XLVII.
C'est ainsi que vous affirmez aujourd'hui ce que vous avez obstinément nié au sein des débats de notre conférence. Les coupables avaient avoué leur apostasie, et cependant celui qui à cette époque occupait le premier siège en Numidie, Secundus de Tigisit, ferma les yeux sur leur crime, leur pardonna de nouveau à Cirté, malgré l'évidence de leur trahison, tandis qu'à Carthage il lança toutes ses foudres contre des absents dont les crimes étaient loin d'être prouvés. Secundus lui-même ne put se justifier du crime d'apostasie dont l'accusa Purpurius de Lima, en ces termes: « Vous-même, qu'avez-vous fait quand le procureur et le tribun vous sommèrent de livrer les Ecritures? Pour échapper à la violence n'avez-vous pas cédée ou du moins ordonné qu'on leur remît ce qu'ils demandaient ? Sans cela, ils ne vous auraient pas aussi facilement relâché ». Dans une lettre adressée à Mensurius, et dont vous nous avez donné lecture, Secundus lui-même avoue franchement que les persécuteurs dont parle Purpurins se présentèrent au nom du procureur et du tribun, et le sommèrent de livrer les Ecritures, mais qu'il s'était contenté de leur répondre : « Je suis chrétien et évêque, et non un apostat » ; en conséquence, il s'était refusé à livrer quoi que ce fût. Et vous voulez que nous croyions à sa parole, quand vous-mêmes vous regardez comme une chose absolument incroyable, que dans un temps de persécution, un évêque poursuivi pour être forcé à livrer les saintes Ecritures ait été relâché sans avoir rien donné? Ne prétendiez-vous pas que, dans un temps de persécution, il était impossible d'admettre que des évêques se fussent réunis à Cirté pour consacrer un évêque ? Si la persécution était aussi furieuse que vous voudriez le faire croire, comment donc un évêque saisi pour livrer les Ecritures a-t-il pu être relâché sans en livrer aucune ? Et cependant vous proclamiez bien haut que la persécution était des plus cruelles, que douze évêques n'avaient pu se réunir en concile pour ordonner un autre évêque, pas même pour transcrire les actes constatant qu'ils s'étaient pardonné réciproquement leur apostasie et, pour assurer la paix de l'Eglise, avaient remis à Dieu le soin de la vengeance. A vous en croire, la persécution était telle, que jamais il n'y en avait eu d'aussi ardente, puisqu'il ne restait aucun lieu où vous pussiez fuir et vous cacher; et cependant vous vous réunissiez en concile; vous ordonniez des évêques en remplacement de ceux qui s'étaient jetés dans les flammes, et pour leur succéder vous choisissiez des hommes capables de les imiter. C'est aussi à cette même époque d'ardente persécution que vous avez pu vous rassembler au nombre de plus de trente, parmi lesquels se trouvait Pétilianus, qui ne cessait de répéter que dans ce temps de persécution on ne pouvait même se réunir au nombre de douze.