XII.
Vous allez peut-être me demander de vous exhiber l'ordre que Dieu m'a donné de faire ce que vous me défendez. N'oubliez pas que les lettres apostoliques n'ont pas été écrites uniquement pour ceux à qui elles furent adressées, mais aussi pour nous; c'est même pour nous en mieux convaincre qu'elles sont encore chaque jour récitées dans l'Eglise. Pesez donc cette parole de l'Apôtre : « Est-ce que vous voulez mettre à l'épreuve Jésus-Christ qui parle en moi1? » De ces paroles, rapprochez celles que j'ai citées précédemment et qui sont les paroles mêmes de Jésus-Christ par l'organe de Paul : « Prêchez la parole, insistez à temps et à contre-temps »... Rappelez-vous que, développant à Tite les qualités d'un évêque, il signale la persévérance, afin que, selon cette parole authentique de la révélation, « il puisse exhorter dans la sainteté de la doctrine et réfuter les contradicteurs. Car il en est plusieurs, surtout parmi les Juifs, qui ne veulent point se soumettre, qui s'occupent de fables et qui séduisent les âmes; il faut les réfuter2 ». Parmi ces rebelles, il n'y a donc pas que des Juifs, quoique ce reproche s'adresse surtout à eux; or, malgré leur obstination, un évêque, armé de la saine doctrine, doit réfuter ces esprits vains et séducteurs et leur opposer des préceptes certains. Comment donc ne regarderais-je pas cet ordre comme m'étant adressé à moi-même? comment ne pas déployer toutes mes forcés pour le remplir? comment ne persévérerais-je pas dans cette mission , avec l'aide de Celui qui me l'impose? Pourquoi vous y opposer, pourquoi vos frémissements, vos reproches? Dois-je plutôt vous obéir que d'obéir à Dieu ?