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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) De perfectione iustitiae hominis De la perfection de la justice de l'homme

CHAPITRE XXI.

44e Raisonnement.

A l'exception du médiateur de Dieu et des hommes, tout homme en cette vie a eu besoin de la rémission des péchés; et penser le contraire serait se mettre en contradiction avec ces paroles de l'Apôtre : « Le péché est entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le péché, et c'est ainsi que la mort est passée dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché1 ». Rejeter cette vérité de l'existence du péché dans tous les hommes, c'est affirmer avec autant d'orgueil que d'impiété qu'il est des hommes qui ont pu être libres et sauvés de tout péché en dehors de toute médiation du Christ Sauveur et Libérateur, quand ce même Sauveur a solennellement déclaré que « le médecin est nécessaire, non pas à ceux qui se portent bien, mais à ceux qui sont malades. Je suis venu appeler, non pas les justes, mais les pécheurs2 ».

De même soutenir qu'après avoir reçu la rémission des péchés, l'homme peut avoir vécu ou peut vivre ici-bas absolument sans péché, c'est contredire formellement ces paroles de saint Jean : « Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n'est point a en nous3 ». Il parle non pas au passé, mais au présent : « Nous n'avons ». Soit, dira quelqu'un, mais le péché dont parle l'Apôtre n'est autre chose que ce vice originel qui habite dans notre chair mortelle et auquel l'Apôtre nous commande de résister4; il ne parle nullement de ce péché que nous commettons nous-mêmes par un acte formel de notre volonté quand nous consentons à une action, à une parole, ou à une pensée mauvaise, sous l'impulsion de cette concupiscence qui est appelée péché, à laquelle on ne saurait consentir sans péché, et dont l'influence nous ébranle malgré nous. Cette distinction est une pure subtilité qui ne saurait tenir un instant devant ces paroles de l'Oraison dominicale : « Pardonnez-nous nos offenses ». En effet, quel besoin aurions-nous de prononcer cette demande, si jamais nous ne consentions à aucune parole coupable, à aucune pensée mauvaise, à aucun désir criminel? Il nous suffirait de dire : « Ne nous laissez pas succomber à la tentation, mais délivrez-nous du mal5 »; et l'Apôtre saint Jacques n'aurait pas dit : « Nous péchons en beaucoup de choses6 ».

Celui qui pèche c'est celui qui, sous l'influence trompeuse ou dominatrice de la concupiscence mauvaise, blesse les droits de la justice, dans ses actes, ses pensées ou ses paroles. Enfin, si, faisant abstraction de notre chef, et un Sauveur de son corps mystique, certains auteurs prétendent qu'il y a eu ou qu'il est en cette vie des hommes tellement justes qu'ils ne commettent aucun péché, ou qu'aucune de leurs actions ne leur soit imputée à péché, à la rigueur je ne vois pas que je sois obligé de les condamner, quoique je mette une distinction entre le bonheur de celui qui est sans péché et le bonheur de celui à qui Dieu n'impute aucun péché7 8. Je connais des hommes qui partagent cette opinion; je n'ose les condamner, mais je ne puis non plus les approuver. J'agirais autrement à l'égard de ceux qui soutiendraient que nous ne sommes point obligés de demander la grâce de ne pas succomber à la tentation. Or, c'est soutenir l'inutilité de cette prière que de prétendre que l'homme peut sans la grâce de Dieu éviter le péché et qu'il lui suffit pour cela de sa propre et humaine volonté. Je déclare une telle doctrine réellement pernicieuse et digne de tous les anathèmes.

Traduction de M l'abbé BURLERAUX.

FIN DES OEUVRES COMPLÈTES DE SAINT AUGUSTIN.


  1. Id. V, 12. ↩

  2. Matth. IX, 12, 13.  ↩

  3. I Jean, I, 8.  ↩

  4. Rom. VI, 12. ↩

  5. Matth. VI, 12, 13.  ↩

  6. Jacq. III, 2.  ↩

  7. Ps. XXVI, 9. ↩

  8. Cette condamnation devant laquelle Augustin hésite, a été portée par le Concile de Carthage en 418. (Note du traducteur.) ↩

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