5.
Voici, du reste, une remarque que nous ne devons pas négliger. Vertueux et louable comme le connaissent ceux qui nous en parlent, Pélage n'a pas produit en son propre nom cette argumentation contre la transmission du péché originel ; il a seulement publié les assertions de ceux qui combattent cette transmission ; il ne fait que répéter et le raisonnement que je viens de reproduire, et d'autres objections encore auxquelles je témoignais tout à l'heure avoir répondu déjà dans mon ouvrage.
Ainsi il a commencé par citer les paroles des adversaires : « Selon eux, » dit-il, « si le péché d'Adam a nui même à ceux qui ne pèchent point, donc aussi la justice de Jésus-Christ est utile même à ceux qui ne croient point ». Eh bien ! lisez ma réponse à cette objection, et vous verrez que, loin de détruire ce que nous soutenons, cette difficulté nous prête elle-même ce que nous devons dire aux adversaires.
Ensuite Pélage continue : « Voici encore ce qu'ils disent : Si le baptême efface cet antique péché, ceux qui, sont nés de deux baptisés doivent en être exempts ; car les parents, en ce cas, n'ont pu transmettre à leurs enfants ce qu'eux-mêmes n'avaient plus aucunement. Ajoutez en ce sens (je continue à le citer) ajoutez que si l'âme n'est point créée par transmission, mais bien la chair seulement, la chair a seule aussi a hérité du péché, et seule aussi elle en mérite le châtiment. C'est donc une injustice », poursuivent-ils; « que jusqu'aujourd'hui l'âme qui n'est point née de la masse a d'Adam, porte cependant un péché si ancien et qui lui est étranger. Enfin ils ajoutent», dit encore Pélage, « que la raison ne permet aucunement d'admettre que Dieu, si généreux à pardonner les péchés personnels, nous impute ainsi les fautes d'autrui ».