VIII.
Dieu est plus l'unité, que le baptême ne peut l’être; car le baptême n'est pas Dieu, et il n'est quelque chose de si, grand que parce qu'il est le sagement de Dieu; et cependant, en dehors même de l'Église, Dieu était adoré .dans son unité par des hommes qui ne la connaissaient pas. De même, en dehors de l'Église, le baptême est conféré dans son unité par des hommes qui ne la connaissent pas. Me dira-t-on que le Dieu unique et véritable n'a pu, en dehors de l'Église, être adoré par des hommes qui ne le connaissaient pas? A celui, qui me tiendrait ce langage, je,demanderais ce qu'il pourrait répondre à ces paroles de l'Apôtre : « Celui que vous adorez sans le connaître, c'est lui que je vous annonce ».
Ceux qui adoraient le Dieu véritable sans le connaître , ne trouvaient dans ce culte aucun avantage pour leur propre salut ; ils couraient même à une perte presque certaine, puisque le culte qu'ils rendaient en même :temps aux faux dieux était une injure sacrilège adressée au Dieu véritable. De même, il se peut qu'en dehors de l'Église les hérétiques gardent, sans le savoir, la foi à l'unité du baptême véritable, mais leur salut n'en retire pour cela aucun avantage ; bien plus, ils ,acquièrent un nouveau droit à la damnation, en retenant la vérité captive dans une iniquité sacrilège, au sujet d'un sacrement divin; cette vérité, qu'ils étouffent ainsi sous le poids d'une erreur volontaire, loin de les justifier, ne servira qu'à -les juger plus sévèrement. Toutefois, comme l'Apôtre, quand il corrigeait ces sacrilèges,, n'hésitait pas à avouer que, même en dehors de l'Église, des hommes adoraient,.sans le connaître, le Dieu véritable; de même, quand nous attaquons dans les hérétiques ces erreurs qui sont pour eux la cause d'une sacrilège séparation, nous devons avouer que, même en dehors de l'Église, des hommes, sans le savoir, confèrent le baptême véritable.