XXXVI.
Pourquoi donc exagérer à nos yeux le crime de je ne sais quels apostats sur lesquels ils n'ont aucune accusation précise à formuler , non-seulement pour nous convaincre, mais pour se convaincre eux-mêmes? Si j'entreprenais, sur ce point, de réfuter leurs calomnies, je pourrais paraître plus préoccupé de justifier les personnes que de défendre la cause de l'Eglise. Or, si nous en croyions nos adversaires, nous admettrions avec eux que le pape Etienne admettait indistinctement dans l'Eglise tous les apostats, qu'ils fussent simplement victimes de l'apostasie ou qu'ils en fussent les instigateurs, et en général tous les criminels, les voleurs, les brigands, les sacrilèges. En effet, puisqu'aucun de ces malheureux n'avait reçu le baptême véritable, aucun des péchés qu'ils avaient commis ne leur était pardonné, tous pesaient à la fois sur leur conscience. Or, ce sont ces hommes que le pape Etienne accueillait dans l'Eglise ; c'est avec de tels hommes que l'évêque Cyprien était en communion dans l'unité catholique; et cependant l'Eglise, loin de périr, n'a fait que se développer et s'étendre. Concluons donc que, même dans l'unité catholique, la souillure du péché est essentiellement personnelle. C'est en vain que le mauvais fils s'est empressé de sortir de la maison du père de famille ; c'est en vain qu'il se dit juste, il ne peut justifier sa sortie. Diront-ils que ceux que recevait saint Etienne étaient purifiés par leur participation même à l'unité, parce que la charité couvre la multitude des péchés1? Plaise à Dieu qu'ils le disent !ar nous aussi, c'est là ce que nous disons quand nous lies pressons ou que nous les avertissons de revenir à l'unité. A cette condition, il n'y aura plus dans le baptême aucune question qui puisse nous diviser. En effet, s'il est vrai que ceux qui ont reçu le baptême de la main des hérétiques, quand ils reviennent à l'Eglise, sont purifiés par la charité de l'unité elle-même, il ne peut plus y avoir de raison de leur réitérer le baptême.
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I Pierre, IV, 8. ↩