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Pélage fut, ensuite interpellé sur plusieurs autres chapitres évidemment condamnables du livre de Célestius, et s'il ne les avait pas anathématisés, il eût subi lui-même assurément une sentence de condamnation. Dans le troisième chapitre, Célestius s'exprimait ainsi : « La grâce et le secours de Dieu ne nous sont pas accordés pour chacune de nos actions, mais nous les trouvons dans le libre arbitre, ou dans la loi et l'enseignement ». Il ajoute: « La grâce de Dieu nous est accordée selon nos mérites, car si Dieu donnait sa grâce aux pécheurs, il nous paraîtrait pactiser lui-même avec le péché ». Il continue: « Voilà pourquoi la grâce elle-même réside dans ma volonté, soit que je sois digne, soit que je sois indigne. Car si nous faisons tout par la grâce, quand nous sommes vaincus par le péché, ce n'est pas nous qui sommes vaincus, mais la grâce de Dieu, laquelle a voulu nous aider de toute manière, et ne l'a pas pu ». Plus loin encore : « Si c'est la grâce de Dieu qui nous aide quand nous triomphons des péchés, c'est donc aussi la faute à Dieu, quand nous sommes vaincus par le péché, car alors ou bien il n'a pas pu, ou bien il n'a pas voulu nous défendre suffisamment ». Pélage répondit : « Quant à savoir si ce sont là les paroles de Célestius, c'est l'affaire de ceux qui l'en accusent ; pour moi, jamais cette doctrine ne fut la mienne, et j'anathématise celui qui la professe». Le synode répliqua : « Puisque vous condamnez ces enseignements erronés, le synode vous reçoit dans ses rangs». Deux choses sont donc ici hors de doute : la réponse manifeste de Pélage qui condamne ces erreurs, et le jugement formel des évêques qui réprouvent les mêmes doctrines.
Quant à savoir si ces doctrines étaient celles de Pélage, ou de Célestius, ou de tous les deux, ou d'aucun des deux, ou d'autres avec eux, ou du moins sous leur nom, admettons qu'il y ait lieu de douter que ce point ne soit pas suffisamment éclairci ; toujours est-il que ces doctrines ont été formellement condamnées, et que si Pélage ne les avait point anathématisées, il eût été lui-même condamné. Maintenant donc que ces propositions ont été condamnées, les discuter c'est discuter une hérésie déjà frappée d'anathème.