20.
Vous donc qui voudriez me mettre en contradiction avec moi-même, quand je n'ai fait qu'imiter le langage de saint Paul; vous qui me déchirez à belles dents et avec tant de délices, veuillez bien me prouver à votre tour que vous n'êtes point en contradiction avec vous-même. Vous dites d'abord : «Dans l'acte de la génération la volonté est maîtresse absolue, à moins qu'il ne surgisse des empêchements soit pour cause de faiblesse, soit pour cause d'excès ». Plus loin vous ajoutez : «Ce genre de mouvement, vous le classez au rang de ces fonctions aussi nombreuses que secrètes, et qui demandent non point les ordres de la volonté, mais son simple consentement ». Vous faites déjà ici quelque peu la part de la vérité, mais vous auriez dû rétracter ce que vous aviez dit précédemment. En effet, vous avez d'abord affirmé que «les membres dont nous parlons, obéissent à l'empire de la volonté et au pouvoir de l'âme » ; comment donc concilier cette première proposition avec celle-ci : « Nous devons assimiler ces membres à la faim, à la soif et à la digestion, qui demandent à la volonté, non pas ses ordres, mais seulement son consentement ». Ce n'est qu'au prix de violents efforts que vous avez découvert cette vérité, qui est plutôt contre vous que contre moi; mais le peu de pudeur que vous auriez eue vous aurait dispensé de ces efforts superflus. «Je rougis », dites-vous, «je suis tout confus de traiter une semblable matière, mais je dois céder à la nécessité » ; j'admire vraiment cette belle protestation, quand je vous vois braver la honte de laisser par écrit une maxime contre laquelle vous protestez un peu plus loin, tristement vaincu et troublé par l'évidence de la vérité. L'aveu que vous faites de votre honte prétendue, n'est qu'une infamie de plus ajoutée à toutes les autres. Et pourtant je ne regrette pas cette infamie, parce qu'elle est contre vous une arme des plus puissantes. Vous êtes homme à ne rougir pas de louer la passion, et à nous dire que vous rougissez de parler, des mouvements de cette même passion !
