X.
Peut-être regardez-vous comme ami de la dispute et de la chicane tout homme qui se fait uri devoir de soulever la discussion sur tel ou tel point important, ou de la soutenir. Mais alors, que pensez-vous donc de Jésus-Christ, de ses Prophètes et des Apôtres? Est-ce que le Fils de Dieu lui-même a jamais reculé devant la nécessité de discuter la vérité, non-seulement en présence de ses disciples ou de ceux qui ont cru en lui, mais encore en présence de ses ennemis, malgré leurs questions insidieuses, malgré leurs attaques, leurs dénigrements, leurs questions et leurs malédictions? Au sujet de la prière, a-t-il hésité à discuter avec une femme victime de l'opinion ou de l'hérésie des Samaritains? Mais, dites-vous, le Sauveur savait par avance qu'il amènerait cette femme à la foi. Comment alors expliquerez-vous ses nombreuses discussions contre les Juifs, contre les Pharisiens, contre les Sadducéens qui, non-seulement ne devaient pas croire, mais étaient disposés à ne reculer devant aucune contradiction, devant même les persécutions les plus injustes ? Ne s'est-il pas permis bien souvent de les interroger, afin de les confondre sur leurs propres réponses? Quand, à leur tour, ils lui adressaient certaines questions insidieuses, a-t-il hésité à leur répondre avec une franchise telle qu'il les réduisait au plus honteux silence? Et cependant, il n'est dit nulle part que l'évidence de son argumentation en ait déterminé un seul à marcher à sa suite. Dans sa prescience infinie, le Sauveur pourtant savait fort bien que tout ce qu'il pouvait dire pour eux ou contre eux resterait absolument inutile pour leur salut. Disons .donc qu'il a voulu, par son exemple, nous enseigner la nécessité de toujours parler, quoique nous ignorions si les hommes accepteront la foi ou s'obstineront dans leur perversité; fatigués de parler à des auditeurs trop endurcis et trop pervers pour recueillir de nos efforts quelque fruit de salut, quelle puissance n'aurait pas eue sur nous la tentation de céder au désespoir et de renfermer la lumière sous le boisseau? Mais voici venir le démon lui-même ; tout retour de sa part aux saintes lois de la justice est jugé impossible, non-seulement par Dieu, mais par les hommes eux-mêmes. Eh bien ! quand il osa tenter insidieusement le Fils de Dieu, quand il eut l'audace de lui tendre des embûches par des questions empruntées à l'Ecriture sainte, est-ce que le Sauveur hésita un seul instant à lui répondre par des textes empruntés à cette même Ecriture? est-ce que, tout Dieu qu'il était, il crut indigne de lui de discuter avec le démon sur les oracles de la révélation1? Espérait-il convaincre les Juifs et le démon lui-même? Non assurément; il lui suffisait de prévoir que ces discussions serviraient aux Gentils.
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Matt. IV, 3-10. ↩