IX.
Il est certain que l'opinion de Cyprien sur le baptême s'écartait de la vérité, de la coutume universellement pratiquée et de la raison théologique, comme on peut s'en convaincre par un examen plus attentif. Cependant, quoique nous ne partagions pas cette erreur, aucun de nous n'oserait se préférer à ce glorieux martyr. En effet, ses mérites aussi grands que nombreux, sa charité sans borne, qui lui permit de rester parfaitement uni avec ses collègues qui pensaient autrement que lui, son martyre glorieux dans l'unité de l'Église, prouvèrent suffisamment qu'il était un sarment fécond sur la racine de Jésus-Christ, et que le Père céleste le purifiait par ces épreuves, afin de lui faire porter des fruits plus abondants. Le Sauveur n'a-t-il pas dit lui-même : « Le sarment qui donne le fruit en moi, mon Père le purifie, afin qu'il porte 678 des fruits plus abondants1 ? » C'était nous dire que dans les branches mêmes qui portent du fruit, le laboureur céleste trouve toujours quelque chose à purifier. Qui d'entre nous pourrait se comparer à l'apôtre saint Pierre, quoique nous n'ayons jamais condamné les Gentils à judaïser, comme le faisait saint Pierre qui, en cela, ne saisissait pas parfaitement la vérité de l'Evangile ? Recevant sur ce point, de l'apôtre Paul, son inférieur, un avertissement salutaire2, l'exemple d'humilité qu'il donna à la postérité, fut pour nous plus salutaire que ne l'aurait été sa doctrine la plus irréprochable.