celui qui observera ces commandements et les enseignera, sera appelé grand dans le royaume des cieux ». Le Sauveur ajoute aussitôt : « Car je vous déclare que si votre justice ne dépasse pas celle des Scribes et des Pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux1». Ailleurs, Jésus-Christ reproche aux Pharisiens de dire et de ne pas faire ce qu'ils disent. C'est aussi l'idée qu'il exprime par ces paroles : « Celui qui détruira et enseignera », c'est-à-dire, celui qui enseignera par ses paroles et détruira par ses oeuvres. Enfin, notre justice doit dépasser la leur, parce que nous devons faire et enseigner. Et cependant, ces Pharisiens auxquels vous affectez de nous comparer, non pas pour le besoin de votre cause, mais par malveillance, ne devaient pas être pour les Juifs un motif de se séparer de la chaire de Moïse; le Sauveur déclare qu'ils sont assis sur cette chaire; il avoue qu'ils disent et ne font pas, et néanmoins, il commande aux auditeurs de faire ce qu'ils disent et de ne pas faire ce qu'ils font2, et cela, pour conserver la sainteté de la chaire et pour empêcher que l'unité du troupeau ne soit brisée, à cause de l'indignité de quelques mauvais pasteurs.