L.
Quels sont donc les travaux dont vous vous plaignez que les fruits vous soient ravis? Quand vos Eglises quittent le schisme pour embrasser la foi catholique, si elles conservent leurs richesses, pouvez-vous dire que ce soit une injustice ? Du moment que ces Eglises se réunissent à nous, prétendre que vous pouvez conserver leur fortune, ce serait sans aucun doute vouloir vous emparer du bien d'autrui. Or, notre mère, l'Eglise catholique, vous adresse ces paroles de l'Apôtre : « Je ne cherche pas ce qui vous appartient, c'est vous-mêmes que je cherche1 ». Comment donc ne voyez-vous pas que vous vous mettez en contradiction avec vous-mêmes, quand vous nous adressez tout à la fois le double reproche d'ambitionner vos richesses et d'user de violence pour vous faire entrer dans nos rangs? En effet, si nous usons de violence pour vous associer à nous, comment pouvez-vous dire que nous désirons vos richesses, puisque vous avez le droit de les conserver par le fait seul que vous vous mettez en communion avec nous? D'un autre côté, si nous désirons nous approprier vos richesses, comment expliquer ce zèle avec lequel nous vous cherchons, puisque nous perdons ces richesses par le fait seul que vous vous mettez en communion avec nous ? Nous vous l'avouons sans crainte, notre cupidité s'appelle la charité : c'est elle qui nous presse de vous chercher ; c'est elle qui désire vous trouver, vous convertir, vous associer à l'unité de Jésus-Christ, afin que nous n'ayons plus à craindre que vous vous jetiez tout vivants dans les flammes de vos bûchers. Tel est le feu qui nous embrase, qui nous dévore ; non-seulement nous ne désirons pas vos richesses, mais nous voulons que vous possédiez les nôtres avec nous. Soyez-en convaincus, venez et ne vous laissez point aller à votre perte ; ou bien, si vous rougissez de venir de vous-mêmes, nous prenons pitié de votre faiblesse, afin que la charité n'y perde rien. Puisque nous voulons vous avoir parmi nous, pourquoi votre empressement à vous jeter dans les flammes ? Nous tenons à la vie, nous tenons au salut, nous tenons à l'unité, à la vérité, à la suavité de Jésus-Christ; et si vous refusez de vous présenter de vous-mêmes au festin du père de famille, nous vous forçons à venir vous y asseoir.
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II Cor. XII, 14. ↩