43.
Dans quel but cite-t-il ces paroles que nous lisons dans l'Evangile : « On reconnaît l'arbre à ses fruits? » Le Seigneur ne parlait-il pas des deux volontés de l'homme, l'une bonne représentée par le bon arbre, et l'autre mauvaise représentée par le mauvais arbre? N'est-ce pas, en effet, de la volonté bonne que procèdent les bonnes oeuvres, et de la volonté mauvaise que procèdent les mauvaises oeuvres? D'une volonté bonne, il ne peut sortir d'oeuvre mauvaise, et réciproquement. Appliquant donc au mariage cette comparaison évangélique, nous dirons que le mariage c'est l'arbre bon, tandis que la fornication c'est l'arbre mauvais. Mais alors, si l'homme naît du mariage comme le bon fruit du bon arbre, jamais il n'aurait dû naître de la fornication, d'après cet autre principe que le mauvais arbre ne saurait produire de bons fruits1.Pour échapper à cette difficulté, dira-t-il que l'arbre signifie, non point l'adultère, mais la nature humaine de laquelle l'homme prend naissance? J'y consens, pourvu qu'il ajoute que l'arbre ne signifie pas davantage le mariage, mais la nature humaine de laquelle l'homme prend naissance. Par conséquent, cette parabole évangélique ne saurait s'appliquer à la question qui nous occupe, car ce qui a produit le péché qui est contracté par la naissance et expié par la renaissance, ce n'est pas le mariage, mais le péché volontaire du premier homme. « Vous dites encore, ajoute-t-il, que le péché, de quelque manière qu'il soit contracté par les enfants, est l'oeuvre du démon, tandis que l'homme, quelle que soit d'ailleurs sa naissance, est toujours l'œuvre de Dieu ». C'est bien là ce que j'ai dit, et ce langage est tellement conforme à la vérité, qu'il s'empresserait lui-même de le formuler hautement, s'il était catholique et non pas pélagien.
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Matt. VII, 18. ↩