CHAPITRE XXVIII. QUI PEUT DIRE : CE N'EST PAS MOI QUI FAIS CELA?
31. Que penserons-nous donc d'un chrétien qui donne un plein consentement à la concupiscence de la chair, se sent continuellement disposé à en suivre les mouvements et les désirs, et cependant se flatte encore de pouvoir dire: « Ce n'est pas moi qui fais cela? » Peut-on s'illusionner aussi cruellement, lors même qu'on rougirait du lâche consentement que l'on donne? Il en rougit, parce qu'il sait bien qu'il fait mal ; et cependant il le fait parce qu'il a résolu de le faire. Qu'il ajoute alors cette défense promulguée par l'Ecriture : « N'abandonnez point au péché les membres de votre corps, pour servir d'armes d'iniquité1 » ; qu'il la transgresse indignement jusqu'à réaliser dans son corps ce qu'il a projeté dans son coeur ; et alors qu'il s'écrie : « Ce n'est pas moi qui fais cela, mais le péché qui habite en moi », sous prétexte que ses résolutions et ses oeuvres lui inspirent une certaine répugnance. Je dis qu'alors il se trompe d'autant plus grossièrement qu'il ne se connaît pas lui-même. Il est parfaitement maître de lui-même, de la décision de son coeur et des oeuvres de son corps, et il soutient que tout cela ce n'est pas lui-même !
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Rom. VI, 12, 13. ↩