XX.
D'un autre côté, si ce dialecticien parle avec ampleur et abondance, il devient éloquent, et de discuteur qu'il était, il change de nom pour prendre celui d'orateur. Voyez dans le passage suivant comme l'Apôtre développe; et expose sa pensée: « Agissant en toutes choses comme des ministres de Dieu, nous nous rendons recommandables par une grande patience, dans les tribulations, dans les nécessités pressantes, dans les extrêmes afflictions, dans les plaies, dans les prisons, dans les séditions, dans les travaux, dans les veilles, dans les jeûnes, par la chasteté, par la science, par une douceur persévérante, par la bonté, par les fruits du Saint-Esprit, par une charité sincère, par la parole de vérité, par la force de Dieu, par les armes de la justice pour combattre à droite et à gauche, dans l'honneur et l'ignominie, dans la mauvaise et la bonne réputation ; comme des séducteurs, quoique sincères et véritables ; comme des inconnus, quoique très-connus ; comme toujours mourant, et vivant néanmoins; comme châtiés, mais non jusqu'à être tués; comme tristes, et toujours dans la joie; comme pauvres, et enrichissant plusieurs ; comme n'ayant rien, et possédant tout1 ». Que pouvez-vous trouver de plus abondant et de plus orné, et par là même de plus éloquent que ce passage de l'Apôtre ? Veut-on, au contraire, l'admirer dans la concision et le serré de son langage, quand il cesse d'être éloquent pour n'être que dialecticien ? entendez-le parler soit de la circoncision et du prépuce dans la personne du patriarche Abraham, ou bien de la distinction à établir entre la loi et la grâce. Certains hérétiques, plus désireux de le calomnier que de le comprendre, lui ont fait un reproche de ces paroles : « Faisons le mal pour que le bien en sorte2 ». Or, qu'il s'agisse d'un orateur ou d'un dialecticien, il est certain qu'il n'y a pas d'éloquence sans discussion ; car pour être développée avec plus de richesses dans l'éloquence, la vérité n'en est pas moins discernée du mensonge. De même toute discussion, par là même qu'elle est formulée par le langage, ne va jamais sans une sorte de diction. Soit que cette diction soit soutenue et continuelle, soit qu'elle procède par interrogation, toujours est-il qu'elle doit avoir pour réponse la vérité, et pour conclusion d'amener la connaissance de la vérité que l'on cherchait ; et c'est là ce qui constitue à proprement parler le rôle de la discussion.