3.
Il est une maxime que certaines gens se flattent d'exprimer finement et habilement, comme si elle était étrangère à, quelqu'un d'entre nous : « Si nous ne voulons pas », disent-ils, « nous ne péchons pas; et Dieu ne ferait jamais à l'homme un commandement qui serait impossible à la volonté humaine ».
Mais une vérité leur échappe; pour triompher de certains désirs coupables, de certaines terreurs lâches et criminelles, nous avons besoin d'une grande force et même de toutes les forces de notre volonté. Or, les emploie parfaitement et en toutes choses? Dieu a prévu tout le contraire, et a voulu qu'il nous fût dit en toute vérité par le Prophète: « O mon Dieu ! tous les vivants ne seront pas justifiés en votre présence1 ! » Aussi, Dieu, prévoyant en cela notre triste avenir, a daigné nous donner, même après le baptême, certains remèdes salutaires qui auront alors grande puissance contre les souillures et les liens du péché; et ces remèdes, ce sont les oeuvres de miséricorde dont il a dit : « Pardonnez et l'on vous pardonnera; donnez et l'on vous donnera2 ». En effet, qui donc sortirait de cette vie avec quelque espoir d'entrer en possession du salut éternel, lorsque toujours se dresse ce redoutable oracle: «Quiconque aura gardé toute la loi, mais l'aura toutefois violée en un seul point, est devenu coupable de tous les points ? » Heureusement que bientôt l'écrivain sacré continue : « Réglez donc vos paroles et vos actions, comme devant être jugées par la loi de liberté. Car celui qui n'aura point fait miséricorde sera jugé sans miséricorde; or, la miséricorde s'élèvera au-dessus de la rigueur du jugement3».