XLI.
Pour justifier ceux d'entre vous qui se donnent la mort, vous ajoutez que ce n'est pas en vain qu'ils sont saisis de crainte; car de tous ceux qui tombent entre nos mains, aucun ne saurait échapper. Et pourquoi donc s'échapperait-il, je vous prie? Si c'est la mort que vous craignez en tombant entre nos mains, pourquoi donc vous la donnez-vous à vous-mêmes? Mais il est évident que ce n'est pas de la mort que vous parlez. Vous connaissez si bien le désir que nous avons de vous voir vivre, que vous vous plaisez à nous effrayer par vos continuelles menaces de suicide. Si vous parlez de notre communion, plût à Dieu qu'il fût vrai qu'aucun de vous ne nous échappe, quand il tombe entre nos mains ! Quel bonheur pour eux de ne pas échapper à la communion qui leur est offerte par les catholiques, et d'échapper ainsi à la damnation qui leur est préparée par les. hérétiques ! Mais vos affirmations ne sont, hélas! que d'impudents mensonges; j'en prends à témoin votre Emérite qui a pris part à une de nos assemblées dans l'église, mais qu'il a été plus facile de convaincre de la vérité, que de ramener à l'unité catholique. On pourrait en citer d'autres, qui n'ont pas une réputation aussi brillante, mais qui font preuve d'une égale folie. Combien qui poussent la vanité jusqu'au point de rougir indignement, à la seule pensée qu'on pourra les accuser d'inconstance, et qui, malgré la connaissance certaine de la vérité, n'osent entrer avec nous dans la communion de l'unité catholique ! « Mais », avez-vous dit, « de tous ceux qui tombent entre leurs mains, aucun ne saurait échapper » ; vous supposez donc qu'un très-petit de résistent obstinément à l'évidence de la vérité, et n'osent afficher leur séparation ? Quelle plus grave injure pouviez-vous faire à Emérite, qui a ainsi perdu pour vous le mérite de l'endurcissement avec lequel il s'est obstiné à rester dans le petit nombre de ceux qui résistent à la vérité ? mais c'est en vain qu'il s'est obstiné, puisque vous le rangez parmi ceux qui cachent leur conviction et leur retour. Comment nous empêcher de croire que vous portez envie à votre collègue? ou si vous ne lui portez pas envie, imitez-le. Comme lui, venez à nous ; entendez ce que nous disons, comme il l'a entendu lui-même; et si plus heureux que lui vous pouvez répondre, répondez. Mais si, ne pouvant répondre, vous refusez de communiquer avec nous, retirez-vous, comme il l'a fait lui-même. Il est sorti sain et sauf d'entre nos mains. Comment donc osez-vous dire : « De tous ceux qui tombent entre leurs mains, aucun ne saurait s'échapper? » Il n'a pas cru que tous les lieux lui faisaient défaut pour y trouver un refuge; pourquoi préparez-vous l'incendie pour vous dévorer? Quand donc comprendrez-vous enfin que vous n'appartenez pas à Dieu, et que vous résistez à ses ordres, non-seulement parce que vous subissez l'influence de ce fléau général qui vous met en révolte contre l'unité de Jésus-Christ, mais surtout parce que vous ne craignez pas de mettre le comble à ce schisme criminel en trempant vos mains dans votre propre sang?