8.
Les enfants de Dieu, qui connaissent cet état de choses et se félicitent de se laisser gouverner et conduire par l'Esprit de Dieu, comment ont-ils pu s'émouvoir en entendant ou en lisant ces paroles de Pélage : « Tous sont conduits par leur volonté propre, et chacun est abandonné à son désir? » Cependant se voyant interrogé par les évêques, cet homme a senti le danger de ses paroles, et s'est empressé de répondre a qu'il parlait ainsi à « cause du libre arbitre», ajoutant aussitôt que « Dieu lui vient en aide quand il choisit le bien, tandis que quand l'homme se rend coupable, la faute en est à son libre arbitre ». Cette proposition fut agréée par les pieux évêques qui ne voulurent ni considérer ni rechercher dans quel sens elle avait été formulée par Pélage dans le livre dont nous parlons. A leurs yeux il suffisait que l'accusé confessât l'existence du libre arbitre, la nécessité du secours de Dieu pour faire ou choisir le bien, et la suffisance de la volonté propre pour commettre le péché. Dès lors, il est parfaitement vrai de dire que Dieu gouverne et conduit ceux qui choisissent le bien, puisque ce choix n'est possible qu'avec le secours de la grâce; et du moment qu'ils suivent les inspirations du bien, leurs couvres sont des oeuvres chrétiennes.