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Quant à l'oracle même de saint Paul, où il nous dit : « Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et parle péché, la mort », votre lettre, cher Marcellin, me dit bien que les adversaires essaient de le détourner au sens d'une autre opinion nouvelle; mais vous ne m'apprenez pas ce qu'ils prétendent ainsi découvrir en ce texte. Autant que j'ai pu le savoir d'ailleurs, voici leur pensée à ce sujet :
La mort dont parle ici l'Apôtre ne serait pas celle du corps, car ils ne veulent pas qu'Adam l'ait méritée par son péché; mais ce serait cette mort de l'âme que produit le péché même. Quant au péché, il aurait passé du premier homme dans ses descendants, non par la génération, mais par l'imitation. Conséquemment ils refusent de croire aussi que le baptême remette le péché originel aux petits enfants, parce qu'ils prétendent que l'homme à sa naissance est absolument sans péché.
Je réponds : Si l'Apôtre avait voulu parler de cette espèce de péché qui est entrée dans le monde non par la génération, mais par l'imitation, il en attribuerait les prémices et la cause non pas à Adam, mais au démon. Car c'est du démon qu'il a été écrit: « Le diable pèche dès le commencement1 » ; et c'est de lui encore qu'on lit au livre de la Sagesse : « La mort est entrée dans le monde par la jalousie du diable2 ». La mort dont il s'agit ici est bien entrée chez les hommes par l'oeuvre du démon; mais ce n'est pas pour être nés de lui, c'est pour l'avoir imité; aussi l'Esprit-Saint ajoute immédiatement: « Ceux qui lui appartiennent l'imitent3 ». Rappelant au contraire le péché même et la mort, qui d'un seul passe à tous par la génération, l'Apôtre place en tête celui par qui a commencé la propagation du genre humain.