CHAPITRE XXI. ADAM DÉLIVRÉ PAR LA MISÉRICORDE DE JÉSUS-CHRIST.
23. Voyez ensuite comment, ;pur de simples raisons de vraisemblance, votre auteur attaque la vérité des saintes Ecritures. Le Sauveur, appelé Jésus parce qu'il sauve son peuple de leurs péchés, nous adresse ces belles paroles : « Le médecin est nécessaire, non pas à ceux qui se portent bien, mais aux malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs1 ». C'est ce qui a fait dire à l'Apôtre : « C'est une vérité certaine et digne d'être reçue avec une entière déférence, que Jésus-Christ est venu dans ce monde sauver les pécheurs2 ». Or, contre cette vérité certaine et digne d'être reçue avec une entière déférence, le Pélagien ne craint pas de protester en ces termes: « Cette maladie n'a pas dû se contracter par les péchés; car le châtiment du péché ne saurait être de nous faire commettre un plus grand nombre de péchés ».
Pour les enfants eux-mêmes, nous cherchons un médecin qui vienne à leur secours, et l'auteur nous dit : « Que cherchez-vous ? ceux pour qui vous appelez un médecin sont d'une santé parfaite. Le premier homme lui-même n'a pas été condamné à la mort à cause du péché, car dans la suite il n'a plus péché ». Ne dirait-on pas qu'un ange est venu lui révéler le degré de justice du premier homme, et qu'il ne lui suffit pas de savoir, par l'Eglise, qu'Adam a été délivré par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ? « Ses descendants », nous dit-il, « non seulement ne sont pas plus faibles que lui, mais on les voit même accomplir un grand « nombre de préceptes, tandis qu'il a négligé d'accomplir le seul qui lui fût imposé ». Or, il voit naître la postérité d'Adam dans des conditions toutes différentes de celles qui accompagnèrent la création du premier homme; non-seulement nous sommes incapables de recevoir aucun précepte, puisque les sens sont absolument endormis, mais nous pouvons à peine prendre la nourriture quand la faim nous presse. Et quand nous rappelons que Celui qui sauve son peuple de leurs péchés, appelle ces petits enfants à recevoir le salut sur le sein de l'Eglise notre mère, les Pélagiens protestent et, comme s'ils connaissaient mieux ces enfants que ne les connaît Celui qui les a créés, ils attestent leur parfaite innocence avec un langage qui n'est rien moins qu'innocent.
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