XIX.
Texte de la lettre : « Au sein de cette furieuse tempête, quand le trouble est partout, dans quels lieux les prêtres pourront-ils se réfugier comme dans un port assuré, selon cette parole du Seigneur : S'ils vous persécutent dans cette cité , fuyez dans une autre ? Les Apôtres pouvaient s'enfuir en toute sûreté, parce que l'empereur ne proscrivait personne à leur place. Maintenant, au contraire, tout homme qui recueille un chrétien est frappé de proscription; en conséquence, tous reculent devant le danger : non-seulement ils ne veulent recueillir personne, ils craignent même de rencontrer ceux qu'ils vénèrent en secret ». Réponse : Je suis heureux d'apprendre qu'enfin vous vous connaissez; mais je gémis de voir que vous refusiez de vous corriger. De votre propre déclaration ne suit-il pas évidemment que vous n'êtes pas de la société de ceux à qui le Seigneur a dit : « S'ils vous persécutent dans une cité, fuyez dans une autre ? » Vous confirmez parfaitement la provocation que je vous adressais précédemment, quand je vous disais que vous pouviez en toute certitude me répondre : Ce tribun n'est pas mon persécuteur, et moi je ne suis point le fidèle disciple de Jésus-Christ. Votre langage dissipe enfin tous les doutes. Comment en effet seriez-vous le fidèle disciple de Jésus-Christ, quand nous savons que le Sauveur a promis à ses disciples que, pendant le cours des persécutions, il y aurait toujours des cités qui ouvriraient leurs portes pour leur offrir un refuge ? voici ses propres paroles : « S'ils vous persécutent dans cette cité, fuyez dans une autre ; en vérité, je vous assure que vous n'aurez pas parcouru toutes les cités d'Israël, jusqu'à ce que vienne le Fils de l'homme ». Vous vous plaignez d'être sous le coup d'une persécution, et déjà vous ne pouvez plus trouver aucune cité qui vous offre un abri contre les fureurs de la tempête? Vos plaintes ne sont-elles pas un démenti formel donné à la promesse par laquelle Jésus-Christ déclare que les cités de refuge ne manqueront pas à ceux qui souffrent persécution, jusqu'à ce qu'il vienne, c'est-à-dire jusqu'à la consommation des siècles? Ainsi donc vous ne trouvez pas aujourd'hui ce que Jésus-Christ a promis à ses disciples; j'en conclus que si vous êtes ses disciples, Jésus-Christ est un menteur; mais comme Jésus-Christ n'est point un menteur, il est hors de doute que vous n'êtes point ses disciples. Il suit de là également que le tribun n'est pas votre persécuteur, mais le persécuteur de votre persécuteur, c'est-à-dire de votre erreur, dont l'influence perverse vous met au nombre de ceux dont il est écrit, qu'ils ont souffert persécution par leurs propres oeuvres1. Examinez ce que poursuivent en vous ceux qui vous aiment; on ne saurait en douter, ce sont vos œuvres mauvaises; fuyez ces oeuvres et la paix régnera entre vous et ceux qui, pour vous délivrer, persécutent vos persécuteurs; car ils ne persécutent que vos erreurs.
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Sag. XI, 21. ↩