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Des actes du procès de Pélage
34.
Pélage me répondra peut-être : En disant que l'Apôtre a mérité les grâces qu'il a reçues, j'entends qu'il les a méritées, non point par ses oeuvres, mais par la foi; c'est la foi qui a rendu ses oeuvres bonnes, c'est donc à la foi qu'il a dû tous ses mérites. Quoi donc ? est-ce que nous penserions que la foi n'agit pas ? Elle agit réellement, puisqu'elle agit par la charité1. Qu'on exalte si l'on veut les œuvres des infidèles, pour nous, nous adhérons de tout coeur à cette maxime de l'Apôtre : « Tout ce qui ne se fait point selon la foi est péché2 ». Il nous répète souvent que la justice nous est imputée, non pas par les oeuvres, mais parla foi, surtout que la foi n'agit que par la charité ; d'où il suit que ce serait une erreur de croire que l'on arrive à la foi par les oeuvres, puisque c'est la foi qui est le principe ou la source des oeuvres, et que tout ce qui ne se fait point selon la foi est péché. De là cette parole adressée à l'Eglise dans le Cantique des cantiques : « Vous viendrez et vous passerez du commencement de la fois » . Dès lors, quoique la foi demande la grâce de bien agir, ce n'est jamais la foi qui nous fait mériter la foi; quand elle nous est donnée, pour nous attacher à suivre le Sauveur, nous pouvons toujours dire que nous avons été prévenus par l'infinie miséricorde du Seigneur3. Est-ce donc nous qui nous sommes donné la foi; est-ce nous qui nous sommes constitués croyants? Ici encore je. m'écrierai : « C'est lui qui nous a faits, et nous ne nous sommes pas faits nous-mêmes4». Telle est aussi la doctrine manifestement enseignée dans ces paroles de l'Apôtre : « Je vous exhorte aussi, vous tous, selon le ministère qui m'a été donné par grâce, de ne point vous élever au-delà de ce que vous devez dans les sentiments que vous avez de vous-mêmes, mais de vous tenir dans les bornes de la modération selon la mesure du don de la foi que Dieu a départie à chacun de vous5 ». De là aussi cette autre parole : « Qu'avez-vous donc que vous n'ayez reçu6? » C'est quand nous avons reçu la foi, que la bonté a commencé à se répandre sur nos oeuvres.
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A work on the proceedings of pelagius
Chapter 34.--The Same Continued. On the Works of Unbelievers; Faith is the Initial Principle from Which Good Works Have Their Beginning; Faith is the Gift of God's Grace.
He will perhaps say to this: "It was not because of his works, but in consequence of his faith, that I said the apostle was worthy of having all those great graces bestowed upon him. His faith deserved this distinction, but not his works, which were not previously good." Well, then, are we to suppose that faith does not work? Surely faith does work in a very real way, for it "worketh by love." 1 Preach up, however, as much as you like, the works of unbelieving men, we still know how true and invincible is the statement of this same apostle: "Whatsoever is not of faith is sin." 2 The very reason, indeed, why he so often declares that righteousness is imputed to us, not out of our works, but our faith, whereas faith rather works through love, is that no man should think that he arrives at faith itself through the merit of his works; for it is faith which is the beginning whence good works first proceed; since (as has already been stated) whatsoever comes not from faith is sin. Accordingly, it is said to the Church, in the Song of Songs: "Thou shalt come and pass by from the beginning of faith." 3 Although, therefore, faith procures the grace of producing good works, we certainly do not deserve by any faith that we should have faith itself; but, in its bestowal upon us, in order that we may follow the Lord by its help, "His mercy has prevented us." 4 Was it we ourselves that gave it to us? Did we ourselves make ourselves faithful? I must by all means say here, emphatically: "It is He that hath made us, and not we ourselves." 5 And indeed nothing else than this is pressed upon us in the apostle's teaching, when he says: "For I declare, through the grace that is given unto me, to every man that is among you, not to think of himself more highly than he ought to think; but to think soberly, according as God hath dealt to every man the measure of faith." 6 Whence, too, arises the well-known challenge: "What hast thou that thou didst not receive?" 7 inasmuch as we have received even that which is the spring from which everything we have of good in our actions takes its beginning.