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Que nous importe, après tout, ce langage que vous prêtez aux Manichéens : « Si quelqu'un commet en tremblant le crime d'homicide, il est coupable parce qu'il a craint; au contraire, celui qui consomme une faute avec une audace triomphante, et pour ainsi dire avec la conviction que le mal qu'il accomplit lui est inspiré par la foi, celui-là échappe à toute culpabilité ? » J'avoue n'avoir jamais rien entendu de pareil de la part des Manichéens. Mais enfin nous n'avons à nous préoccuper ni de leur langage, ni de vos calomnies; il nous suffit que cette doctrine ne soit pas celle de la foi catholique, à laquelle nous adhérons de toutes nos forces, et sous le poids de laquelle nous vous pressons sans relâche. De telles oeuvres qui paraissent bonnes, nous disons qu'elles ne sont pas bonnes, si elles se font sans la foi ; car des oeuvres vraiment bonnes doivent plaire à Dieu ; or, sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu1; d'où il suit qu'il ne saurait y avoir d'œuvre bonne sans la foi. Quant à ces oeuvres qui sont évidemment mauvaises, elles ne peuvent procéder de cette foi qui agit par la charité2, car l'amour du prochain ne commet pas le mal3.
